Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

VISION Vision et évolution animale

La perception des formes

Dans le cerveau des Arthropodes ou la partie nerveuse de la rétine des Vertébrés, des neurones sensoriels spécifiques mesurent et comparent les niveaux d'activation de photorécepteurs voisins. Par un jeu d'inhibition, ils empêchent la transmission des activations peu intenses. Il en résulte une augmentation du contraste de l'image qui fait ressortir des contours par juxtaposition de zones de forte activation et de zones inactives. Ces contours constituent des formes que le cerveau peut identifier.

La qualité de ces formes dépend directement du nombre de photorécepteurs, mais également du degré de convergence de l'information visuelle sur les neurones du système comparateur : la meilleure définition est obtenue par la relation 1 photorécepteur-1 neurone (cas de la fovéa des rapaces diurnes ou des humains). Chez la plupart des animaux pouvant percevoir les formes, c'est-à-dire ceux qui présentent une organisation fonctionnelle de leurs réseaux nerveux de type coordonné ou cognitif, la définition image est assez faible, voire très mauvaise (plus de dix photorécepteurs pour un neurone), mais la vision de ces animaux repose essentiellement sur la détection des mouvements.

Le crapaud, dont l'organisation des réseaux nerveux est de type coordonné, ne réagit qu'à des formes géométriques simples et en mouvement. Pour ce prédateur de vers et d'insectes, toute forme étirée (même un leurre) en mouvement dans le sens de l'allongement est considérée comme une proie et est systématiquement attaquée. La même forme se déplaçant dans une autre direction laisse le crapaud totalement indifférent. Cette distinction de comportement repose sur le fonctionnement de deux groupes de neurones spécialisés, chacun étant activé par l'une des situations. Dans le cas de l'identification d'une « proie », l'activité du premier groupe de neurones déclenche les programmes d'activation motrice nécessaires au comportement prédateur. L'activation du second groupe de neurones inhibe ces mêmes programmes, et le crapaud ne réagit pas. Lorsque les deux groupes de neurones sont activés, ils déclenchent une activation motrice d'urgence et le crapaud s'enfuit. Dans ce dernier cas, le stimulus visuel est une forme de grande taille, approximativement aussi haute que large... version simplifiée des prédateurs du crapaud.

Chez les Oiseaux et les Mammifères, mais également chez la pieuvre, la distinction des formes est plus élaborée pour des formes complexes. Chez ces animaux, elle n'est plus assurée par de petits groupes de neurones, mais par des réseaux cognitifs qui identifient les objets non pas par leur image mais par une série de caractéristiques aboutissant à la création de catégories mentales. Plus l'objet est complexe, plus sa description est riche et meilleure est son identification.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Stéphane HERGUETA. VISION - Vision et évolution animale [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Vision : les trois grands types d'organisations nerveuses - crédits : Encyclopædia Universalis France

Vision : les trois grands types d'organisations nerveuses

Vision et réflexes d'escargot - crédits : Encyclopædia Universalis France

Vision et réflexes d'escargot

Vision : guidage visuel chez la mouche - crédits : Encyclopædia Universalis France

Vision : guidage visuel chez la mouche

Autres références

  • AMPHIBIENS ou BATRACIENS

    • Écrit par , et
    • 6 177 mots
    • 19 médias
    ...suffit en effet de comparer une grenouille et un triton). Chez les Gymniophones, l'œil se trouve sous la peau ou même sous la couverture osseuse du crâne. Certains amphibiens, comme le protée ou les Gymniophones, sont aveugles (adaptation à la vie souterraine). La protection de l'œil est assurée par la présence...
  • CERVEAU ET GESTES

    • Écrit par et
    • 916 mots
    • 1 média
    Les informations visuelles permettent de déterminer la position d’un objet par rapport au corps. Les informations proprioceptives proviennent de capteurs situés au niveau des tendons, des articulations et des muscles. Grâce à ces informations, nous sommes capables à tout moment d’avoir une représentation...
  • COGNITIVES SCIENCES

    • Écrit par
    • 19 262 mots
    • 4 médias
    Les recherches sur lavision sont peut-être la branche la plus « scientifique » (au sens étroit) des sciences cognitives. C'est aussi celle dans laquelle les neurosciences jouent le plus grand rôle. Le second fait n'explique qu'en partie le premier : la vision présente par rapport à d'autres modalités...
  • COULEUR

    • Écrit par et
    • 7 731 mots
    • 21 médias
    On considère en psychophysiologie, sous les noms de teinte, saturation et luminosité d'une lumière, trois qualités dont chacune dépend principalement de la caractéristique « chromatique » (λd ou p) ou photométrique (L) correspondante, mais parfois aussi quelque peu des deux autres....
  • Afficher les 44 références