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VEDĀNTA

Signifiant proprement « fin (c'est-à-dire accomplissement, couronnement) du Veda », le mot sanskrit vedānta désigne l'un des plus importants courants de pensée de l'hindouisme classique. À ce titre, il constitue l'un des six grands « systèmes philosophiques » ( darśana) brahmaniques et fut illustré par des maîtres tels que Śankara, Rāmānuja, Madhava. Voué à la métaphysique, le Vedānta emprunte les thèmes directeurs de sa problématique aux Upaniṣad, à commencer par la célèbre équation entre ātman et brahman (« l'âme individuelle est identique à l'âme universelle » ; « le soi n'est pas différent de l'Absolu »). Ce darśana a produit ses œuvres majeures entre le vie et le xiie siècle de l'ère chrétienne et gagna, progressivement, un tel prestige qu'il en est venu à éliminer tous ses rivaux, au point d'apparaître comme l'expression privilégiée de l'orthodoxie brahmanique. Les grands réformateurs de l' hindouisme contemporain se recommandent presque tous du Vedānta, qu'ils combinent le plus souvent avec la forme de Yoga qu'ils recommandent.

Un darśana métaphysique

Le mot « vedānta » apparaît pour la première fois dans les Upaniṣad (vers le ve s. av. J.-C.), où il désigne déjà la métaphysique dont l'étude prolonge et « achève » celle du Veda. L'acquisition du savoir théologique par le novice (brahmacārin) se faisait, en effet, selon un ordre rigoureux : d'abord la mémorisation des hymnes védiques et de leurs commentaires (brāhmaṇa), puis apprentissage du rituel, enfin théologie proprement dite sous la forme d'une discussion des Upaniṣad. À ce programme obligatoire pouvait s'ajouter, pour les plus doués des étudiants, des disciplines plus spécialisées telles que la grammaire, la logique, la philosophie. C'est cette dernière que l'on désignait à l'origine par le terme de « vedānta », ce qui avait l'avantage de souligner qu'il s'agissait là de spéculations greffées sur le tronc védique plutôt que du libre exercice de la raison, comme cela commençait à être le cas en Grèce, à la même époque.

Un peu plus tard cependant, donc aux alentours du ier siècle, Vedānta devint un nom propre, celui d'une école de pensée (darśana) parmi les six autres que l'on tenait pour représenter effectivement la tradition brahmanique. Ce serait une erreur, en effet, d'opposer les darśanas les uns aux autres : aux yeux des théologiens hindous, ils constituent simplement des approches différentes, mais toutes valables, de la vérité (c'est-à-dire du Veda). S'il en est ainsi, le Vedānta est la métaphysique, le sāṁkhya la science de la nature, le nyāya la logique. Cela, bien entendu, n'exclut pas les querelles entre théologiens, mais marque bien que celles-ci ne sauraient mettre en cause le fondement de l'édifice : l'infaillibilité des Écritures.

Le premier exposé du Vedānta en tant que tel est constitué par les Brahmasūtra, texte sans date ni signature (peut-être du iie s. apr. J.-C.), dont la forme est celle d'une chaîne (sūtra) d'aphorismes destinés à être mémorisés pour servir de base aux leçons d'un maître (guru, ou ācārya). Là encore, il est admis qu'on ne doit en entreprendre l'étude qu'après avoir assimilé la doctrine d'un autre darśana, solidaire du Vedānta : la mīmāṁsā. Cette dernière (exposée, elle aussi, sous la forme du sūtra) se présente comme une herméneutique du rituel : non seulement on y discute des points de norme liturgique, mais on en vient à se poser la question du mécanisme même du sacrifice : comment comprendre qu'un acte humain (présenter une offrance de nourriture, par exemple) puisse valoir à celui qui officie un bien surnaturel : le Paradis ? Si l'on écarte le[...]

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lyon-III

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