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PROTECTION DE LA NATURE Aires protégées

Le cas des aires marines protégées

Traditionnellement, l'utilisation de l'espace marin, en particulier la pêche, a été réglementée par les populations locales afin de protéger des ressources essentielles pour leur survie, mais c'est seulement au début du xxe siècle que les fondements de la conservation des espaces marins ont été établis. Commence alors une évolution dans les mentalités, les concepts et leur mise en œuvre : on est passé de la gestion de l'usage de l'espace marin à la création de petites aires protégées marines, à gestion très stricte et concernant souvent une espèce ou un groupe d'espèces, pour finir par privilégier la gestion d'espaces de grande dimension à usages multiples, considérant les écosystèmes. Si l'objectif est resté le même – la protection du milieu marin et/ou de ses espèces – cette évolution est le résultat d'une meilleure connaissance du domaine marin, mais aussi d'une sensibilisation du public et des utilisateurs de ce milieu.

Au cours des années 1990, devant la multiplication des problèmes marins et côtiers, et en particulier en relation avec la remontée possible du niveau de la mer, de nombreux pays considèrent une nouvelle approche à travers la gestion intégrée de la zone côtière. En traitant les problèmes de développement dans leur ensemble et dans leurs interactions, les pays considèrent toutes les ressources marines et côtières comme des valeurs naturelles essentielles à leur développement, leur assurant de facto un statut spécial. La démarche s'applique, selon les pays, aussi bien au domaine terrestre (bassins versants) que marin et peut prendre en compte les eaux intérieures, les eaux territoriales et la zone exclusive économique.

L'évolution du concept d'aire marine protégée

Au début du xxe siècle, la gestion du milieu marin se limite à réglementer l'ensemble des activités menées par les individus, et plus particulièrement la pêche commerciale. Sa mise en œuvre est assurée au niveau national par diverses agences gouvernementales. Lorsque c'est nécessaire, les décideurs se réfèrent à des accords ou à des institutions internationales tels que le Conseil international pour l'exploitation de la mer, fondé en 1902, la Convention pour la protection des phoques du Pacifique nord, signée en 1911 entre les États-Unis, le Royaume-Uni, la Russie et le Japon, ou, plus récemment, la Commission internationale baleinière, créée en 1947, et la Convention internationale sur le droit de la mer, adoptée en 1982.

Une deuxième approche du concept de protection du milieu marin a vu le jour dans la seconde partie du xxe siècle. L'objectif est alors de créer de petites aires marines protégées au sein de l'espace maritime national, généralement adjacentes à des aires terrestres protégées, afin d'assurer une plus grande protection de ces sites en appliquant des différents principes de gestion. Selon leur rôle, les aires protégées sont appelées :

–  réserves de pêche, lorsqu'elles doivent permettre d'assurer la reproduction des espèces commerciales (poissons, crustacés) ;

– parcs marins, lorsqu'elles protègent une espèce, rarement un écosystème ou un paysage sous-marin tout en permettant en partie de nombreuses activités touristiques ou commerciales ;

– sanctuaires marins ou réserves intégrales, lorsqu'elles visent une évolution naturelle du milieu ou un site de référence pour mesurer les perturbations ailleurs ; dans ce cas, aucune activité humaine n'est possible sur ces lieux, hormis le suivi scientifique.

C'est dans le cadre de cette politique nationale de conservation qu'ont été adoptées de nouvelles législations. On peut citer, entre autres, aux États-Unis, la loi de 1972 sur la protection marine ainsi que le programme national sur les sanctuaires marins, ou[...]

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Écrit par

  • : responsable du programme d'assistance technique de l'Union européenne pour le développement des aires protégées du golfe d'Aqaba (Égypte)
  • : géographe, chargé de recherche à l'Institut de recherche pour le développement

Classification

Pour citer cet article

Alain JEUDY-DE-GRISSAC et Estienne RODARY. PROTECTION DE LA NATURE - Aires protégées [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Aires protégées et degré de protection - crédits : Encyclopædia Universalis France

Aires protégées et degré de protection

Aires protégées et mode de gouvernance - crédits : Encyclopædia Universalis France

Aires protégées et mode de gouvernance

Bisons d'Amérique, Yellowstone - crédits : David Schultz/ Getty Images

Bisons d'Amérique, Yellowstone

Autres références

  • LOI DU 10 JUILLET 1976 RELATIVE À LA PROTECTION DE LA NATURE EN FRANCE

    • Écrit par Jean-Pierre RAFFIN
    • 606 mots

    Annoncée par la délégation française à la conférence internationale sur l'utilisation et la conservation de la biosphère réunie à Paris sous l'égide de l’Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (U.N.E.S.C.O.) en septembre 1968, la loi sur la...

  • AGRICULTURE - Agriculture et industrialisation

    • Écrit par François PAPY
    • 7 421 mots
    • 3 médias
    En même temps que l'économie marchande accroît ses exigences sur la qualité des produits,les politiques publiques augmentent aussi les leurs pour préserver les ressources naturelles, mises à mal. L'année 1992 marque un tournant, qui se manifeste aux différents niveaux institutionnels : international...
  • AGRICULTURE BIOLOGIQUE

    • Écrit par Céline CRESSON, Claire LAMINE, Servane PENVERN
    • 7 882 mots
    • 6 médias
    En agriculture biologique, la protection des cultures est fondée sur la prévention des dommages causés par les ravageurs, les maladies et les adventices. Elle est caractérisée par une suite d’interventions mises en œuvre selon un ordre de priorité : les méthodes culturales visant la plante ; l’aménagement...
  • AGRICULTURE DURABLE

    • Écrit par Jean-Paul CHARVET
    • 5 444 mots
    • 10 médias

    Dans le langage courant, l’expression « agriculture durable » fait d’abord référence à une agriculture respectueuse de l’environnement, avec, comme principaux objectifs, la limitation du recours aux intrants (engrais, produits phytosanitaires…) d’origine industrielle. S’y ajoute la diversification...

  • AGRICULTURE URBAINE

    • Écrit par Jean-Paul CHARVET, Xavier LAUREAU
    • 6 273 mots
    • 8 médias
    ...n’était pas le cas. Dans ce pacte, il est précisé, entre autres, que les villes ont un rôle crucial à jouer dans la promotion de systèmes alimentaires sains et durables, dans le développement des relations entre citadins et ruraux ainsi que dans laprotection de l’environnement et de la biodiversité.
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Voir aussi