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BEAUTÉ, MORALE ET VOLUPTÉ DANS L'ANGLETERRE D'OSCAR WILDE (exposition)

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<it>Sainte Cécile</it>, J.W. Waterhouse - crédits : The Bridgeman Art Library/ Christie's Images

Sainte Cécile, J.W. Waterhouse

Après le Victoria and Albert Museum de Londres (2 avril-17 juillet 2011), le musée d'Orsay (12 septembre 2011-15 janvier 2012), puis le Legion of Honor San Francisco (18 février-17 juin 2012), l'exposition consacrée à l'Aesthetic Movement a permis de mettre en lumière un mouvement artistique peu connu en France. Cette nouvelle esthétique, qui se développa de 1860 à 1900 dans l'Angleterre victorienne, s'étendit à tous les domaines artistiques, revendiquant pour les arts appliqués le même idéal de beauté que pour les beaux-arts, ce qui consistait une véritable révolution.

Dans les années 1860, un petit groupe, rassemblant peintres et poètes, décorateurs et artisans anglais, prône le culte de la beauté et le rejet des œuvres porteuses d'un discours moralisateur ou didactique. Leur mot d'ordre est « l'art pour l'art », formule héritée de Théophile Gautier. Ces esthètes ne sont pas réunis par une théorie précise mais par un goût commun de la provocation, une volonté commune d'échapper aux rigidités morales de la société bourgeoise, de se libérer des conventions académiques et du matérialisme de l'âge industriel. Oscar Wilde, porte-parole de l'Aesthetic Movement et figure sulfureuse de l'époque, est le fil conducteur de l'exposition ; ses aphorismes, inscrits sur les murs des salles, en rythment le parcours. Cet ensemble, où sont juxtaposées les différentes formes d'art, s'ouvre avec L'Adoration des mages (1904) aux couleurs éclatantes, une tapisserie tissée d'après les dessins d'Edward Burne-Jones par la compagnie fondée par William Morris. Un coloris somptueux, une des caractéristiques du mouvement, des toiles aux couleurs vives illuminent la dernière salle de l'exposition avec les drapés orangés des trois figures féminines de Solstice d'été (1887) d'Albert Moore et le rouge vermillon de la robe de Faustine (1904) de Maxwell Armfield.

L'exposition retrace les étapes de l'histoire de l'Aesthetic Movement. Dans un premier temps le mouvement est limité à un cercle restreint d'artistes et de poètes. William Morris, la figure centrale de l'Aesthetic Movement et l'un des pères du mouvement dans le domaine des arts décoratifs, prône la nécessité du Beau jusque dans les objets de la vie quotidienne. Visitant l'Exposition universelle de Londres en 1851, il avait été surpris par la laideur des objets présentés, conséquence, selon lui, de la révolution industrielle qui privilégiait le profit au détriment de la qualité. Socialiste utopique engagé, il entendait redonner de la noblesse au travail des ouvriers, les soustraire aux objectifs de rapidité et de rentabilité. Créateur et homme d'affaires, il fonde, en 1861, sa propre entreprise d'artisans d'art avec l'architecte Philip Webb et les peintres Burne-Jones, Ford Madox Brown et Dante Gabriel Rossetti. Ce dernier avait été, en 1848, un des fondateurs de la Confrérie préraphaélite, première tentative de libérer l'art des codes académiques.

Au début des années 1870, cette « révolution » esthétique prend de l'ampleur en s'emparant de tous les secteurs des arts décoratifs. Les artistes se libèrent de l'unité de style et cherchent leurs sources ornementales dans des époques et des pays variés (Grèce, Japon). La diversité des inspirations et des matériaux est illustrée dans l'exposition par la juxtaposition de très belles pièces qui allient l'élégance formelle et le raffinement des matériaux, comme la simple chaise cannée d'Edward William Godwin ou l'opulent fauteuil rembourré avec placages et incrustations de divers bois (vers 1884) de Lawrence Alma-Tadema. Les objets les plus usuels sont d'un raffinement extrême, en particulier ceux créés par Christopher Dresser qui recherche[...]

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Écrit par

  • : docteur, H.D.R. du C.N.R.S. au laboratoire de recherche en histoire de l'art du Centre André Chastel

Classification

Pour citer cet article

Marie-Claude CHAUDONNERET. BEAUTÉ, MORALE ET VOLUPTÉ DANS L'ANGLETERRE D'OSCAR WILDE (exposition) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 02/01/2012

Média

<it>Sainte Cécile</it>, J.W. Waterhouse - crédits : The Bridgeman Art Library/ Christie's Images

Sainte Cécile, J.W. Waterhouse