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LIMBIQUE SYSTÈME

Mode d'action du système limbique

En se basant sur les observations faites en clinique humaine, ainsi que sur un grand nombre de données expérimentales obtenues chez différentes espèces animales, on peut considérer que le système limbique intervient essentiellement dans deux ensembles de processus étroitement complémentaires :

– d' une part, les processus par lesquels des éléments cognitifs et surtout un contenu affectif spécifique sont intégrés aux différents aspects de l'information sensorielle présente, par référence à l'expérience passée, au vécu. Cette intégration conduit à prévoir, à attendre certains résultats susceptibles d'être obtenus en répondant d'une certaine façon (ou susceptibles d'être évités en s'abstenant de répondre ainsi) à l'information du moment. Cette dernière peut ainsi acquérir certaines vertus motivantes, c'est-à-dire qu'elle devient susceptible d'inciter un organisme donné à répondre (ou à s'abstenir de répondre) par une séquence comportementale donnée ;

– d'autre part, les processus par lesquels s'effectue l'enregistrement des « succès » ou des « échecs » lors de la confrontation des résultats effectivement obtenus avec ceux qui étaient attendus, et partant la mise en route des renforcements positifs ou négatifs, avec consolidation ou au contraire extinction progressive de la liaison entre l'information sensorielle et la réponse comportementale.

Il est bien évident que tous ces processus présupposent que le vécu laisse des traces dans le cerveau et que ce dernier puisse s'y référer ultérieurement. Or, le système limbique – et tout particulièrement l'hippocampe – intervient également dans la constitution comme dans l'utilisation des traces mnésiques. En effet, les lésions de la formation hippocampique perturbent profondément la fixation et l'évocation des expériences récentes ; à l'inverse, une nette amélioration des performances dans un conditionnement instrumental peut être induite par une stimulation non épileptogène de l'hippocampe. Les recherches d'ordre neurochimique ont mis en évidence le rôle majeur joué, dans ces processus mnésiques, par des transmissions cholinergiques au sein de l'hippocampe.

Association d'une tonalité affective à un stimulus

En ce qui concerne l'association d'une signification « appétitive » ou « aversive » à un stimulus, l'enregistrement ou l'évocation du caractère plaisant ou déplaisant d'une expérience, le rôle joué par les structures limbiques du lobe temporal est bien mis en évidence par des données fournies respectivement par des expériences de lésion, par des perturbations fonctionnelles localisées et transitoires et par des enregistrements d'activités neuronales unitaires.

La section des connexions entre le cortex visuel et le lobe temporal n'empêche pas l'analyse des paramètres physiques du stimulus visuel, mais elle entraîne, chez le singe, la perte de la signification, en particulier affective, attachée au préalable à l'information de nature visuelle ; une lésion interrompant les connexions entre le cortex somesthésique et le lobe temporal perturbe, de son côté, la reconnaissance de la signification des objets sur la base des afférences tactiles. Le déficit induit par la section des connexions entre le cortex visuel et le lobe temporal est également observé à la suite d'une destruction bilatérale du cortex inféro-temporal ou encore du pôle temporal et de l'amygdale : le singe opéré est incapable de reconnaître le signal positif, c'est-à-dire celui qu'il avait précédemment appris à associer avec l'obtention d'une récompense.

Modulation de cette signification affective

Un animal porteur de lésions bilatérales de l' amygdale[...]

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Écrit par

  • : professeur de neurophysiologie à la faculté de médecine de Strasbourg, directeur du laboratoire de neurophysiologie du Centre de neurochimie du C.N.R.S., membre de l'Académie des sciences, président de l'E.B.B.S.

Classification

Pour citer cet article

Pierre KARLI. LIMBIQUE SYSTÈME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Structures corticales - crédits : Encyclopædia Universalis France

Structures corticales

Autres références

  • AGRESSIVITÉ, éthologie

    • Écrit par Philippe ROPARTZ
    • 3 931 mots
    ...à localiser les substrats nerveux de l'agression au niveau de structures sous-corticales et diencéphaliques : amygdale et hippocampe dans le système limbique (cf. système limbique), hypothalamus latéral dans le diencéphale. Une stimulation électrique des noyaux amygdaliens fait apparaître des comportements...
  • CERVEAU ET ÉMOTION

    • Écrit par Patrik VUILLEUMIER
    • 1 618 mots
    • 1 média
    Historiquement, un premier modèle neuro-anatomique proposé par James Papez (1883-1958) postulait que toutes les émotions dépendent de régions cérébrales « primitives », impliquant les fonctions végétatives et endocriniennes de l’hypothalamus et du tronc cérébral, sous le contrôle du cortex cingulaire...
  • CERVEAU HUMAIN

    • Écrit par André BOURGUIGNON, Cyrille KOUPERNIK, Pierre-Marie LLEDO, Bernard MAZOYER, Jean-Didier VINCENT
    • 12 782 mots
    • 9 médias
    Selon Paul MacLean (1958), théoricien d'un cerveau en trois parties selon des critères évolutifs, le système limbique correspond au cerveau paléo-mammalien, siège des motivations et des émotions. Il est capable de répondre à une information présente en faisant appel au souvenir d'informations...
  • HOMÉOSTASIE

    • Écrit par Jack BAILLET
    • 4 842 mots
    • 2 médias
    De la même manière, les divers étages du système nerveux végétatif sont coiffés par un système diencéphalo-limbique dont l'activité apparaît de manière évidente après ablation du manteau cortical (Goltz, W. B. Cannon), ou par excitation directe de certaines zones (J. P. Karplus et A. Kreidl...
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Voir aussi