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SASSANIDES

Le règne en Iran des Perses Sassanides, arrivés au pouvoir en 224 après J.-C. et restés maîtres d'un immense empire jusqu'au milieu du viie siècle, peut être considéré comme une transition entre l'Iran hellénisé des Parthes imprégnés de culture grecque et l'Iran islamisé pénétré par la culture arabe. On a défini cette période comme étant un retour à l'âge d'or des Achéménides et une réaction nationaliste hostile aux influences étrangères. Certes, il existe des analogies entre ces deux périodes : de même que les Perses d'Achéménès supplantèrent les Mèdes, leurs frères de race, de même les Perses d'Ardachir succédèrent aux Parthes ; et de même que l'empire des Achéménides s'effondra rapidement sous les coups d'Alexandre, de même celui des Sassanides ne résista pas longtemps aux armées arabes. Les uns et les autres surent profiter de l'expérience de leurs devanciers, en ne les écartant pas des postes de responsabilité. La présence de la langue parthe, à côté du moyen perse, à l'époque sassanide, atteste aussi une certaine continuité. Il serait pourtant vain d'exagérer la portée de ces analogies. Aussi bien, la Perse de cette époque fait partie d'un monde nouveau, marqué par l'extension du christianisme, en Mésopotamie d'abord, et par l'apparition de nouvelles religions qui voient le jour en Iran, comme le manichéisme, ou y pénètrent, comme le bouddhisme à l'est, en Asie centrale. Il se produit là un fait nouveau, capital pour l'histoire religieuse de l'Iran : ce foisonnement sur son sol de religions concurrentes et prétendant à l'universalisme a conduit le zoroastrisme non seulement à s'organiser en une religion d'État puissante et hiérarchisée, mais encore à se faire le persécuteur de ces religions étrangères. Dès le iiie siècle, la religion de Zoroastre, qui avait toléré tant les cultes assyro-babylonien, chaldéen, juif, égyptien que la religion grecque, devient véritablement intolérante. C'est la fin d'un monde où la cohabitation des croyances était possible. Toutefois, sur le plan de la culture profane, l'Iran demeure perméable aux apports étrangers.

Le IIIe siècle sassanide

C'est à Istaxr, en Perside, qu'Ardachir, petit-fils de Sāsān, l'éponyme de la dynastie, et fils de Pābag, attaché au temple d'Anahita, fomenta une révolte, puis battit et tua le Roi des rois parthe Ardavān IV dans la plaine d'Hormizdagān en 224. Il soumit la Babylonie et la capitale de Séleucie-Ctésiphon, ainsi que d'autres provinces de l'empire. Son fils, Shābuhr Ier (241-272), tout en consolidant le nouvel empire, s'illustra par plusieurs victoires remportées sur les Romains ; il triompha de l'empereur Gordien, obligea Philippe l'Arabe à faire la paix, et captura Valérien, comme l'attestent les bas-reliefs que ce Roi des rois fit sculpter en plusieurs endroits.

Les succès des deux premiers Sassanides, dans la fondation de leur empire, sont dus à une conjoncture exceptionnelle. Ils ont su profiter aussi bien de la désagrégation de la monarchie arsacide, résultant de la sécession des satrapies et de l'insoumission des nobles, que de la faiblesse des Romains, qui vivent alors la période la plus sombre de leur histoire, puisque, de 221 à 268, douze empereurs se succédèrent, dont certains ne restèrent au pouvoir que trois semaines. Les invasions barbares, les guerres malheureuses avec les Perses, la famine et la peste sont les principales raisons des profonds désordres qui ont marqué l'Empire romain après la disparition des Sévères.

Sous Ardachir et Shābuhr furent édifiées de nouvelles cités, portant le nom de ces souverains. Séleucie fut rebâtie sous le nom de Veh-Ardachir, mais ne resta probablement pas la capitale de l'empire. En comparant[...]

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Pour citer cet article

Philippe GIGNOUX. SASSANIDES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

300 à 400. Christianisme - crédits : Encyclopædia Universalis France

300 à 400. Christianisme

Palais d'Ardashir I<sup>er</sup> - crédits :  Bridgeman Images

Palais d'Ardashir Ier

Triomphe de Shapur I<sup>er</sup> - crédits :  Bridgeman Images

Triomphe de Shapur Ier

Autres références

  • AFGHANISTAN

    • Écrit par Daniel BALLAND, Gilles DORRONSORO, Universalis, Mir Mohammad Sediq FARHANG, Pierre GENTELLE, Sayed Qassem RESHTIA, Olivier ROY, Francine TISSOT
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    ...apparaissait un nouveau pouvoir, indigène et nationaliste, qui aspirait à la restauration de l'empire des Achéménides dans toute son étendue. C'était la dynastie sassanide dont le deuxième souverain, Shapour Ier, envahit l'empire des Kushana et, après avoir vaincu ses armées, mit à sac sa capitale d'été, Bagram....
  • ARDACHIR Ier (mort en 241) roi des Perses (224-241)

    • Écrit par Philippe OUANNÈS
    • 403 mots
    • 2 médias

    Petit-fils de Sāsān, ancêtre éponyme de la dynastie sassanide qu'Ardashīr (Ardachir) contribua à fonder. Jeune encore, il obtient de son suzerain Gushihr, le commandement militaire de la ville de Darabdjird. Il étend peu à peu son pouvoir sur les villes voisines, en les assiégeant, en tuant les...

  • BAHRĀM ou VAHRĀM LES

    • Écrit par Michèle ÉPINETTE
    • 702 mots
    • 2 médias

    Rois sassanides de Perse (iiie-Ve s.). Leur nom, Bahrām ou Vahrām, est dérivé du pehlevi varahran et de l'avestique verethraghna. Bahrām Ier (273-276) était le second fils de Šāhpūr Ier et le frère de Hormazd Ier auquel il succéda. Les événements politiques de son règne sont très mal...

  • FIRDOUSI (940 env.-env. 1020)

    • Écrit par Charles-Henri de FOUCHÉCOUR
    • 2 172 mots
    • 2 médias
    ...gouvernait seule le monde ; le nom de ses rois se retrouve aisément dans la tradition religieuse représentée par l'Avesta. Quand il aborde l'histoire des Sassanides, le Shāhnāmè cesse d'être proprement une épopée. Les faits historiques se font plus précis ; on y trouve de longs développements,...
  • Afficher les 15 références

Voir aussi