ANESTHÉSIE

Rôle du médecin anesthésiste

Le médecin anesthésiste est responsable de la conduite de l'anesthésie. Son activité s'exerce d'abord lors de la consultation préanesthésique, ensuite au bloc opératoire pendant l'anesthésie, et au décours dans la salle de surveillance postopératoire (« salle de réveil »). Le médecin anesthésiste intervient également en cas de complication postopératoire et détermine la stratégie de prise en charge de la douleur postopératoire.

La consultation préanesthésique est un moment essentiel qui a pour but d'évaluer le risque anesthésique et opératoire, en fonction des pathologies dont souffre le patient et des traitements qu'il suit et qui sont susceptibles d'interférer avec le déroulement de l'anesthésie. Cette consultation permet de définir la technique d'anesthésie qui sera utilisée.

Le risque anesthésique comprend notamment le risque d'intubation difficile et celui d'accident allergique. L'intubation difficile, qui peut conduire à des difficultés de ventilation, peut être prédite par l'étude de critères anatomiques lors de la consultation préanesthésique. Cette consultation permet de choisir les techniques d'intubation adaptées. Le risque allergique, en partie imprévisible, est cependant augmenté quand le patient présente certains antécédents : la consultation préanesthésique permet au médecin anesthésiste de s'informer de ces antécédents allergiques. Par exemple, l'allergie au latex peut être soupçonnée quand il existe des antécédents d'allergie alimentaire au kiwi ou à la banane, ou lorsque le patient exerce une profession exposée (contraignant à la manipulation de gants en latex). Les principaux agents responsables d'accidents allergiques sont les curares, les colloïdes et les antibiotiques utilisés en peropératoire.

La consultation préanesthésique sert aussi à informer le patient du déroulement et des conséquences de l'anesthésie, des complications encourues, de la prise en charge de la douleur postopératoire, de l'éventualité d'une transfusion sanguine peropératoire et de ses conséquences.

Le médecin anesthésiste travaille en équipe. Chaque médecin peut prendre en charge une étape ou la totalité du déroulement des actes pré-, per- et post-anesthésie. La continuité des soins pour un même patient est assurée par des procédures rigoureuses de transmission d'informations.

La pratique de l'anesthésie est entourée de précautions qui ont pour objectif d'éviter la survenue d'accidents. Les décisions de choix thérapeutiques, mais aussi l'organisation même du travail, sont imprégnées par l'idée du risque, omniprésent dans les esprits lors de la réalisation de tout acte anesthésique. La pratique de l'anesthésie au bloc opératoire répond de ce fait de plus en plus à des pratiques prédéfinies et périodiquement contrôlées par des procédures de type « assurance-qualité ». L'application de ces procédures est le meilleur garant d'un accroissement de la sécurité des patients confiés aux médecins anesthésistes.

— Francis BONNET

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Écrit par

  • Francis BONNET : professeur d'anesthésie-réanimation
  • François CHAST : pharmacien des hôpitaux, chef du service pharmacologie-toxicologie de l'Hôtel-Dieu, Paris

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Pour citer cet article

Francis BONNET, François CHAST, « ANESTHÉSIE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Médias

Anesthésie à l'éther

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Autres références

  • ANESTHÉSIE : PREMIÈRES DÉMONSTRATIONS

    • Écrit par François CHAST
    • 1 333 mots

    Le 30 mars 1842, à Jefferson (Georgie, États-Unis), un patient, du nom de John Venables, souffrant d'un abcès au cou, est opéré sans douleur grâce à l'emploi d'éther, par Crawford Long (1815-1878). L'intervention ne sera rapportée que sept ans plus tard.

    Le 11[...]

  • ACÉTYLÈNE

    • Écrit par Henri GUÉRIN
    • 27 985 mots
    • 6 médias
    L'acétylène, qui n'est pas toxique, présente des propriétés anesthésiques. On l'utilise surtout en Allemagne et aux États-Unis (narcylène) en anesthésie générale dans un mélange oxygéné à 30 ou 40 p. 100 au début de l'anesthésie puis à 60-70 p. 100 par la suite. L'anesthésie est[...]
  • ANTISEPSIE ET ASEPSIE

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 3 222 mots
    • 1 média

    Classiquement, l’histoire de la chirurgie est scandée par deux dates : l’année 1846, au cours de laquelle l’anesthésie à l’éther est utilisée pour la première fois ; l’année 1867, au cours de laquelle le chirurgien britannique Joseph Lister (1827-1912) décrit le succès d’une[...]

  • BARBITURIQUES

    • Écrit par A. M. HAZEBROUCQ
    • 5 695 mots

    Composés organiques dérivant de la malonylurée improprement appelée acide barbiturique en raison de la forme de ses cristaux « semblables à une lyre » (barbitos), les barbituriques constituent un groupe homogène tant sur le plan chimique que sur le plan pharmacologique.[...]

  • CHIRURGIE

    • Écrit par Claude d' ALLAINES, Jean-Édouard CLOTTEAU, Didier LAVERGNE
    • 47 670 mots
    • 4 médias
    En moins d'un demi-siècle, trois découvertes capitales vont profondément transformer l'exercice de la chirurgie. Celle de l'anesthésie à partir de 1846, celle de l'antisepsie à partir de 1867, puis celle de l'asepsie à partir de 1886.
  • COCAÏNE

    • Écrit par A. M. HAZEBROUCQ
    • 3 676 mots
    • 1 média

    L'Erythroxylon coca (famille des Linacées), cultivée surtout en Amérique du Sud d'où la plante est originaire, produit la cocaïne au niveau des feuilles par transformation de l'ornithine. Les racines paraissent totalement dépourvues d'alcaloïde. La teneur en alcaloïde varie[...]

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Voir aussi