Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ROCK PLANANT

Principalement instrumental, le rock planant ne tient pas compte des canons formels de la pop music. Il est à l'origine de l'ambient, forme de musique électronique qui a pour théoricien Brian Eno.

À la fin des années 1960, les premiers synthétiseurs* analogiques font leur apparition ; ils sont chers et volumineux. Les Beatles vont utiliser ponctuellement cette lutherie électronique dans leurs derniers enregistrements, par exemple pour le contre-chant de Here Comes the Sun, composée par George Harrison pour l'album Abbey Road (1969).

Du rock planant au space rock

Edgar Froese - crédits : Andreas Lander/ EPA

Edgar Froese

En 1966, les groupes britanniques Soft Machine et Pink Floyd participent à Londres à des spectacles-performances underground qui mêlent arts plastiques, poésie et musique. Les climats psychédéliques des Pink Floyd, tantôt méditatifs, tantôt violents, influencent Tangerine Dream. Ce groupe allemand, qui sort en 1970 l'album Electronic Meditation, s'inspire également de la musique électroacoustique savante. Son percussionniste, Klaus Schulze, fonde bientôt Ash Ra Tempel puis, à partir de 1973, compose et se produit seul en concert, entouré de murs de machines, parmi lesquelles le synthétiseur Moog modulaire. La lignée Tangerine Dream-Ash Ra Tempel-Klaus Schulze donnera des idées au groupe de musique synthétique allemand Kraftwerk, qui exercera une influence majeure sur la techno.

En 1971, Walter Carlos, ingénieur du son et compositeur diplômé de l'université Columbia, interprète la musique de Beethoven à l'aide de synthétiseurs pour le film de Stanley Kubrick Orange mécanique. Les codes « pléonastiques » de la musique de cinéma y sont remis en cause, certaines scènes de violence étant accompagnées par une musique pour le moins guillerette. Ami de Robert Moog, un des ingénieurs créateurs de la marque de synthétiseur éponyme, Walter Carlos avait publié en 1968 son premier album, Switched-On Bach. Adoptant une démarche similaire, le compositeur japonais Isao Tomita revisitera en 1975 Les Tableaux d'une exposition de Moussorgski, où chaque partie est reproduite note pour note par un seul et même instrumentiste grâce à l'enregistrement multipiste.

Les compositeurs répétitifs minimalistes américains travaillent sur le même concept en utilisant les bandes magnétiques (It's Gonna Rain, de Steve Reich, 1965) puis la lutherie traditionnelle (Piano Phase, pour deux pianos ou deux marimbas, Violin Phase, pour un violon et bande magnétique ou pour quatre violons, de Steve Reich, 1967 ; In C, de Terry Riley, 1964 ; Music in Twelve Parts, de Philip Glass, 1974).

Les musiciens pop mettent ces instruments nouveaux au service d'esthétiques émergentes qui emploient des textures sonores « inouïes ». Le space rock est principalement instrumental, et il ne tient pas compte des canons formels de la pop music (chanson de trois à quatre minutes, alternance des couplets et des refrains). La batterie et la guitare électrique – les instruments rois du rock – sont mises de côté ou subissent un traitement élaboré (effets de modulation comme le phasing*, écho...). La musique est souvent modale, avec un goût prononcé pour les pédales. En effet, les instrumentistes ne possèdent pas en général la technique « pianistique » suffisante pour jouer des traits compliqués et les synthétiseurs ne permettent pas encore de séquencer des phrases musicales : ils sont tout juste capables de répéter une note unique à un tempo déterminé.

L'influence des musiques extra-européennes est sous-jacente ou affirmée, comme dans China (1979), du Grec Vangelis (Evangelos Odyssey Papathanassiou), célèbre à la fin des années 1960 avec le groupe pop Aphrodite's Child, et qui va produire dans les années 1970 une série d'albums instrumentaux qui séduiront les initiés. Ce compositeur parvient cependant à toucher le grand public à la faveur de singles* aux mélodies entêtantes[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : compositeur, auteur, musicologue et designer sonore

Classification

Pour citer cet article

Eugène LLEDO. ROCK PLANANT [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Edgar Froese - crédits : Andreas Lander/ EPA

Edgar Froese

Autres références

  • FROESE EDGAR (1944-2015)

    • Écrit par Universalis
    • 351 mots
    • 1 média

    Le musicien allemand Edgar Froese fut le fondateur et l’unique membre constant du groupe de musique électronique Tangerine Dream, qui ne cessa d’évoluer au cours de sa longue existence et joua un rôle séminal dans la création du space rock, aux côtés d’autres groupes tels que Ash Ra Tempel...

Voir aussi