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SYMBOLIQUE, psychanalyse

Le mot « symbolique » est employé sous sa forme substantive par Freud dans L'Interprétation des rêves : il désigne les symboles ayant une signification constante tels qu'on peut les retrouver dans certaines productions de l'inconscient et notamment le rêve. La cinquième section du chapitre vi de L'Interprétation est consacrée à la « figuration par symboles en rêve » : c'est ainsi qu'on y voit le chapeau comme symbole de l'homme, le petit comme organe génital, la représentation des organes génitaux par des bâtiments, des rentiers, etc. En fait, l'ensemble de l'œuvre de Freud consacrée au rêve contredit un tel usage du symbolique qui fonderait l'interprétation d'après un décryptage des symboles telle qu'elle se pratique dans toute clé des songes. L'interprétation des rêves est faite à partir du travail analytique et des associations qui sont faites avec les divers éléments du rêve. Il n'y a donc pas de symbolique avec un sens préétabli, mais une signification qui se déploie, se développe et s'enrichit.

Partant de cette constatation, Lacan précise en même temps qu'il rend davantage problématique une conception du symbolique définie comme un registre spécifique du champ analytique, à côté de deux autres registres, ceux de l'imaginaire et du réel. L'inconscient structuré comme un langage est fondé, autant qu'il le fonde, par le symbolique. Sa conception du symbolique est empruntée à Saussure et à sa thèse du Cours de linguistique générale : dans cette thèse, Saussure défend l'idée que le signifiant n'est pas un lien direct et significatif avec le signifié, mais que le signifié se constitue dans un rapport du « signifiant avec un autre signifiant » (J. Lacan). D'où l'importance de la diachronie (genèse, histoire du signifiant) et de la synchronie (sens donné par le contexte, c'est-à-dire les autres signifiants, autrement dit les associations faites à partir du texte du rêve).

Le sujet, qui entre dans un langage préétabli, se définit suivant un ordre symbolique, désigné par le nom du père, figure symbolique du complexe d'Œdipe et de l'interdit, ordonnatrice de sa résolution à travers le dépassement dans la castration symbolique.

— Jean-Claude SEMPÉ

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Pour citer cet article

Jean-Claude SEMPÉ. SYMBOLIQUE, psychanalyse [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARGENT, sémiologie

    • Écrit par Baldine SAINT GIRONS
    • 819 mots

    L'argent se définissant au sein du système économique comme l'équivalent général des échanges, il importe au premier chef de déterminer ce qui, dans le rapport d'échanges, permet la constitution d'un équivalent monétaire. Tout d'abord, « il s'agit, écrit Marx, de faire ce que l'économie bourgeoise...

  • CANNIBALISME

    • Écrit par Nicole SINDZINGRE, Bernard THIS
    • 4 188 mots
    • 1 média
    ...primordiale conjoint le meurtre du père, l'inceste, le cannibalisme, le sacrifice, la loi morale, la mort. Le meurtre du père instaure la « castration symbolique », puisque le « signifiant du nom du père » (en tant qu'auteur de la Loi) est lié à sa mort, un tel meurtre étant ce « moment fécond de la dette...
  • CASTRATION, psychanalyse

    • Écrit par Pierre KAUFMANN
    • 697 mots

    Bien que la hantise de la castration ait laissé son empreinte sur la Traumdeutung (L'Interprétation des rêves), la notion n'en a été dégagée par Freud qu'à une époque tardive, dans le contexte initial de l'homosexualité et de la phobie infantile. S'agit-il d'abord...

  • CORPS - Le corps et la psychanalyse

    • Écrit par Monique DAVID-MÉNARD
    • 3 971 mots
    La première détermination de cet autre corps consiste donc à le dire homogène à un phénomène symbolique : la réalité du bras est dénaturalisée, comparable à un drapeau, ce bout de chiffon pour lequel des soldats se sacrifient. Plus précisément, le corps, dans l'hystérie, apparaît d'abord homogène...
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Voir aussi