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ARCHÉOLOGIE (Méthodes et techniques) L'archéologue et le terrain

Les archives de fouille

L'enregistrement des données a pour objectif de transcrire les informations détruites au fur et à mesure de l'avancement de la fouille. Les informations issues de l'enregistrement réalisé pendant la fouille constituent les archives de fouille qui doivent permettre de restituer a posteriori l'ensemble de ces informations lors de l'étude du site en fonction des besoins, car l’archéologue détruit au fur et à mesure et de manière systématique les unités qu’il fouille en les « démontant » jusqu’au sol géologique. La formalisation de l’enregistrement des données en archéologie de terrain a commencé dès que des méthodes systématiques de fouille ont été mises en place et appliquées (Leroi-Gourhan, 1950 ; Harris, 1989). Cela a abouti à la genèse de véritables systèmes d’information qui gèrent l’ensemble des informations et des applications informatiques qui permettent de les traiter et de les archiver (Py, 1994). Les archives de fouille sont ensuite remises aux autorités ayant la charge de leur conservation, avec le mobilier archéologique s’il est propriété de l’État – c’est le cas désormais pour les vestiges mobiliers et immobiliers mis au jour lors des fouilles en France depuis la loi relative à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine (ou loi LCAP) du 7 juillet 2016.

Relevé par lasergrammétrie de l’abbatiale de Bernay (Eure) - crédits : F. Giligny/ UMR Trajectoires/ CNRS-Université Paris-I-Panthéon-Sorbonne

Relevé par lasergrammétrie de l’abbatiale de Bernay (Eure)

Les niveaux archéologiques et les structures qui peuvent apparaître doivent être enregistrés au fur et à mesure en trois dimensions. Parfois même, le mobilier est lui aussi coté en trois dimensions. Auparavant réalisées avec des outils de géomètre-topographe et par relevé en plan manuel, ces tâches sont désormais effectuées grâce aux nouvelles technologies de la géolocalisation par satellite – comme le système GPS ou Galileo – et le relevé tridimensionnel par photogrammétrie ou lasergrammétrie qui sont appliqués au terrain et permettent un gain de temps et d’efficacité. Le relevé stratigraphique est également possible de manière numérique, mais nécessite un travail d’analyse de la coupe qui n’est pas encore automatisable. Les variations de texture, de matériau et de couleur doivent être appréhendées sur place en « travaillant » la coupe et en échangeant les hypothèses d’interprétation possibles avec les autres fouilleurs. Des vérifications lors de la fouille en plan doivent aussi permettre de valider ou non la lecture des coupes.

Les outils de terrain peuvent être assez variés selon la stratégie de fouille et la méthode choisie, depuis le décapage à la pelle mécanique – souvent pratiqué pour enlever les niveaux superficiels non archéologiques ou la réalisation de tranchées –, la fouille rapide à la pelle et à la pioche, jusqu’à la fouille fine à la truelle, voire avec des outils plus fins, comme les instruments de dentiste. La fouille peut aussi se pratiquer en laboratoire, sur des blocs prélevés par coffrage, que ce soit pour des urnes cinéraires, des sépultures, ou encore des dépôts d’objets métalliques. Parfois, ce sont même des foyers préhistoriques ou des puits avec leur cuvelage en bois et les sédiments ayant conservé les matières organiques dans des blocs de plusieurs mètres cubes qui sont déplacés depuis des sites menacés (carrières, tracés d’autoroutes).

Certaines fouilles sont réalisées sur des sites dont le sol archéologique est détruit, n’ayant laissé que les structures en creux – fosses, fossés et trous de poteau. Ces fouilles en aire ouverte discontinue sont désignées familièrement par les archéologues comme « l’archéologie des trous ». Dans ce cas, on décape les niveaux perturbés, souvent ceux qui sont mis ou ont été mis en culture, pour atteindre le niveau de conservation des structures en creux – parfois à peine 1/3 à 1/4 de leur profondeur initiale – et procéder ensuite à une fouille systématique de chaque structure.[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités, université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

François GILIGNY. ARCHÉOLOGIE (Méthodes et techniques) - L'archéologue et le terrain [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Relevé par lasergrammétrie de l’abbatiale de Bernay (Eure) - crédits : F. Giligny/ UMR Trajectoires/ CNRS-Université Paris-I-Panthéon-Sorbonne

Relevé par lasergrammétrie de l’abbatiale de Bernay (Eure)

Prospection géophysique par résistivité électrique - crédits : F. Giligny/ UMR Trajectoires/ CNRS-Université Paris-I-Panthéon-Sorbonne

Prospection géophysique par résistivité électrique

Fouille de la cour Napoléon du Louvre - crédits : Fonds documentaire « Fouilles archéologiques Louvre – Cour Napoléon », service régional de l’archéologie d’Île-de-France, janvier 1985.

Fouille de la cour Napoléon du Louvre

Autres références

  • ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE

    • Écrit par Luc BOURGEOIS
    • 4 883 mots
    • 5 médias

    L’archéologie médiévale rassemble un large spectre de méthodes permettant d’étudier les témoignages matériels des cultures qui se sont succédé entre le ve et le xve siècle. Elle s’intéresse aussi bien aux structures enfouies ou en élévation qu’au mobilier et aux informations issues...

  • AFRIQUE (Histoire) - Préhistoire

    • Écrit par Augustin HOLL
    • 6 326 mots
    • 3 médias

    La préhistoire de l'Afrique est littéralement la préhistoire de l'humanité. Les recherches archéologiques effectuées en Afrique sont le fait de toutes les traditions académiques, offrant ainsi une multiplicité de perspectives sur l'évolution des sociétés humaines. En outre, le continent...

  • AFRIQUE (Histoire) - De l'entrée dans l'histoire à la période contemporaine

    • Écrit par Hubert DESCHAMPS, Jean DEVISSE, Henri MÉDARD
    • 9 654 mots
    • 6 médias

    L'histoire du continent tout entier apparaît comme une entreprise récente et difficile. Pendant longtemps, seules l'égyptologie, l'islamologie et l'histoire coloniale l'ont, chacune de son point de vue, abordée ; il faut noter du reste que les très anciens systèmes d'écriture, en Égypte, à Méroé, en...

  • AFRIQUE NOIRE (Arts) - Aires et styles

    • Écrit par Claire BOULLIER, Geneviève CALAME-GRIAULE, Michèle COQUET, Universalis, François NEYT
    • 15 151 mots
    • 2 médias
    ...d'archives, la connaissance très fragmentaire de cette histoire se fonde essentiellement sur l'étude conjointe des données livrées par la tradition orale et par l'archéologie. Le sol nous a laissé cependant peu de vestiges au regard d'autres régions du monde. Les raisons en sont simples : l'archéologie est...
  • AFRIQUE ROMAINE

    • Écrit par Noureddine HARRAZI, Claude NICOLET
    • 9 564 mots
    • 10 médias

    La domination administrative et politique de Rome sur les diverses régions de l'Afrique du Nord (mis à part la Cyrénaïque et l'Égypte) s'étend sur près de six siècles : depuis la prise et la destruction de Carthage par Scipion Émilien (146 av. J.-C.) jusqu'au siège et à la...

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Voir aussi