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WILDE OSCAR (1854-1900)

Déclin et chute : procès, exil et mort

C’est en 1895, alors même que L’Importance d’être constant triomphe sur la scène du St James’s Theatre à Londres, que se noue le drame qui assombrira les dernières années de vie d’Oscar Wilde. En réaction à une note injurieuse – « Pour Oscar Wilde qui pose au somdomite[sic] » – déposée au club de Wilde en février 1895 par le marquis de Queensberry, lord Alfred Douglas convainc l’écrivain d’intenter un procès en diffamation pour régler ses comptes avec Queensberry, que Douglas déteste. Wilde perd ce premier procès. Le marquis de Queensberry sera ensuite à l’instigation d’un nouveau procès contre lui, qui donnera lieu à une troisième action en justice, à l’issue de laquelle l’écrivain sera jugé coupable d’outrage aux mœurs (grossindecency) et condamné à deux ans de prison avec travaux forcés. Il purge sa peine à la prison de Reading, où il rédige une longue lettre – qui sera publiée en 1905, de manière posthume, sous le titre de Deprofundis. Il s’agit d’un réquisitoire contre lord Alfred Douglas, mais aussi d’un essai autobiographique dans lequel l’écrivain revient sur ses convictions esthétiques et sa carrière passée.

Libéré le 19 mai 1897, Wilde quitte pour toujours la Grande-Bretagne. Sous le pseudonyme de Sebastian Melmoth, il s’installe d’abord en Normandie. C’est là qu’il commence à travailler à LaBallade de la geôle de Reading, long poème narratif qui traite des derniers jours de Charles Thomas Wooldridge, militaire condamné à mort pour le meurtre de sa femme et exécuté par pendaison en juillet 1896, dans la prison de Reading, où Wilde était lui-même incarcéré. Au-delà du cas de Wooldridge, LaBallade de la geôle de Reading offre une réflexion sur la culpabilité universelle (« Tout homme tue ce qu’il aime », répète le poème). Le texte paraît en 1898, d’abord sous le matricule que portait Wilde en détention, « C.3.3 ». C’est le dernier publié de son vivant.

Malade et ruiné, Oscar Wilde meurt le 30 novembre 1900 à l’hôtel d’Alsace, rue des Beaux-Arts à Paris, à l’âge de quarante-six ans. Ses obsèques, en présence de quelques rares proches, ont lieu le 3 décembre 1900. Il est inhumé au cimetière de Bagneux, où sa dépouille reposera jusqu’en 1909, date à laquelle son corps sera transféré au cimetière du Père-Lachaise à Paris. En 1914 est inauguré un monument funéraire réalisé par l’Américain Jacob Epstein, qui suscite alors la polémique en raison des parties génitales visibles de la figure surmontant le tombeau. Même post-mortem, l’écrivain irlandais n’en finit pas de faire parler de lui…

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Écrit par

  • : maître de conférences à l'université de Reims Champagne-Ardenne

Classification

Pour citer cet article

Xavier GIUDICELLI. WILDE OSCAR (1854-1900) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Oscar Wilde, 1882 - crédits : Napoleon Sarony/ Everett Historical/ Shutterstock

Oscar Wilde, 1882

Autres références

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    • Écrit par Françoise COBLENCE
    • 1 078 mots
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  • LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY, Oscar Wilde - Fiche de lecture

    • Écrit par Marie-Gabrielle SLAMA
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  • BEAUTÉ, MORALE ET VOLUPTÉ DANS L'ANGLETERRE D'OSCAR WILDE (exposition)

    • Écrit par Marie-Claude CHAUDONNERET
    • 1 029 mots
    • 1 média

    Après le Victoria and Albert Museum de Londres (2 avril-17 juillet 2011), le musée d'Orsay (12 septembre 2011-15 janvier 2012), puis le Legion of Honor San Francisco (18 février-17 juin 2012), l'exposition consacrée à l'Aesthetic Movement a permis de mettre en lumière un mouvement...

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    • Écrit par Anne-Marie LECOQ
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