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CHIRURGIE

La chirurgie est une partie de la médecine qui se propose la guérison par l'œuvre des mains (du grec kheir « main », et ergon « ouvrage »). Elle est, à l'heure actuelle, une branche tout à fait distincte de la médecine ; mais il n'en a pas toujours été ainsi, car pendant de longs siècles la chirurgie n'a existé qu'à l'état embryonnaire.

Comment redresser un membre - crédits : Wellcome Collection ; CC-BY 4.0

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Si la Renaissance permit de nombreux progrès dans les sciences médicales ou biophysiologiques, elle n'en apporta aucun à la chirurgie, car celle-ci se heurtait à deux problèmes majeurs : la douleur provoquée par l' opération, l'infection qu'elle engendre. C'est au milieu du xixe siècle que, brusquement, ces deux problèmes sont résolus par la découverte de l'anesthésie (1846) et par celle de l'antisepsie (1867). Il n'est pas exagéré de dire qu'il s'agit d'une véritable « révolution chirurgicale », à ce point inattendue que la plupart des chirurgiens de l'époque la repoussèrent d'abord avec véhémence. Mais la chirurgie naît en tant que discipline et s'épanouit à partir de cette époque. En un siècle, elle a su conquérir une place considérable, au point que rapidement elle a dû se diviser en spécialités de plus en plus cloisonnées. Celles-ci ont obtenu des résultats prodigieux : opérations sur le cerveau, les reins, les poumons, le cœur enfin nous ont familiarisés avec les prouesses quotidiennes des chirurgiens. Certes, les moyens matériels que l'on met en œuvre dans les salles d'opération représentent un investissement considérable, mais combien moins important que le capital humain prodigué autour de l'opéré. Actuellement, des équipes chirurgicales groupant de nombreuses personnes, préparées de longue date, hautement spécialisées – chirurgiens, anesthésistes, réanimateurs, biologistes, infirmiers –, restent à l'œuvre, souvent pendant des heures, selon un programme minutieusement établi à l'avance et contrôlé pas à pas.

Cependant, les progrès et l'expérience aidant, les chirurgiens se sont aperçus que leur rôle ne pouvait se borner à un geste purement manuel et technique. Retrouvant ce qu'avait dit Hippocrate vingt-quatre siècles auparavant, ils ont constaté que l'organisme humain est dans un état d'équilibre constant que l'acte opératoire bouscule. Le rôle du chirurgien ne saurait être complet s'il ne cherche à prévoir, puis à supprimer, ou tout au moins à contrôler, ce déséquilibre qu'il provoque et dont les perturbations se font sentir aussi bien sur les plans psychologique et social que sur celui des mécanismes physiologiques du corps humain opéré. Le chirurgien ne saurait donc se borner au geste opératoire. Il doit étendre la notion de guérison chirurgicale non seulement au succès technique de son opération, mais aussi au retour à l'équilibre physique et mental, à la réinsertion sociale de son opéré.

Sur le plan technique, cet article ne peut avoir la prétention de décrire l'ensemble de la chirurgie, de ses structures et de ses possibilités actuelles. Il se contentera donc, après un rappel historique de cette passionnante histoire qu'est celle des découvertes chirurgicales, de développer un large panorama d'ensemble de la chirurgie telle qu'elle se pratique maintenant.

Les origines

La plupart des peuples antiques savaient extraire une flèche, ou réduire une fracture à l'aide d'attelles, grâce à des procédés rudimentaires, en général accompagnés d'incantations et de pratiques magiques pour s'assurer la faveur des dieux.

Les Indiens, toutefois, semblent avoir très tôt compris l'intérêt de l'entraînement à la dissection. Susruta (ve s. apr. J.-C.) nous montre les apprentis chirurgiens s'entraînant sur l'animal et même sur les plantes, qui permettent[...]

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Écrit par

  • : chirurgien des Hôpitaux de Paris, professeur à la faculté de médecine
  • : ancien interne des Hôpitaux de Paris, docteur en médecine, chef du service de chirurgie de l'hôpital Henri- Dunant, Paris
  • : docteur en médecine

Classification

Pour citer cet article

Claude d' ALLAINES, Jean-Édouard CLOTTEAU et Didier LAVERGNE. CHIRURGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

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André Vésale - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

André Vésale

Joseph Lister et Louis Pasteur - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Joseph Lister et Louis Pasteur

Autres références

  • ABDOMEN

    • Écrit par Claude GILLOT
    • 6 346 mots
    • 9 médias
    Sous le terme de laparotomie, l'on désigne une incision de la paroi abdominale, qui permet d'accéder aux viscères. Ainsi, la laparotomie médiane sus-ombilicale est utilisée dans la chirurgie de l'estomac, des voies biliaires, la laparotomie médiane sous-ombilicale, dans les interventions sur les...
  • ACQUAPENDENTE GIROLAMO FABRICI D' (1533-1619)

    • Écrit par Jacqueline BROSSOLLET, Universalis
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    Hyeronimus Fabricius (Girolamo Fabrici), né le 20 mai 1533 à Acquapendente (Latium), étudie à Padoue sous la direction de Gabriele Fallopio (Fallope). Il est médecin en 1559 et succède à son maître décédé en 1562 pour diriger les démonstrations d'anatomie. Son talent le fait nommer,...

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    En effet, l'anesthésie a pour objectif de permettre et de faciliter les gestes chirurgicaux sans préjudice pour le patient. Or il est apparu que, à l'exception des anesthésiques locaux, aucun agent n'était capable de produire un niveau d'analgésie (disparition de la douleur) permettant la pratique...
  • ANESTHÉSIE : PREMIÈRES DÉMONSTRATIONS

    • Écrit par François CHAST
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    Le 30 mars 1842, à Jefferson (Georgie, États-Unis), un patient, du nom de John Venables, souffrant d'un abcès au cou, est opéré sans douleur grâce à l'emploi d'éther, par Crawford Long (1815-1878). L'intervention ne sera rapportée que sept ans plus tard.

    Le 11 décembre...

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