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ANESTHÉSIE

L'anesthésie générale

Sommeils physiologique et anesthésique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Sommeils physiologique et anesthésique

L'anesthésie générale est obtenue en administrant des agents (dits anesthésiques généraux) qui provoquent une perte de conscience réversible.

Anesthésiques généraux

Les anesthésiques généraux peuvent être administrés selon deux modes : par voie intraveineuse ou par inhalation.

Hypnotiques et adjuvants. Les hypnotiques sont des agents anesthésiques dont la propriété principale est de provoquer une perte de conscience (ou sommeil profond). Parmi les hypnotiques administrés par voie intraveineuse, on peut citer les barbituriques d'action rapide (thiopental = Penthotal®, methohexital = Brietal®), l'etomidate (Hypnomidate®) et le propofol (Diprivan®).

D'autres agents administrés par voie intraveineuse produisent un état de sédation plus ou moins prononcé et peuvent être utilisés comme adjuvants des précédents ; il s'agit des benzodiazépines (précédemment, diazépam = Valium® et flunitrazepam = Rohypnol® ; actuellement, midazolam = Hypnovel®), et autrefois des neuroleptiques (chlorpromazine initialement) dont l'introduction par Henri Laborit a été une innovation majeure au milieu du xxe siècle.

L'anesthésie peut également être initiée et surtout entretenue par inhalation : on fait respirer au patient un mélange gazeux d'oxygène et de gaz anesthésique. Les agents anesthésiques utilisés par inhalation ont une puissance anesthésique variable. Le protoxyde d'azote (N2O) est un agent de faible puissance qui est administré en concentrations de 50 à 70 p. 100 (dans le mélange gazeux). D'autres agents, dits « halogénés » (leurs molécules comportent plusieurs atomes de fluor), sont plus puissants et de ce fait utilisés à des concentrations très inférieures. Au cours de ces dernières années, l'isoflurane (Forène®) a progressivement remplacé l'halothane (Fluothane®) et l'ethrane (Enflurane®) ; le sevoflurane (Sevorane®) et le desflurane (Suprane®) sont d'utilisation plus récente. Le protoxyde d'azote est véhiculé sous forme de gaz comprimé puis introduit dans le circuit d'anesthésie après décompression, mais les halogénés, stockés sous forme liquide, sont introduits dans le circuit après leur évaporation.

Analgésiques. Pour réaliser une anesthésie, il faut souvent associer aux agents hypnotiques des agents aux propriétés analgésiques prédominantes (agents dits analgésiques), c'est-à-dire dont le rôle est de supprimer ou d'atténuer la sensibilité à la douleur. On emploie en pratique des opiacés (ou équivalents), qui sont des dérivés synthétiques ou semi-synthétiques de l'opium. La morphine et d'autres substances comme la péthidine (Dolosal®) ne sont plus guère utilisées par voie intraveineuse au cours de l'anesthésie (la morphine reste l'analgésique de référence pour la période postopératoire). D'autres dérivés synthétiques se sont donc substitués depuis longtemps à la morphine, comme le fentanyl (Fentanyl®), l'alfentanil (Rapifen®), le sufentanil (Sufenta®), et plus récemment le rémifentanil (Ultiva®).

Curarisants. Ils constituent la troisième catégorie de produits utilisés au cours d'une anesthésie générale ; cependant, ce ne sont pas des agents anesthésiques. Ils provoquent une paralysie musculaire en bloquant la transmission synaptique neuromusculaire. L'emploi des curares (ou curarisation) a pour objectif de faciliter l'intubation oro-trachéale au moment de l'initiation de l'anesthésie, mais aussi de faciliter le geste chirurgical quand un relâchement musculaire est nécessaire. La succinylcholine (Célocurine®) est un curarisant qui excite la plaque motrice avant de la bloquer en la dépolarisant : il provoque donc des contractions musculaires avant la paralysie. La succinylcholine est le curare qui agit[...]

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Écrit par

  • : professeur d'anesthésie-réanimation
  • : pharmacien des hôpitaux, chef du service pharmacologie-toxicologie de l'Hôtel-Dieu, Paris

Classification

Pour citer cet article

Francis BONNET et François CHAST. ANESTHÉSIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Anesthésie à l'éther - crédits : MPI/ Archive Photos/ Getty Images

Anesthésie à l'éther

Sommeils physiologique et anesthésique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Sommeils physiologique et anesthésique

Autres références

  • ANESTHÉSIE : PREMIÈRES DÉMONSTRATIONS

    • Écrit par François CHAST
    • 243 mots

    Le 30 mars 1842, à Jefferson (Georgie, États-Unis), un patient, du nom de John Venables, souffrant d'un abcès au cou, est opéré sans douleur grâce à l'emploi d'éther, par Crawford Long (1815-1878). L'intervention ne sera rapportée que sept ans plus tard.

    Le 11 décembre...

  • ACÉTYLÈNE

    • Écrit par Henri GUÉRIN
    • 5 089 mots
    • 6 médias
    L'acétylène, qui n'est pas toxique, présente des propriétés anesthésiques. On l'utilise surtout en Allemagne et aux États-Unis (narcylène) en anesthésie générale dans un mélange oxygéné à 30 ou 40 p. 100 au début de l'anesthésie puis à 60-70 p. 100 par la suite. L'anesthésie est...
  • ANTISEPSIE ET ASEPSIE

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 587 mots
    • 1 média

    Classiquement, l’histoire de la chirurgie est scandée par deux dates : l’année 1846, au cours de laquelle l’anesthésie à l’éther est utilisée pour la première fois ; l’année 1867, au cours de laquelle le chirurgien britannique Joseph Lister (1827-1912) décrit le succès d’une...

  • BARBITURIQUES

    • Écrit par A. M. HAZEBROUCQ
    • 1 036 mots

    Composés organiques dérivant de la malonylurée improprement appelée acide barbiturique en raison de la forme de ses cristaux « semblables à une lyre » (barbitos), les barbituriques constituent un groupe homogène tant sur le plan chimique que sur le plan pharmacologique. Leur action...

  • CHIRURGIE

    • Écrit par Claude d' ALLAINES, Jean-Édouard CLOTTEAU, Didier LAVERGNE
    • 8 668 mots
    • 5 médias
    En moins d'un demi-siècle, trois découvertes capitales vont profondément transformer l'exercice de la chirurgie. Celle de l'anesthésie à partir de 1846, celle de l'antisepsie à partir de 1867, puis celle de l'asepsie à partir de 1886.
  • Afficher les 14 références

Voir aussi