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PRÉDATION

La prédation, activité qu'il ne faut pas confondre avec l'agression, met en jeu des comportements très complexes et très différents suivant les espèces. Elle pose de graves problèmes aussi bien à l' éthologie qu'à la science de l'évolution.

Les éthologistes ont mis assez longtemps à accorder à la prédation toute l'attention qu'elle méritait. On s'était plutôt intéressé jusque-là aux comportements de rapprochement des sexes ou de soins aux jeunes. Pourtant, des études déjà nombreuses sur ce sujet mettent en évidence des comportements très complexes faisant appel aux facultés cérébrales les plus élevées. On décèle notamment la présence de stratégies de chasse peu différentes de celles qu'emploient les hommes.

Les données du problème

Prédation et agression. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, la différence est grande entre ces deux termes. Le comportement d'agression s'exerce entre sujets de la même espèce et très souvent de la même bande ou de la même famille. Il se manifeste par toute une série d'attitudes dites de menace, hautement ritualisées ; la conclusion n'en est pas nécessairement le combat avec blessures, mais le plus souvent le retrait de l'animal qui se sent dominé. La prédation est interspécifique. Le comportement de chasse qui précède la capture de la proie et même la mise à mort de celle-ci doivent être distingués avec soin du comportement d'agression. Les attitudes et les mimiques ne sont pas du tout les mêmes. Il suffit pour en être convaincu d'observer le comportement du chat qui a capturé une souris : le félin ne présente pas les signes de la colère qui sont si nets quand il s'en prend, par exemple, à un congénère. Bien au contraire, son attitude est plutôt celle du jeu. La prédation fait intervenir les comportements les plus compliqués et souvent les plus difficiles à interpréter.

L'aspect philosophique. On n'ignore pas les controverses infinies sur l'agression : est-elle innée ou acquise, y a-t-il des gènes de l'agression, doit-on étudier les phénomènes d'agression chez l'homme du point de vue génétique, etc. ? Ces controverses sont sans intérêt réel : elles n'expriment que des convictions idéologiques et politiques, les adversaires ayant leur solution toute prête et cherchant à écraser l'interlocuteur plutôt qu'à le convaincre. Nous sommes ici tout à fait en dehors de la science.

Malheureusement, nous n'échappons pas à l'idéologie en traitant de la prédation. La sociobiologie, que nourrit un néodarwinisme particulièrement naïf, soutient que la sélection naturelle a forcément optimisé toutes les conduites et en particulier celles de prédation ; cette école aboutit, en fait, à un finalisme forcené. Là non plus, nous ne sommes pas tout à fait sur un terrain strictement scientifique : les sociobiologistes ne cherchent pas la vérité avec un esprit parfaitement libre, ils veulent surtout trouver de nouveaux arguments à l'appui d'une théorie préétablie. Nous en dirons quelques mots à propos de la prédation chez les vertébrés.

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Écrit par

  • : professeur titulaire à l'université René-Descartes-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Rémy CHAUVIN. PRÉDATION [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Agélène (<it>Agelena labyrinthica</it>), araignée - crédits : Christoph Burki/ Getty Images

Agélène (Agelena labyrinthica), araignée

Autres références

  • ANIMAUX MODES D'ALIMENTATION DES

    • Écrit par René LAFONT, Martine MAÏBECHE
    • 4 312 mots
    La majorité des animaux carnivores (qu'il ne faut pas confondre avec le taxon des Carnivores) sont des carnassiers prédateurs : la masse alimentaire est mobile et il y a nécessité de capturer la proie avant ingestion, avec des organes spécialisés (pouvant déverser des venins toxiques) et...
  • ARACHNIDES

    • Écrit par Christine ROLLARD
    • 3 671 mots
    • 12 médias
    Les arachnides sont des organismes carnivores, la plupart insectivores. Les proies sont capturées à l’aide des chélicères et des pédipalpes, selon des techniques de chasse très diversifiées, qu’elles soient actives ou passives, en utilisant ou non des pièges. Leur digestion est partiellement...
  • ARAIGNÉES ou ARANÉIDES

    • Écrit par Christine ROLLARD
    • 5 386 mots
    • 7 médias
    Les araignées sont des animaux carnivores. Elles ne se nourrissent que de proies vivantes. Leurs comportements de prédation sont diversifiés ainsi que les moyens utilisés. Il existe de nombreuses stratégies de capture, avec ou sans piège. Les modes de chasse et la structure de l'habitat conditionnent...
  • BIOCÉNOSES

    • Écrit par Paul DUVIGNEAUD, Maxime LAMOTTE, Didier LAVERGNE, Jean-Marie PÉRÈS
    • 9 774 mots
    • 8 médias
    ...les chaînes alimentaires, qu'il vaut mieux d'ailleurs appeler réseaux trophiques, car les interrelations y sont innombrables. De fait, un prédateur capture souvent des proies très diverses qui varient par surcroît au cours de sa vie, et inversement un animal ou une plante peuvent être victimes...
  • Afficher les 21 références

Voir aussi