ALLEMAGNE (Géographie) Géographie économique et régionale

Acteurs et catégories spatiales de l'aménagement

En Allemagne, l'implication des pouvoirs publics dans une organisation globale et concertée de l'espace, soucieuse de l'économie, de la société et de l'environnement a été précoce, et l'aménagement du territoire a une longue tradition. Les travaux de régularisation du cours du Rhin, la construction des voies de chemin de fer et l'institution de l'union douanière (Zollverein) témoignent, dès le xix^e siècle, de ce sens politique de l'espace. L'industrialisation et la croissance urbaine sont souvent encadrées, dès cette époque, par des règles d'urbanisme qui régissent l'extension de l'habitat et de la voirie, mais aussi le fonctionnement des services municipaux, tandis que le paternalisme des grands konzerns (consortium) du charbon, de l'acier et de la chimie s'exprime dans la construction de cités ouvrières en partie inspirées du modèle des cités-jardins. Les pratiques de la planification régionale se développent au lendemain de la Première Guerre mondiale à l'initiative des municipalités sociales-démocrates qui, dans la Ruhr par exemple, instituent dès 1920, en concertation avec les cartels industriels, le premier syndicat intercommunal d'aménagement (SiedlungsverbandRuhrkohlenbezirk). Sous le III^e Reich et, ensuite, en RDA, la planification territoriale est totalitaire et autoritaire, et se traduit surtout par la construction ex nihilo de villes-usines (aciérie Hermann Goering à Salzgitter édifiée par le régime nazi, combinats géants du socialisme sur les gisements de lignite de Basse-Lusace).

Mais en RFA, la politique d'aménagement du territoire est régie par le système fédéral et fait partie des compétences partagées entre Bund et Länder. Dès les années 1960, l'objectif de corriger les inégalités territoriales, contenu dans la Loi fondamentale, fait l'objet d'une législation (Raumordnungsgesetz), proposée par le gouvernement fédéral, adoptée par le Bundestag et le Bundesrat, et mise en œuvre par les Länder. Ces derniers déterminent pour cela des régions de planification (une centaine de Planungsregionen) sur la base du maillage administratif infrarégional, mais en fonction de la distribution des aires d'influence des villes-centres. Il leur revient, dans le même temps, de tenir compte des prérogatives de l'autonomie communale dans la réalisation des plans d'occupation des sols, le zonage d'activités, et la formation de zones de coopération intercommunale à partir d'un projet de développement. Enfin, les programmes régionaux d'aménagement se fondent, depuis le début des années 1980, sur une typologie fonctionnelle et dynamique du territoire, régulièrement révisée. Depuis la révision de 2012, les circonscriptions administratives de l'échelle locale (Kreise et communes) sont classées en quatre catégories allant de l'urbain au rural, en fonction, d'une part, de la densité moyenne de peuplement et, d'autre part, de la taille, des fonctions et de la distance à la ville-centre. On distingue ainsi les villes-centres (de plus de 100 000 hab.), les districts urbains (où la densité est supérieure à 150 hab./km² et où 50 p. 100 de la population vit dans des villes grandes et moyennes), les districts ruraux de densité élevée (où 50 p. 100 de la population vit dans des villes grandes et moyennes mais où la densité est inférieure à 150 hab./km²) et les districts ruraux de faible densité (où moins de 50 p. 100 de la population vit dans des villes grandes et moyennes et où la densité est inférieure à 100 hab./km²).

Hiérarchiser les fonctions urbaines

Inspiré de la[...]