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PARTI RADICAL, France

L'organisation dite communément Parti radical se nomme en réalité Parti républicain radical et radical-socialiste. À sa naissance, le 21 juin 1901 à Paris, ce parti hérite de la tradition des divers comités radicaux dont le programme avait été exprimé par Gambetta (Belleville, 1869) puis par Clemenceau (Montmartre, 1881) ; plusieurs radicaux avaient déjà été présidents du Conseil (Ferdinand Buisson, Charles Floquet et Léon Bourgeois, le théoricien du solidarisme). Le Parti radical unifie des tendances rivales : les comités radicaux et progressistes (Buisson), les républicains radicaux-socialistes de la Seine et le comité de la rue Cadet (Clemenceau). C'est un rassemblement hétéroclite de comités électoraux de loges maçonniques, de sections de la Ligue des droits de l'homme et de la Ligue française de l'enseignement. Le Parti radical est surtout une machine électorale, dominée par les notables et les parlementaires qui sont membres de droit du comité exécutif élu par un congrès annuel. Aussi ses structures sont-elles toujours restées très lâches. Laïque et anticlérical, il est enraciné dans les milieux petit-bourgeois et paysans des pays du sud de la Loire ; il se proclame « résolument attaché au principe de la propriété privée » (programme de Nancy, 1907) ; conservateurs en matière sociale, les radicaux voient dans l'accession des salariés à la propriété le remède aux problèmes de la société industrielle. Parti de gauche face à une droite cléricale, sa conviction laïque est symbolisée par l'action du président du Conseil Émile Combes (1902-1905), qui dirige le parti jusqu'en 1913. Clemenceau, président du Conseil de 1906 à 1909, participe peu à la vie du parti, dont l'évolution est marquée par l'élection à la présidence du « technocrate » et affairiste Joseph Caillaux aux dépens du « quarante-huitard » Camille Pelletan (1913).

Pendant les années de l'entre-deux-guerres, le Parti radical pèse d'un poids considérable sur la vie politique : il est toujours sollicité pour présider le gouvernement ou y participer (sur 42 gouvernements, 13 sont présidés par des radicaux : 4 par Camille Chautemps, 3 par Édouard Herriot, 3 par Édouard Daladier, 2 par Albert Sarraut et 1 par Théodore Steeg) ; son action demeure prépondérante dans le domaine de l'éducation, surtout avec Herriot et Jean Zay ; de nombreux intellectuels en sont membres ou sympathisants (Charles Seignobos, Lucien Lévy-Bruhl et surtout le philosophe Alain, auteur des Éléments d'une doctrine radicale, 1925). Le Parti radical dirige les gouvernements du Cartel des gauches (1924-1926), il participe à l'élaboration, au déroulement puis à la liquidation du Front populaire (1936-1938) ; sa vie interne est marquée par les oppositions Herriot-Caillaux puis Herriot-Daladier, et par la constitution d'une « gauche radicale » qui regroupe des parlementaires rejetant toute discipline de parti. Quand la guerre éclate en 1939, le Parti radical dirige le gouvernement ; en 1940, la plupart de ses parlementaires votent la confiance au maréchal Pétain, mais il participe au Conseil national de la résistance dont le premier président, Jean Moulin, est un radical.

Antoine Pinay et René Mayer - crédits : Keystone-France/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Antoine Pinay et René Mayer

La IVe République voit la renaissance d'un parti qui participe à tous les gouvernements, de 1944 à 1958, et dont les membres président presque toutes les assemblées (Herriot, Gaston Monnerville, Sarraut, Émile Roche). Des dirigeants nouveaux apparaissent, comme René Mayer, André Marie, Felix Gaillard, Maurice Bourgès-Maunoury (tous présidents du Conseil), et surtout deux hommes dont l'opposition domine la vie du parti et qui se succèdent à la présidence du Conseil de 1954 à 1956 : Pierre Mendès France et Edgar Faure. Cette période est marquée par plusieurs crises : scissions et surtout départs spectaculaires se[...]

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Écrit par

  • : maître ès lettres, professeur à l'École alsacienne, Paris

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Pour citer cet article

Jean MENDELSON. PARTI RADICAL, France [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Antoine Pinay et René Mayer - crédits : Keystone-France/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Antoine Pinay et René Mayer

Autres références

  • CAILLAUX JOSEPH (1863-1944)

    • Écrit par Armel MARIN
    • 503 mots

    Personnage hors série de la IIIe République, Joseph Caillaux est issu de la bourgeoisie mancelle. Inspecteur des Finances, il se fait élire député de Mamers en 1898. L'année suivante, il est ministre des Finances dans le cabinet Waldeck-Rousseau. Son ralliement au radicalisme témoigne de...

  • CARTEL DES GAUCHES (1924-1926)

    • Écrit par Armel MARIN
    • 757 mots

    Coalition des partis de gauche, victorieuse aux élections du 11 mai 1924, le Cartel des gauches rassemble les socialistes S.F.I.O., les radicaux-socialistes, les républicains-socialistes et la gauche radicale contre les modérés et la droite, détenteurs de la majorité dans la Chambre « bleu...

  • CHAUTEMPS CAMILLE (1885-1963)

    • Écrit par Armel MARIN
    • 554 mots

    Combattant volontaire de la Première Guerre mondiale, Camille Chautemps est avocat et maire de Tours à partir de 1919 et député radical-socialiste d'Indre-et-Loire de 1919 à 1928. Ensuite, député du Loir-et-Cher de 1929 à 1934, il devient sénateur et le reste jusqu'en 1940. Il inaugure sa carrière...

  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - Les années Chirac (1995-2007)

    • Écrit par Pierre BRÉCHON
    • 9 350 mots
    • 6 médias
    ...gouvernement mais les socialistes, sous la houlette de Lionel Jospin, avaient réussi à négocier en janvier 1997 un accord électoral partiel avec les Verts et le Parti radical, leur réservant certaines circonscriptions en échange d'un appui accordé par eux dans d'autres. La dissolution surprise permet d'obtenir...
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Voir aussi