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ASSYRO-BABYLONIENNE RELIGION

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La religion occasionnelle

Malgré les pratiques cycliques qui assuraient la bonne marche du monde, de nombreux dangers menaçaient chaque individu, qu'il fût roi, notable ou simple particulier. La religion doit y faire face. Cette insécurité constante a provoqué une réflexion religieuse qui a déterminé les relations personnelles de l'homme avec la divinité, mais aussi avec les démons, et c'est le fondement de la religion occasionnelle. Celle-ci doit prévoir les dangers par la divination et y parer par la magie.

Le dieu de l'individu et ses démons

Plaque des Enfers - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Plaque des Enfers

L'un ou l'autre des dieux du panthéon est chargé de veiller spécialement sur chacun des Mésopotamiens : le fidèle se proclame « fils de son dieu » ; celui-ci réside dans le corps du fidèle et l'accompagne dans toutes ses activités. Ce dieu est attribué à chacun par le nom qui lui est donné, généralement théophore : Assurbanipal, « Assur est celui qui a formé le fils », Nabuchodonosor, « ô Nabû, garde le rejeton ! » ; certains fidèles préfèrent cacher le nom de leur dieu. Devenu adulte, ou accédant à une charge officielle, le Mésopotamien ratifie le choix qui a été fait de son dieu par ses parents en gravant son image sur son cylindre-sceau ; il peut changer de dieu si sa nouvelle situation l'y invite, ou s'il n'est pas satisfait de son aide. Pour s'assurer les bonnes grâces de son dieu le fidèle lui doit un culte personnel dans sa chapelle domestique, simplifié mais analogue à celui qui est rendu officiellement dans les temples. En retour, son dieu lui doit aide et protection en toutes circonstances. Il a d'ailleurs fort à faire car l'homme est environné de démons qui le guettent. Ceux-ci échappent à la saisie des sens : « Personne ne les remarque, ils s'assoient à côté d'un homme de façon que personne ne les voie » ; ils sont souvent asexués ; ils n'ont pas de nom à proprement parler car ils ne possèdent pas de personnalité définie ; ce sont des puissances, des forces du mal ; ils sont nuit, ouragans, fauves. On les classe selon leurs effets, certains d'entre eux sont des spécialistes des maladies : le démon de la peste et des épidémies, celui des maux de tête ; une démone s'attaque tout particulièrement aux femmes enceintes. Certains incarnent plutôt la méchanceté des grands dieux. Parmi eux figurent aussi les spectres des morts insatisfaits qui ont quitté la terre sans s'être accomplis : l'enfant mort en bas âge ou la femme morte en couches, ceux qui sont demeurés sans sépulture ou qui sont simplement oubliés. Leur pouvoir est cependant limité car le démon ne peut s'attaquer à l'homme que si celui-ci est abandonné de son dieu. Cet abandon peut résulter d'une faute consciente ou d'une négligence : les codes mésopotamiens ou les contrats sont assortis de malédictions qui privent ipso facto leur violateur de l'assistance des dieux. Mais la violation, même inconsciente, d'un tabou provoque le même résultat : « Le péché que j'ai commis je ne le connais pas, la faute que j'ai commise, je ne la connais pas. » Le plus souvent, c'est l'état d'impureté matérielle du fidèle, incompatible avec la pureté divine, qui provoque le départ du dieu : l'eau polluée des égouts dans laquelle on pose le pied, la rencontre d'une femme aux mains souillées, ou d'une personne maudite, ou même de quelqu'un qui mourra insatisfait. Des listes longues et minutieuses ont été dressées par les spécialistes, des actes qui doivent être évités à certains jours du mois ou de l'année sous peine de tomber sous les griffes des démons.

La divination

Pour lutter contre les éventualités mauvaises, il faut d'abord les prévoir. N'est pas devin qui veut ; il lui faut appartenir à la lignée de l'un ou l'autre des devins[...]

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Pour citer cet article

René LARGEMENT. ASSYRO-BABYLONIENNE RELIGION [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Le roi babylonien Nabu-Apal-Iddin est présenté au dieu Shamash - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Le roi babylonien Nabu-Apal-Iddin est présenté au dieu Shamash

La déesse Ishtar - crédits :  Bridgeman Images

La déesse Ishtar

Prêtre en prière devant les symboles des dieux Marduk et Nabu - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Prêtre en prière devant les symboles des dieux Marduk et Nabu

Autres références

  • ADAD ou HADAD

    • Écrit par
    • 146 mots

    Dans le panthéon classique, Adad, fils d'Anu, est le dieu de l'orage mésopotamien, mais son culte s'étendait largement au-delà de la Mésopotamie en particulier en Syrie, où il se confondit avec son homologue syrien Baal et le hourrite Teshub. Son symbole est la foudre ; on le...

  • AKITU

    • Écrit par
    • 866 mots
    • 2 médias

    Mot qui désigne, dans la civilisation assyro-babylonienne, à la fois une des plus importantes fêtes du calendrier liturgique et civil et, en même temps, le temple où une part essentielle du rituel se déroulait. Peu de textes nous en transmettent le récit ; encore sont-ils lacuneux et souvent, volontairement...

  • ANGES & ARCHANGES

    • Écrit par
    • 1 333 mots

    Venu du latin angelus, transcription de aggelos qui, en grec profane, désigne un messager, le mot « ange », dans la version des Septante, traduit l'hébreu maleak (« messager » [de Dieu]), terme qui s'applique surtout aux anges, mais aussi quelquefois aux prophètes (Is., ...

  • ANU

    • Écrit par
    • 485 mots

    Anu est le nom sémitisé du dieu sumérien An ; l'idéogramme qui le désigne signifie simultanément « ciel » et « dieu », en général. Dans le partage tripartite du monde, Anu règne par excellence sur les cieux. Il occupe, à ce titre, le sommet du panthéon classique babylonien. Environ quatre-vingts...

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