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TRANSPLANTATION D'ORGANES

Transplantation hépatique

Actuellement, la transplantation hépatique est, dans les centres expérimentés, un acte parfaitement maîtrisé.

Chez l'adulte, elle représente le traitement des maladies du foie au stade terminal. En effet, faute de foie artificiel, seule la transplantation hépatique peut guérir un patient souffrant d'insuffisance hépatique terminale.

Chez l'enfant, la transplantation hépatique donne d'excellents résultats, lui permettant, dans la plupart des cas, de réintégrer le milieu social, de rattraper le retard staturo-pondéral, d'effectuer la puberté et de mener une vie normale. Il est essentiel de transplanter l'enfant avant l'apparition d'une dénutrition ou d'une insuffisance hépato-cellulaire. Dans la mesure du possible, il est préférable de greffer un enfant après l'âge de un an ou lorsqu'il pèse au moins 10 kilos, après lui avoir fait suivre un programme de renutrition préalable. L' atrésie des voies biliaires extrahépatiques est la plus fréquente des hépatopathies de l'enfant. Il s'agit de l'absence congénitale, totale ou partielle, de la voie biliaire principale ; elle évolue à terme vers la cirrhose biliaire. Le premier traitement est une intervention chirurgicale qui essaye de rétablir le flux biliaire (portoentérostomie ou opération de Kasaï), effectuée avant l'âge de trois mois, dont le taux de succès à court terme est de 50 p. 100. La transplantation est indiquée en cas d'échec immédiat ou retardé de l'opération de Kasaï. La survie après transplantation hépatique atteint 90 p. 100.

Technique chirurgicale

La transplantation est habituellement réalisée à partir d'un donneur cadavérique. Dans certains cas rares (essentiellement lorsque le receveur est un enfant), la transplantation peut être réalisée à partir du don d'un donneur vivant. Dans tous les cas, il s'agit d'un parent très proche, le plus souvent le père ou la mère. Une partie du foie du donneur est prélevée lors d'une intervention chirurgicale puis mise en place chez le receveur. Le foie du donneur régénère toujours, mais ce type d'intervention ne peut être effectué que selon des règles éthiques strictes.

La transplantation hépatique orthotopique est le type de transplantation réalisé le plus communément dans le monde. Elle consiste à faire l'exérèse totale du foie natif malade et à le remplacer par un greffon en position orthotopique, c'est-à-dire à la même place. Entre le moment où le foie natif est enlevé et celui où le greffon sera mis en circuit avec l'appareil circulatoire de l'opéré, autrement dit réanastomosé, le patient est en « anhépatie ».Pendant la phase d'anhépatie, les vaisseaux sont clampés, et, si la tolérance est médiocre, un shunt veino-veineux extra corporel entre la veine porte, la veine cave inférieure, d'une part, et la veine cave supérieure, d'autre part, est mis en place. Le greffon une fois installé, les structures vasculaires et biliaires entre le donneur et le receveur sont réanastomosées.

La transplantation hépatique hétérotopique consiste à laisser en place le foie natif et à placer le greffon en position hétérotopique. Cette intervention permet d'éviter l'ablation du foie natif. Cependant, la mise en place du foie en position hétérotopique pose plusieurs problèmes, notamment un problème de place dans l'abdomen si le greffon est trop gros ; l'apport de sang veineux portal doit être suffisant, ce qui oblige à faire dériver une partie du sang portal du foie natif vers le greffon.

La transplantation hépatique auxiliaire orthotopique consiste à laisser le foie natif, mais en faisant une hépatectomie partielle, et à mettre le greffon en position orthotopique à la place du foie enlevé. Dans presque tous les cas, le greffon doit être[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté, chirurgien des hôpitaux, chef de service
  • : chef de service de médecine interne et maladies infectieuses de l'hôpital Bicêtre, Val-de-Marne, professeur d'immunologie clinique et de médecine interne à la faculté de médecine de Paris-Sud
  • : ancien doyen de la faculté de médecine de l'université de Paris-Sud
  • : membre de l'Académie française et de l'Académie des sciences
  • : docteur en médecine, praticien hospitalier, hépatologue.

Classification

Pour citer cet article

Henri BISMUTH, Jean-François DELFRAISSY, Jean DORMONT, Jean HAMBURGER et Didier SAMUEL. TRANSPLANTATION D'ORGANES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Angiographie numérique d'un rein greffé - crédits : M. Laval-Jeantet

Angiographie numérique d'un rein greffé

Autres références

  • DÉBUTS DES TRANSPLANTATIONS D'ORGANES

    • Écrit par Christian CABROL
    • 254 mots

    En 1952, à Paris, l'équipe médicale du professeur Jean Hamburger greffa au jeune Marius Renard un rein prélevé chez sa mère. Cette greffe effectuée par Delinotte et N. Oeconomos fut un succès technique, mais l'enfant mourut au vingt et unième jour. La qualité de l'intervention n'était...

  • AGENCE DE LA BIOMÉDECINE

    • Écrit par Corinne TUTIN
    • 1 153 mots
    ...la biomédecine est encore bien jeune pour qu'un bilan de son activité puisse être dressé. En tout cas, la journée qu'elle a organisée le 22 juin 2005 sur le don d'organes, qui renouvelait une opération mise en place cinq ans plus tôt par l'Établissement français des greffes, a été un succès. « Alors...
  • BARNARD CHRISTIAAN (1922-2001)

    • Écrit par Christian CABROL
    • 1 169 mots

    Figure de la chirurgie cardiaque, le Sud-Africain Christiaan Barnard naît en 1922 dans la petite ville de Beaufort West (Cap-Ouest), dans une famille de quatre enfants dont le père est un pasteur protestant.

    Après avoir entrepris ses études primaires dans sa ville natale, il poursuit ses études...

  • CABROL CHRISTIAN (1925-2017)

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 1 041 mots
    • 1 média

    Christian Cabrol, né le 16 septembre 1925 à Chézy-sur-Marne (Aisne), décédé le 16 juin 2017 à Paris, est connu d’un large public pour être le premier en France à avoir tenté et réussi une greffe du cœur, le 27 avril 1968, sur un malade de soixante-six ans.

    Ne retenir que cette...

  • CARDIOLOGIE

    • Écrit par Philippe BEAUFILS, Robert SLAMA
    • 4 128 mots
    • 2 médias
    ...Depuis des années, des pionniers (à qui revient en fait le vrai mérite), tels Shumway en Californie et Cachera en France, avaient réalisé les premières transplantations cardiaques chez le chien. Mais en 1967, c'est Chris Barnard en Afrique du Sud qui fut le premier à transplanter un cœur chez un homme....
  • Afficher les 23 références

Voir aussi