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ARCHÉOLOGIE (Méthodes et techniques) L'archéologue et le terrain

Quel type de fouille mener ?

C’est avant tout le contexte et la nature du site qui va guider le choix des méthodes et techniques de fouille (Barker, 1993 ; Roskam, 2001). Le contexte géomorphologique est important et les milieux très divers – terrestres (plaines alluviales, plateaux, montagnes, déserts…), sous-marins, subaquatiques, zones littorales intertidales (estran)… – et parfois extrêmes (périarctiques, glaciers), confinés (grottes et mines) ou construits (zones urbaines ou industrielles).

On distingue en général la fouille horizontale de la fouille verticale. En fait, ces deux approches sont complémentaires (Demoule et al., 2020). La fouille verticale consiste à observer la succession des unités stratigraphiques ou couches archéologiques dans le temps, afin de reconstituer la chronologie des différentes occupations qui ont formé un « palimpseste ». La fouille horizontale, elle, s’intéresse à une période d’occupation particulière qui sera dégagée sur sa plus grande surface afin de mieux comprendre son fonctionnement. La fouille ethnographique est une forme particulière de fouille conçue par André Leroi-Gourhan, pour s’approcher de la vie sociale des personnes ayant vécu sur un site, en mettant en évidence les relations entre les occupants à partir de la structuration spatiale du site et de la circulation des objets (Leroi-Gourhan, 1950).

La méthode stratigraphique analyse la succession des couches ou strates selon leur géométrie, leur nature et leurs composants. Différentes lois de la stratigraphie, ainsi la loi de superposition, indiquent qu’une unité située au-dessus d’une autre est plus récente et donne donc un ordre chronologique relatif. Chaque unité possède aussi un bassin de dépôt et une face de contact entre une unité et une autre qui permet d’en analyser les relations.

La fouille stratigraphique possède une longue histoire. Elle est issue des principes de la géologie et a été appliquée au départ en archéologie préhistorique, comme sur les terrasses de la Somme à Abbeville par Jacques Boucher de Perthes dans les années 1840. Elle a été mise en œuvre de plus en plus systématiquement dès la fin du xixe siècle et le début du xxe siècle par des archéologues comme Augustus Pitt-Rivers ou Mortimer Wheeler. Ce dernier a développé une méthode particulière de fouille par caissons avec un système de carroyage (Wheeler, 1954).

Diagramme de Harris - crédits : F. Giligny d’après Harris 1989

Diagramme de Harris

Dans les grandes fouilles urbaines menées en particulier en Angleterre à partir de la fin des années 1960, la complexité extrême des stratigraphies a amené les archéologues à produire une méthode d’enregistrement et d’analyse systématique des stratigraphies dite « méthode de Harris ». Elle se concrétise notamment par la production d’un diagramme de synthèse – ou diagramme de Harris – de toutes les relations entre les unités stratigraphiques fouillées (Harris, 1989). Cette analyse consiste également à identifier la plus petite unité stratigraphique (dite US ou context en anglais) comme étant à la fois la plus courte dans le temps et la plus homogène du point de vue sédimentaire. Chaque unité stratigraphique doit pouvoir être interprétée comme une action – fondation, construction d’un mur, remblai, sol d’occupation, dépotoir… Le concept d’unité stratigraphique négative a même été inventé pour désigner une ablation de sédiment représentant une période de temps et une action observée indirectement par un manque – creusement d’une fosse ou d’un trou de poteau, arasement d’un mur, nivellement, etc. Lorsque la distinction de niveaux stratigraphiques n’est pas possible, dans le cas de certains sédiments très homogènes par exemple, ou pour pratiquer une fouille progressive sans enlever une trop grande épaisseur de sédiments, l’archéologue peut procéder à une fouille stratigraphique dite artificielle en subdivisant en « passes » ou en « décapages » arbitraires les dépôts (de[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités, université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

François GILIGNY. ARCHÉOLOGIE (Méthodes et techniques) - L'archéologue et le terrain [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Relevé par lasergrammétrie de l’abbatiale de Bernay (Eure) - crédits : F. Giligny/ UMR Trajectoires/ CNRS-Université Paris-I-Panthéon-Sorbonne

Relevé par lasergrammétrie de l’abbatiale de Bernay (Eure)

Prospection géophysique par résistivité électrique - crédits : F. Giligny/ UMR Trajectoires/ CNRS-Université Paris-I-Panthéon-Sorbonne

Prospection géophysique par résistivité électrique

Fouille de la cour Napoléon du Louvre - crédits : Fonds documentaire « Fouilles archéologiques Louvre – Cour Napoléon », service régional de l’archéologie d’Île-de-France, janvier 1985.

Fouille de la cour Napoléon du Louvre

Autres références

  • ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE

    • Écrit par Luc BOURGEOIS
    • 4 883 mots
    • 5 médias

    L’archéologie médiévale rassemble un large spectre de méthodes permettant d’étudier les témoignages matériels des cultures qui se sont succédé entre le ve et le xve siècle. Elle s’intéresse aussi bien aux structures enfouies ou en élévation qu’au mobilier et aux informations issues...

  • AFRIQUE (Histoire) - Préhistoire

    • Écrit par Augustin HOLL
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    • 3 médias

    La préhistoire de l'Afrique est littéralement la préhistoire de l'humanité. Les recherches archéologiques effectuées en Afrique sont le fait de toutes les traditions académiques, offrant ainsi une multiplicité de perspectives sur l'évolution des sociétés humaines. En outre, le continent...

  • AFRIQUE (Histoire) - De l'entrée dans l'histoire à la période contemporaine

    • Écrit par Hubert DESCHAMPS, Jean DEVISSE, Henri MÉDARD
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    • 6 médias

    L'histoire du continent tout entier apparaît comme une entreprise récente et difficile. Pendant longtemps, seules l'égyptologie, l'islamologie et l'histoire coloniale l'ont, chacune de son point de vue, abordée ; il faut noter du reste que les très anciens systèmes d'écriture, en Égypte, à Méroé, en...

  • AFRIQUE NOIRE (Arts) - Aires et styles

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    • 15 151 mots
    • 2 médias
    ...d'archives, la connaissance très fragmentaire de cette histoire se fonde essentiellement sur l'étude conjointe des données livrées par la tradition orale et par l'archéologie. Le sol nous a laissé cependant peu de vestiges au regard d'autres régions du monde. Les raisons en sont simples : l'archéologie est...
  • AFRIQUE ROMAINE

    • Écrit par Noureddine HARRAZI, Claude NICOLET
    • 9 564 mots
    • 10 médias

    La domination administrative et politique de Rome sur les diverses régions de l'Afrique du Nord (mis à part la Cyrénaïque et l'Égypte) s'étend sur près de six siècles : depuis la prise et la destruction de Carthage par Scipion Émilien (146 av. J.-C.) jusqu'au siège et à la...

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Voir aussi