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L'INTERPRÉTATION DES RÊVES, Sigmund Freud Fiche de lecture

Sigmund Freud (1856-1939) emploie pour la première fois le terme de psychanalyse en 1896. Mais la naissance de la psychanalyse elle-même date de 1897, au moment du renoncement à la théorie traumatique, de la découverte du fantasme et du complexe d'Œdipe. L'Interprétation des rêves, qui paraît, daté de 1900, en novembre 1899, est la première publication à proprement parler psychanalytique et constitue une sorte d'origine. Le livre a commencé à être rédigé en 1896. Il est donc contemporain de ce qu'il est convenu d'appeler l'auto-analyse de Freud et en porte témoignage. L'ouvrage sera réédité huit fois et régulièrement remanié par Freud.

Le rêve est la voie royale de l'inconscient, celle qui aura permis à Freud de s'analyser comme un autre. D'emblée le rêve subvertit les frontières du normal et du pathologique, puisqu'il fait preuve chez le normal « d'une série de formations psychiques anormales ». Mais c'est en tant que modèle qu'il a une importance particulière.

Fondements d'une métapsychologie

Le livre comprend un premier chapitre qui traite de « la littérature scientifique concernant les problèmes du rêve ». Dans les quatre chapitres suivants, Freud développe sa théorie générale du rêve appuyée sur plusieurs exemples. Il expose une méthode d'interprétation, soutient l'affirmation que le rêve est un « accomplissement de désir », étudie les déformations du matériel dans le rêve, ainsi que les sources de celui-ci.

Les deux derniers chapitres revêtent une importance particulière. Ils développent les processus propres à l'inconscient et exposent un modèle de l'appareil psychique qui constitue le premier état des conceptions métapsychologiques de Freud, avant qu'il ne propose, dans les années 1920, une deuxième topique.

Dans le chapitre VI, Freud précise les mécanismes du travail du rêve, travail nécessaire à cause de la censure. En effet, les déformations sont nécessaires pour produire, à partir d'un contenu latent, le contenu manifeste du rêve. Ces mécanismes sont principalement la condensation et le déplacement. Ce travail du rêve est identique à l'activité psychique des névroses. Un même élément est surdéterminé et renvoie à plusieurs éléments inconscients différents, c'est la condensation. Quant au déplacement il consiste en ce que la quantité d'énergie normalement attachée à une représentation inconsciente peut être déplacée sur une autre de moindre importance, le long d'une chaîne associative. Deux autres éléments du travail du rêve sont également mis en avant, bien que d'importance moindre : d'une part la prise en considération de la figurabilité par le matériel psychique propre au rêve – il s'agit, le plus souvent, des images visuelles – et, d'autre part, l'élaboration secondaire par la censure, qui tend à rendre compréhensible le rêve manifeste. Pourquoi le rêve apparaît-il ainsi et que manifeste-t-il ? « Le rêve est un acte psychique complet, sa force pulsionnelle est toujours un désir à accomplir ; sa non-reconnaissance en tant que désir, ses bizarreries et ses absurdités multiples proviennent de la censure psychique qu'il a subie lors de sa formation. » Et Freud ajoute : « Le désir représenté dans le rêve est nécessairement infantile. Il provient, chez l'adulte, de l'inconscient. »

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Écrit par

  • : psychanalyste, ancien psychiatre des hôpitaux, professeur à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot

Classification

Pour citer cet article

Alain VANIER. L'INTERPRÉTATION DES RÊVES, Sigmund Freud - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • FREUD SIGMUND (1856-1939)

    • Écrit par Jacques LE RIDER, Marthe ROBERT
    • 16 152 mots
    • 3 médias
    L'Interprétation des rêves traduit le rêve en récit avant de l'interpréter. Freud raconte ses propres rêves, en reprenant des notes prises sur le mode du journal, puis en propose l'auto-analyse. Ce qui lui permet de définir la méthode d'interprétation des récits de rêve de ses patients, mais...
  • IMAGINATION (notions de base)

    • Écrit par Philippe GRANAROLO
    • 2 792 mots

    Quelle défiance les philosophes n’ont-ils pas montrée à l’égard de l’imagination ? L’imagination, « maîtresse d’erreur et de fausseté » pour Blaise Pascal (1623-1662), « folle du logis » et pire encore « folle qui se plaît à faire la folle » pour Malebranche (1638-1715). Même condamnation trois cents...

Voir aussi