Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

STRATIGRAPHIE

Calendrier de l'histoire de la Terre

Trois stratigraphies

Établir le calendrier de l'histoire de la planète Terre, c'est proposer un découpage conventionnel de cette histoire continue. En fonction de l'âge des roches étudiées, la nature de l'information stratigraphique diffère. Ainsi, des deux approches univoques, la géochronologie stratigraphique est cardinale et constitue pratiquement la seule approche disponible pour établir la chronologie des dépôts antérieurs aux fossiles à squelette (avant 540 Ma), tandis que la biostratigraphie est cardinale pour la chronologie des temps phanérozoïques. Ces temps fossilifères sont représentés, du plus ancien au plus récent, par le Primaire ou Paléozoïque, le Secondaire ou Mésozoïque, le Tertiaire ou Cénozoïque et le Quaternaire, cette dernière unité faisant l'objet de vives discussions concernant sa position, voire même sa nécessité (cf. encadré Débats autour du Quaternaire). Les autres approches sont plus rarement utilisables ou plus coûteuses à mettre en œuvre. Par ailleurs, pour les derniers cinq millions d'années (comprenant le Pliocène, ainsi que le Pléistocène et l'Holocène – ces deux dernières unités constituant classiquement le Quaternaire), il est communément possible d'appliquer toute une variété d'approches, chacune livrant une information largement suffisante pour une chronologie précise, ce qui permet, au moins pour le Quaternaire, de s'affranchir des unités conventionnelles relatives, lesquelles ne se justifient plus que pour des désignations régionales (Gélasien, Pliocène, Villafranchien...).

Il découle de ces constatations que trois stratigraphies se succèdent au cours du temps. Pour les temps précambriens (Hadéen, Archéen et Protérozoïque), c'est-à-dire antérieurs à quelque 540 Ma, l'affaire est simple : les unités conventionnelles admises aujourd'hui sont limitées par des âges numériques choisis de telle sorte qu'ils correspondent à des intervalles pendant lesquels des phénomènes géologiques particuliers ont été repérés. Pour les temps récents (de — 5 Ma à aujourd'hui), les conventions sont largement superflues puisque chaque approche est susceptible de livrer des successions d'événements géologiques et, donc, des échelles correspondantes qui sont des faits d'observation. Entre les deux (de — 540 Ma à — 5 Ma), un calendrier conventionnel, en révision depuis les années 1980, est en cours d'achèvement. Celui-ci est fondé sur quelques principes évoqués ci-après.

Stratigraphie par étages

Très tôt, les stratigraphes ont décrit sous le nom d'étages des corps de roche caractérisés par un contenu fossilifère distinct. Chaque bassin sédimentaire a ainsi donné lieu à un découpage en étages régionaux. Depuis les années 1980, la communauté stratigraphique tente d'élaborer une succession unique d'étages d'usage universel (tabl. 2). Ces étages constituent la plus petite unité conventionnelle globale et sont regroupés en séries déposées durant des époques ; les séries sont, à leur tour, rassemblées en systèmes déposés durant des périodes, lesquels systèmes se regroupent en érathèmes déposés durant des ères. Ces ères subdivisent le Phanérozoïque en trois larges portions anciennement reconnues comme ère des trilobites (correspondant au Paléozoïque ou ère primaire), ère des dinosaures (Mésozoïque ou ère secondaire) et ère des mammifères (Cénozoïque ou ère tertiaire), séparées par deux crises biologiques fondamentales : l'une à la fin du Permien (vers — 250 Ma) ; l'autre, à la fin du Crétacé (vers — 65 Ma). Il s'y ajoute une portion de faible durée mais d'importance considérable qui est usuellement définie par le concept de Quaternaire. Pour sa faible durée, certains auteurs ont négligé,[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Gilles Serge ODIN. STRATIGRAPHIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Stratigraphie : outils pour établir une chronologie - crédits : Encyclopædia Universalis France

Stratigraphie : outils pour établir une chronologie

Stratigraphie : échelle des temps géologiques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Stratigraphie : échelle des temps géologiques

Stratigraphie : grandes coupures géologiques en fonction de l'histoire de la biosphère - crédits : Encyclopædia Universalis France

Stratigraphie : grandes coupures géologiques en fonction de l'histoire de la biosphère

Autres références

  • STÉNON INVENTE LA STRATIGRAPHIE

    • Écrit par Florence DANIEL
    • 254 mots
    • 1 média

    Dès 1667, le savant danois Niels Steensen (1638-1686) – en français Nicolas Sténon – introduit dans un ouvrage d'anatomie les notions et les termes de « strates » et de « sédiments ». Selon lui, les couches du sous-sol sont d'anciens sédiments qui se sont peu à peu déposés au fond de l'eau et indurés,...

  • TERRE - Planète Terre

    • Écrit par Jean AUBOUIN, Jean KOVALEVSKY
    • 9 225 mots
    • 9 médias
    De l'étude des strates – ce sera la stratigraphie – naît unechronologie relative, chaque couche étant reconnue comme plus récente que celle qu'elle surmonte et plus ancienne que celle qui lui est superposée. On sut ainsi reconnaître le plus ancien du plus récent, mais sans en avoir la mesure...
  • ARCHIAC ADOLPHE DESMIER DE SAINT-SIMON vicomte d' (1802-1868)

    • Écrit par Myriam COHEN
    • 372 mots

    Géologue français. Préparé par ses études à une carrière militaire, il quitte l'armée en 1830 pour se consacrer entièrement à la géologie.

    Les premiers travaux de d'Archiac ont été des monographies régionales précises et détaillées. Il a d'abord fait une Description...

  • BASSIN SÉDIMENTAIRE

    • Écrit par Roger COQUE
    • 4 704 mots
    • 6 médias
    ...diversement combinées selon les cas, constituent un matériel rocheux dont l'épaisseur peut atteindre plusieurs milliers de mètres (de 3 000 à 4 000 m). Leur stratigraphie offre des lacunes d'importance variable accompagnées ou non de discordances angulaires. Il peut s'agir de sédiments de mers épicontinentales...
  • CAMBRIEN

    • Écrit par Alain BLIECK
    • 1 173 mots

    Cambrien est le nom donné, au xixe siècle, par Adam Sedgwick à une série stratigraphique du nord du pays de Galles. Ce nom vient de Cambria/Cumbria, formes latines du mot celte qui désigne cette région. Le Cambrien correspond au premier système de l'ère paléozoïque (ère primaire)...

  • Afficher les 52 références

Voir aussi