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THÈBES DE BÉOTIE

La cité archaïque

Les grandes migrations de la fin du IIe millénaire ébranlent profondément la Béotie. Des Grecs appartenant aux peuples du nord-ouest, proches des Doriens, s'y installent, mais ils se mêlent aux populations éoliennes antérieures, auxquelles ils empruntent leur dialecte. Il ne se constitue donc pas deux classes antagonistes, vainqueurs et vaincus, comme c'est le cas à Sparte.

C'est dans ce peuple béotien, qui a toujours gardé le sentiment confus mais fort d'une communauté d'origine, très nette en particulier dans le domaine religieux, que s'opère, sans doute à partir du viiie siècle, la cristallisation des cités. Thèbes se révèle très vite comme l'une des plus puissantes par son étendue, par son peuplement, par sa prospérité. Elle est dominée par les aristocrates, grands propriétaires fonciers, mais elle permet, peut-être dès la fin de la période archaïque, aux commerçants ayant abandonné le commerce depuis dix ans d'accéder aux magistratures. Elle entretient de bonnes relations avec certains tyrans, Clisthène de Sicyone et Pisistrate d'Athènes, qu'elle aide à récupérer le pouvoir.

Ses cultes sont très vivaces, comme l'ont montré les fouilles de trois sanctuaires suburbains : celui du héros local Isménios où deux temples, géométrique et archaïque, se succèdent, siège d'une pyromancie (divination par le feu) ; celui d'Amphiaraos, héros capital du cycle thébain, où les offrandes s'accumulent depuis l'époque mycénienne jusqu'au ve siècle ; celui des Cabires (des dieux assez mystérieux, d'origine thrace), doté d'un temple au vie siècle et lui aussi très fréquenté, si l'on en juge d'après le nombre des ex-voto retrouvés.

Thèbes réussit à détrôner sa rivale la plus forte, Orchomène, puis elle vise à constituer sous son hégémonie une confédération béotienne : c'est chose faite dans le troisième quart du vie siècle. On voit alors apparaître en Béotie un double monnayage, portant au droit un bouclier béotien et au revers un carré creux : monnaies fédérales avec BO (abréviation de Boiotoi) en monogramme, monnaies des différentes cités confédérées, dont Thèbes. Elles honorent en commun Poséidon à Onchestos et Athéna Itonia près de Coronée. La confédération triomphe des Thessaliens à Kéressos (à une date mal déterminée), mais, alliée aux Péloponnésiens et aux Eubéens, elle est défaite par Athènes en 506. Son attitude est particulièrement équivoque lors des guerres médiques, où les cités béotiennes « accordent la terre et l'eau à Xerxès » (c'est-à-dire reconnaissent sa suzeraineté) et combattent à ses côtés à Platées (479).

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Pierre LÉVÊQUE. THÈBES DE BÉOTIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Grèce : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Grèce : carte administrative

Autres références

  • ALEXANDRE LE GRAND (356-323 av. J.-C.)

    • Écrit par Paul GOUKOWSKY
    • 6 470 mots
    • 5 médias
    ...armée jusqu'au Danube, qu'il franchit. Après ce premier succès, il doit faire face aux Illyriens, qu'il impressionne par de savantes manœuvres militaires. Mais la rumeur de sa mort et les intrigues des Perses, relayées par l'orateur athénien Démosthène, poussent Thèbes à la révolte. Redescendu en...
  • AMPHION

    • Écrit par Robert DAVREU
    • 279 mots

    « Puis je vis Antiope [...] qui se vantait d'avoir dormi aux bras de Zeus ; elle en conçut deux fils, Amphion et Zéthos, les premiers fondateurs de la Thèbes aux sept portes, qu'ils munirent de tours, car, malgré leur vaillance, ils ne pouvaient sans tours habiter cette plaine. » Ces traits relevés...

  • BÉOTIE

    • Écrit par Pierre-Yves PÉCHOUX
    • 250 mots

    Plaines et montagnes de Béotie forment l'arrière-pays immédiat et bientôt l'arrière-banlieue d'Athènes. L'Hélikon (où se dressait le temple des Muses, Zagora) et le Kithèron sont des massifs calcaires aux versants émoussés, largement déboisés, dont les villages qui vivaient de...

  • ÉPAMINONDAS (env. 420-362 av. J.-C.)

    • Écrit par Universalis, Herbert William PARKE
    • 733 mots

    Général et homme d'État béotien, Épaminondas est né vers 420 avant J.-C. à Thèbes et mort en 362 avant J.-C. à Mantinée.

    Fils d'un aristocrate pauvre, Épaminondas reçoit néanmoins une bonne éducation auprès du pythagoricien Lysis de Tarente. Éloigné de la vie politique, il se lance dans...

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Voir aussi