Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

AFRIQUE AUSTRALE

Ressources minières, exploitation et intégration des territoires

Une richesse minière exceptionnelle

La richesse du sous-sol permet de comprendre les logiques d’aménagement ainsi que la forte extraversion économique de la région et ses dynamiques d’intégration à la mondialisation. Aujourd’hui, plus de la moitié de la production mondiale de vanadium, de platine et de diamant provient d’Afrique australe, qui fournit également un tiers environ de la production d’or et un cinquième de la production de cobalt. On y trouve aussi d’immenses réserves de charbon, cuivre, nickel, platine ou encore graphite. L’Angola et le Mozambique disposent de gigantesques champs de pétrole et de gaz offshore. L’Angola est le deuxième producteur et exportateur africain de pétrole (après le Nigeria) et les gisements de gaz mozambicains dans le nord du pays constitueraient la neuvième réserve mondiale. L’exploitation de ces ressources offshore nécessite des investissements colossaux (plusieurs dizaines de milliards de dollars), réalisés par des multinationales étrangères.

Corridors de développement et extraversion économique

La ruée vers le diamant, Afrique du Sud - crédits : Gray Marrets/ Getty Images

La ruée vers le diamant, Afrique du Sud

Cette richesse exceptionnelle suscite des convoitises depuis la fin du xixe siècle et son exploitation a conduit à une forte extraversion économique de la région, mais également à des divisions internes dans tous les États. L’exploitation de ces ressources a profondément façonné l’organisation spatiale de l’Afrique australe, notamment par la construction d'un important réseau ferroviaire qui servait à l’époque coloniale, d'outil de contrôle territorial et d'intégration à l'économie-monde. Des lignes de chemin de fer sont construites dès la fin du xixe siècle afin de transporter les minerais jusqu'aux ports du Cap, de Durban et Maputo (anciennement Lourenço Marques). Cette logique de désenclavement des zones minières perdure, comme en témoigne la réhabilitation en 2017 du corridor de Nacala au Mozambique, qui permet l’acheminement du charbon des mines de la province de Tete jusqu’au port de Nacala, sur l’océan Indien. Le gouvernement a mis en place des partenariats publics/privés afin que des multinationales étrangères, notamment brésiliennes et sud-africaines, bénéficient de droits d'exploitation en échange de la rénovation des infrastructures. Ce modèle des corridors de développement associe des transports multimodaux – routiers, ferroviaires et portuaires. L’intégration régionale du Mozambique est favorisée par trois corridors principaux : au nord, le corridor de Nacala, qui relie le Malawi au port éponyme ; au centre, le corridor de Beira, qui constitue la principale ouverture maritime du Zimbabwe ; au sud, le corridor de Maputo, qui sert principalement de débouché à la région minière du Gauteng, en Afrique du Sud. Cette organisation a bénéficié de l’expérience sud-africaine en matière de gestion des réseaux ferroviaires.

Entre industrialisation et économies rentières

L’importance des gisements miniers entraîna également une urbanisation accélérée et une industrialisation dès la fin du xixe siècle en Afrique du Sud, notamment dans la région du Gauteng. Le développement fulgurant de Johannesburg est directement lié à la découverte de l'or à partir de 1886. Des régions urbaines et industrielles se dessinent ainsi dans le Gauteng, autour de la Copper Belt, la « ceinture de cuivre », en Zambie (Rhodésie du Nord jusqu’en 1964) ou autour des mines d’or et de charbon du Zimbabwe (Rhodésie du Sud puis Rhodésie jusqu’en 1980). L'Afrique du Sud est d'ailleurs aujourd'hui le pays le plus urbanisé de la région (plus de 65 p. 100 de sa population vit en ville) et dispose d'un réseau de métropoles bien réparties sur l'ensemble du territoire. Elle est suivie par le Botswana et la Namibie qui ont également achevé leur transition urbaine. D'autres États comme le[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : agrégée de géographie, maître de conférences à l'université Bordeaux Montaigne

Classification

Pour citer cet article

Jeanne VIVET. AFRIQUE AUSTRALE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le

Médias

Mine d’or au Zimbabwe - crédits : Ian Murphy/ Getty Images

Mine d’or au Zimbabwe

Afrique australe - crédits : Encyclopædia Universalis France

Afrique australe

La ruée vers le diamant, Afrique du Sud - crédits : Gray Marrets/ Getty Images

La ruée vers le diamant, Afrique du Sud

Autres références

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par
    • 18 789 mots
    • 22 médias
    La ceinture, ou chaîne, de Damara a une histoire complexe. Au début, vers 1 000-900 Ma, on assiste à un « rifting » avec formation de plusieurs grabens dans lesquels s'accumulent des séries d'épaisseur variable. À la base, on trouve le groupe de Nosib, qui est gréso-détritique. Des volcanites alcalines...
  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale

    • Écrit par
    • 21 496 mots
    • 29 médias
    ...dans les années 1980 a suivi les axes de communication, tout en se diversifiant et en épargnant certains pays pour des raisons difficiles à expliquer. L’Afrique australe est la plus touchée, notamment l’Eswatini et l'Afrique du Sud. À travers la région, les femmes représentent 60 p. 100 des personnes...
  • AFRIQUE (Histoire) - Préhistoire

    • Écrit par
    • 6 326 mots
    • 3 médias
    En Afrique orientale, les sites de Kisese II, Twilight Cave et Lukenya montrent la présence d'industries à base de lames et lamelles. En Afrique australe, les assemblages lithiques ont été subdivisés en sous-ensembles chronologiques : Early Later Stone Age (ELSA, 19000 av. J.-C.), Robberg (vers 19000-7600...
  • AFRIQUE (Histoire) - Les décolonisations

    • Écrit par
    • 12 424 mots
    • 24 médias
    Après la chute de l'empire portugais en Afrique, il ne subsistait de la domination coloniale européenne que des vestiges : la Rhodésie du Sud, le Sud-Ouest africain, dont les jours étaient comptés, même si le processus pouvait être long.
  • Afficher les 13 références