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LIMBIQUE SYSTÈME

Rôle du système limbique

Dans la genèse des états de motivation

Pour assurer sa propre survie et celle de l'espèce à laquelle il appartient, l'organisme vivant doit préserver à la fois son intégrité physique, l'homéostasie de son milieu intérieur et l'équilibre socio-affectif avec son environnement ; il doit se reproduire et conduire sa progéniture jusqu'au stade d'une vie autonome. Pour ce faire, il dispose des programmes d'action de son répertoire comportemental, fruit de l'histoire biologique, évolutive, de l'espèce. L'utilisation de ce répertoire, et plus précisément la probabilité que soit actualisée telle ou telle des virtualités qu'il comporte, cela est fonction à la fois des signaux extérieurs, des conditions du milieu intérieur, et des expériences du vécu individuel qui sont très largement, chez l'Homme, le reflet de l'histoire socioculturelle de l'espèce.

La part prise respectivement par les fluctuations de certains paramètres du milieu intérieur et par les références faites à l'expérience passée, dans la genèse des états de motivation et des conduites qui en sont l'expression, varie grandement d'un type de comportement à l'autre. Lorsque la séquence comportementale fait partie intégrante de l'une ou l'autre des grandes régulations biologiques nécessaires à la survie de l'individu ou de l'espèce (comportements de recherche et d'ingestion de nourriture ou d'eau ; comportement sexuel mâle ou femelle ; comportement maternel), un rôle prééminent est joué par la fluctuation d'un paramètre du milieu intérieur détectée par des neurones spécialisés, en particulier hypothalamiques. L'activation de ces neurones signale l'existence d'un état de besoin (il est intéressant de constater que ces drive neurons hypothalamiques sont également activés lorsqu'on prive de morphine des rats intoxiqués par cette drogue), et elle oriente le comportement de l'organisme vers la satisfaction de ce besoin, par la mise en jeu conjuguée d'un ensemble de processus : « éveil comportemental » dû à l'élévation du niveau général d'activité et de réactivité du système nerveux central ; facilitation sélective de la réception et de la transmission des informations pertinentes (par ex. une odeur alimentaire ou une odeur sexuelle) ; accentuation sélective des vertus incitatives et gratifiantes inhérentes à ces mêmes informations. Chacune de ces séquences comportementales est donc, pour l'essentiel, l'expression d'une pulsion endogène correspondant à un besoin biologique créé par des conditions énergétiques, osmotiques ou endocriniennes particulières du milieu intérieur. Si l'on considère la seule finalité biologique immédiate de ces comportements, les mécanismes limbiques ne jouent qu'un rôle accessoire, en conférant à ces comportements un ensemble de nuances individuelles qui sont le fruit de l'expérience passée. On constate en effet que des lésions touchant différentes structures du système limbique n'interfèrent nullement avec le déclenchement et l'exécution du comportement alimentaire ou du comportement sexuel en tant que tel, mais qu'elles entraînent le plus souvent une perturbation profonde ou même une abolition des nuances individuelles.

Dans le domaine du comportement alimentaire, les lésions limbiques ont des répercussions nettes sur certaines attitudes individuelles à l'égard de la nourriture : changements plus ou moins profonds survenant dans les habitudes et dans les préférences alimentaires ; déficiences dans l'acquisition d'une aversion conditionnée pour un aliment donné ; perturbation de processus participant à l'établissement progressif – plus ou moins rapide selon les individus – de l'état de satiété sur la base d'afférences[...]

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Écrit par

  • : professeur de neurophysiologie à la faculté de médecine de Strasbourg, directeur du laboratoire de neurophysiologie du Centre de neurochimie du C.N.R.S., membre de l'Académie des sciences, président de l'E.B.B.S.

Classification

Pour citer cet article

Pierre KARLI. LIMBIQUE SYSTÈME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Structures corticales - crédits : Encyclopædia Universalis France

Structures corticales

Autres références

  • AGRESSIVITÉ, éthologie

    • Écrit par Philippe ROPARTZ
    • 3 931 mots
    ...à localiser les substrats nerveux de l'agression au niveau de structures sous-corticales et diencéphaliques : amygdale et hippocampe dans le système limbique (cf. système limbique), hypothalamus latéral dans le diencéphale. Une stimulation électrique des noyaux amygdaliens fait apparaître des comportements...
  • CERVEAU ET ÉMOTION

    • Écrit par Patrik VUILLEUMIER
    • 1 618 mots
    • 1 média
    Historiquement, un premier modèle neuro-anatomique proposé par James Papez (1883-1958) postulait que toutes les émotions dépendent de régions cérébrales « primitives », impliquant les fonctions végétatives et endocriniennes de l’hypothalamus et du tronc cérébral, sous le contrôle du cortex cingulaire...
  • CERVEAU HUMAIN

    • Écrit par André BOURGUIGNON, Cyrille KOUPERNIK, Pierre-Marie LLEDO, Bernard MAZOYER, Jean-Didier VINCENT
    • 12 782 mots
    • 9 médias
    Selon Paul MacLean (1958), théoricien d'un cerveau en trois parties selon des critères évolutifs, le système limbique correspond au cerveau paléo-mammalien, siège des motivations et des émotions. Il est capable de répondre à une information présente en faisant appel au souvenir d'informations...
  • HOMÉOSTASIE

    • Écrit par Jack BAILLET
    • 4 842 mots
    • 2 médias
    De la même manière, les divers étages du système nerveux végétatif sont coiffés par un système diencéphalo-limbique dont l'activité apparaît de manière évidente après ablation du manteau cortical (Goltz, W. B. Cannon), ou par excitation directe de certaines zones (J. P. Karplus et A. Kreidl...
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Voir aussi