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PSYCHOLOGIE DE LA RELIGION

Origines

La genèse et les développements de cette sous-discipline ont suivi ceux de la psychologie en général. La psychologie de la religion trouve son origine dans cette nécessité scientifique d’étudier empiriquement les faits religieux, comme toute autre activité humaine, en tant qu’expériences individuelles et collectives vécues et non pas sur la base des convictions, conceptions et argumentations philosophiques, théologiques ou simplement idéologiques.

Deux traditions majeures se trouvent aux débuts de la psychologie de la religion, à la fin du xixe et au début du xxe siècle. La première est américaine, de fonds culturel protestant progressiste, et à tonalité empathique par rapport à son objet. Elle a comme précurseur G. Stanley Hall (1844-1924), ancien étudiant de Wilhelm Wundt qui fonda la psychologie expérimentale en Europe, mais qui était réticent à l’idée d’appliquer la méthode expérimentale à l’étude des processus mentaux supérieurs impliqués dans les manifestations culturelles. Hall fut le premier président de l’American Psychological Association (A.P.A.) et était intéressé par la religion chez l’enfant et l’adolescent, ainsi que par la maturité et l’éducation religieuses. La figure de proue à l’origine de cette tradition est William James (1842-1910), également président de l’A.P.A., psychologue mais aussi philosophe, connu en particulier pour son ouvrage devenu classique, The Varieties of ReligiousExperience (1901). Dans cet ouvrage, James pose les bases pour une étude de l’expérience religieuse individuelle en continuité avec la psychologie quotidienne de l’individu et se traduisant dans des formes d’expression différentes, notamment la religion des healthy-minded (« esprit sain ») et la religion de sick soul (« l’âme en détresse »).

La seconde tradition est européenne, de fonds culturel marqué par le moralisme catholique et le ritualisme juif, mais aussi par le rationalisme et l’athéisme progressistes ; elle est de tonalité suspicieuse par rapport à son objet. Elle est nourrie de l’expérience clinique et de l’étude de la psychopathologie du phénomène religieux. Pierre Janet (1859-1947), à Paris, étudie les aspects pathologiques (par exemple, hystérie, suggestion, délire, mélancolie) sous-jacents, dans une certaine mesure, à des expressions religieuses atypiques telles que les états mystiques ou la possession. Sigmund Freud (1856-1939), à Vienne, développe une conception de la religion comme étant l’expression du désir infantile de protection par la figure d’un Dieu père omnipotent, ainsi que comme étant une manifestation culturelle de la névrose obsessionnelle individuelle. Freud établit une analogie et parfois même une continuité entre les attitudes religieuses, la pensée de l’enfant et la pensée des peuples dits « primitifs ».

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Écrit par

  • : professeur ordinaire, université catholique de Louvain (Belgique), responsable du Centre de psychologie de la religion

Classification

Pour citer cet article

Vassilis SAROGLOU. PSYCHOLOGIE DE LA RELIGION [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • RELIGION - Religion et psychanalyse

    • Écrit par Antoine VERGOTE
    • 3 731 mots
    • 1 média
    ...lois psychologiques dégagées par Freud sont également repérables au niveau de l'observation, même si l'inconscient n'y est pas directement vérifiable. La psychologie de la religion se trouve ainsi dotée de principes d'interprétation et d'organisation. En second lieu, Freud a démontré l'existence d'un lien...

Voir aussi