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STAATSOPER DE BERLIN

La capitale allemande possède trois théâtres lyriques dont deux, le Staatsoper et le Komische Oper, se trouvaient à Berlin-Est du temps de la R.D.A. La chute du Mur et la réunification des deux Allemagnes rendit à ces deux lieux leur identité nationale intrinsèque.

Si le Deutsche Oper dut son origine à la soif de culture et au désir d'élévation sociale de la bourgeoisie, le Staatsoper était, lui, de naissance aristocratique. Érigé par l'architecte Georg Wenzeslaus von Knobelsdorff à la demande du roi Frédéric II, il fut inauguré le 7 décembre 1742 avec l' opéra de Carl Heinrich GraunCleopatra e Cesare. Construit sur l'avenue Unter den Linden (« sous les tilleuls »), il reçut le nom de « Lindenoper ». Victime de trois incendies – le premier en 1843, les deux autres en 1942 et en 1945 à la suite de bombardements –, il fut à chaque fois reconstruit dans le style rococo initial. Il n'abrita pas immédiatement les événements majeurs de l'activité lyrique, qui eurent lieu au Königliches Nationaltheater, notamment la création du Freischütz de Weber sous la direction du compositeur, le 18 juin 1821. Ce sont deux personnalités prestigieuses, Gaspare Spontini à partir de 1820 et Giacomo Meyerbeer, qui lui succéda en 1842 comme Generalmusikdirektor, qui, malgré leur attachement au classicisme, surent ouvrir le théâtre à la musique romantique. Le « rossignol suédois » Jenny Lind fit alors ses premières apparitions, acclamées des Berlinois.

Le Lindenoper acquit une renommée considérable sous l'intendant Botho von Hülsen, qui en assura l'administration durant trente-cinq années (1851-1886) et finit par faire entrer Wagner au répertoire en dépit de ses propres réticences.

Von Hülsen offrit souvent à son public de luxueuses distributions, avec des solistes aussi réputés que Lilli Lehmann, Pauline Lucca, Franz Betz ou Albert Niemann. S'ouvrit alors au Lindenoper l'ère des grands chefs d'orchestre : Josef Sucher, Felix Weingartner, Karl Muck et Richard Strauss (dont les œuvres, jugées immorales, n'étaient pas programmées), auxquels succédèrent Franz Schalk, Bruno Walter et Leo Blech. Outre Caruso, qui s'y était produit dix-sept fois jusqu'en 1913, le Lindenoper accueille des étoiles du chant telles que Geraldine Farrar, Marcella Sembrich, Emmy Destinn et Francisco D'Andrade.

Sous l'intendance de Max von Schilling (1919-1925), soucieux de concilier tradition et opéra contemporain, figurent au répertoire des œuvres de Franz Schreker (Die Gezeichneten), Ferruccio Busoni (Turandot et Arlecchino), Walter Braunfels (Die Vögel), Hans Pfitzner (Palestrina) et Richard Strauss (Die Frau ohne Schatten), sans oublier naturellement la Mona Lisa de von Schilling lui-même, interprétée par son épouse Barbara Kemp. Nommé Generalmusikdirektor en 1924, Erich Kleiber aura dès l'année suivante son heure de gloire avec la création de Wozzeck d'Alban Berg.

En 1926, d'importants travaux de réaménagement obligèrent la troupe à se produire au Schauspielhaus et au Kroll Oper, scène « alternative » qui se distinguait par son esprit progressiste et devait fortement influencer l'évolution de la mise en scène lyrique. Otto Klemperer en était le directeur artistique et le chef d'orchestre principal ; les décors étaient confiés à des artistes aussi renommés que Caspar Neher et Teo Otto, la mise en scène assurée par des maîtres du théâtre comme Arthur Maria Rabenalt ou Gustav Gründgens. Mais le contrat de Klemperer fut résilié en 1933 par le régime national-socialiste et Wilhelm Furtwängler donna, dès 1935, sa démission du poste de premier Staatskapellmeister, qui lui avait été attribué en 1933.

Clemens Krauss, qui lui succéda à la tête du Lindenoper, fit connaître au théâtre un véritable apogée musical avec des représentations de Wagner dans des mises[...]

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Écrit par

  • : critique musical et traducteur, collaborateur d'Opéra international

Classification

Pour citer cet article

Jacques FOURNIER. STAATSOPER DE BERLIN [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • SUITNER OTMAR (1922-2010)

    • Écrit par Universalis
    • 408 mots

    Figure éminente de la vie musicale en Allemagne de l'Est, le chef d'orchestre autrichien Otmar Suitner était considéré comme le dernier représentant de la tradition des Kapellmeister germaniques. Otmar Suitner naît à Innsbruck, le 16 mai 1922. Il accomplit ses études musicales au conservatoire...

Voir aussi