PERSEArts
Carte mentale
Élargissez votre recherche dans Universalis
Avant l'unification de l'Iran par les Perses, le pays d'Élam était la seule entité historique des hautes terres qui dominent les plaines de Mésopotamie, de Turkménie et de l'Indus. Situé sur le flanc sud-ouest de ce vaste ensemble montagnard, l'Élam, ou « pays haut », était fondamentalement double. Il englobait la plaine susienne, prolongement de la Mésopotamie, et les vallées du rebord occidental du plateau dont la principale correspond au Fars actuel, appelé à devenir la terre d'élection des Perses. Cette dualité géographique était aussi ethnique et culturelle, car les gens de la plaine étaient des sémites comme leurs voisins de Mésopotamie, alors que les montagnards de langue élamite étaient apparentés à leurs voisins de l'immense arrière-pays, pauvre quant à l'agriculture, mais riche de métaux et de minéraux. Les déplacements associés aux transhumances de ces gens largement nomades les ont de tout temps conduits dans la plaine agricole de Susiane, carrefour indispensable de leurs itinéraires lointains. C'est ce qui s'exprima par la dualité des capitales : Anshân appelée à être remplacée par Persépolis, puis par Chiraz dans le haut pays, et Suse dans la plaine où se rencontrent les deux populations complémentaires qui lui ont donné ses deux noms actuels, Khuzistan en persan et Arabistan en arabe.
Terrasse du palais de Persépolis, fondé par Darius Ier. Iran
Crédits : peuplier/ flickr ; CC-BY 2.0
Après avoir brûlé Persépolis, Alexandre, nous dit la tradition, conçut le projet d'une union étroite entre Hellènes et Perses ; il ne resta de lui, dans le vaste domaine iranien, que quelques villes qui portèrent son nom. De même, c'est par la fondation de colonies gréco-macédoniennes que les Séleucides tentèrent d'assurer les bases de leur pouvoir et de faciliter la diffusion de l'hellénisme (Séleucie de l'Élaios-Suse, Laodicée-Nehavend...). Aucune de ces villes n'est connue avec précision ; des ruines clairsemées, des sculptures dispersées et quelques inscriptions en langue grecque témoignent encore de cet effort.
Très vite, la domination des Séleucides fut graduellement refoulée par les Parthes, une tribu des confins du Nord, sous la conduite des Arsacides (notamment Mithridate Ier, 171-139 ou 138, et Mithridate II, 123-87). Une nouvelle géographie politique et culturelle s'élabore entre 250 et 140. Les provinces orientales, la Bactriane et la Sogdiane (actuel Afghanistan), devinrent de petits royaumes plus fortement hellénisés que l'Iran proprement dit et évoluèrent en liaison avec l'Inde, à laquelle elles se trouvèrent unies dans l'empire des Koushans. Quant à l'Iran, il forma avec la Mésopotamie (fondation de Ctésiphon) l'Empire parthe dressé face au monde gréco-romain. C'est cet antagonisme politique et aussi culturel qui domine l'histoire du Proche-Orient pendant environ trois siècles, et au-delà, quand les Sassanides auront remplacé les Parthes. À une période d'expansion et de consolidation du nouvel empire (liquidation des Séleucides, défaite romaine à Carrhes en 53 av. J.-C.) succède une période de stagnation et de décadence (assauts réitérés des Romains, émiettement interne).
Il reste toujours difficile de se faire une image précise de ce que furent la civilisation séleucide et surtout celle des Parthes en Iran même ; il n'y existe guère de fouilles de grande envergure sur un site parthe ; les documents demeurent rares et sont ordinairement mal datés. L'art parthe, dont on a tant parlé, nous apparaît le mieux à travers les découvertes faites en Mésopotamie, à Séleucide du Tigre, Assour, Hatra, Doura, Palmyre et Édesse.
L'Élam et l'Iran avant la conquête d'Alexandre
La préhistoire
Parcouru depuis des temps immémoriaux comme le reste du monde par des chasseurs-cueilleurs paléolithiques, l'Iran occidental accueillit, dans le courant du VIIIe millénaire avant J.-C., des nomades venus des plaines de l'Ouest, qui semblent y avoir introduit alors l'idée, née au Levant, d'une exploitation des plantes cultivables et des animaux domesticables qui y vivaient à l'état sauvage. Dès lors, ce que nous appelons la « révolution néolithique » suscita le long développement de la civilisation [...]
1
2
3
4
5
…
pour nos abonnés,
l’article se compose de 18 pages
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par :
- Pierre AMIET : inspecteur général honoraire des Musées de France, ancien conservateur en chef du département des Antiquités orientales du musée du Louvre
- Ernest WILL : membre de l'Institut
Classification
Autres références
« PERSE » est également traité dans :
PERSE - Vue d'ensemble
Idée de l'Iran et études iraniennes ont subi très longtemps un morcellement désastreux. On connaît le mot d'Oswald Spengler : « L'Iran a été livré aux philologues. » Le jugement est-il juste ? La responsabilité n'est-elle pas partagée par d'autres ? Toujours est-il que la représentation la plus courante, et dont le règne n'est peut-être même pas encore tout à fait clos, mor […] Lire la suite
PERSE - Histoire
Pour tenter de saisir ce qu'a été dans sa continuité l'histoire de la Perse antique, des origines à la conquête arabe, il faut retenir au moins trois données importantes : le premier peuple, les Élamites, qui ait imposé sa marque au sud-ouest de l'Iran n'est pas d'origine iranienne, mais son influence sur les siècles postérieurs semble encore plus profonde qu'on ne le croit aujourd'hui ; d'autre p […] Lire la suite
PERSE - Langues et littératures
Le vieux perse constitue avec l'avestique l'iranien ancien du groupe indo-iranien, principal représentant de l'indo-européen en Asie.Ancêtre du pehlevi (moyen perse) et du persan (iranien moderne), il est attesté par les inscriptions des anciens rois perses de la dynastie achéménide, éparpillées à travers leur empire : à Bīsutūn (dans la partie occiden […] Lire la suite
Voir aussi
- ART ACHÉMÉNIDE
- AGADÉ
- ART ANIMALIER
- ANTIQUITÉ architecture
- ANTIQUITÉ sculpture
- ARCHITECTURE RELIGIEUSE
- ARGILE sculpture
- ART DE L' ASIE CENTRALE
- ASSUR ou ASSOUR
- ROYAUME ÉLAMITE D' AWAN
- BAS-RELIEF
- BISHAPUR
- BRONZE sculpture
- ART DU BRONZE
- CACHET
- ARCHITECTURE CIVILE
- COLONNE
- TECHNIQUES DE CONSTRUCTION
- ÉCRITURE CUNÉIFORME
- DÉCORATION ARCHITECTURALE
Pour citer l’article
Pierre AMIET, Ernest WILL, « PERSE - Arts », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 20 janvier 2023. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/perse-arts/