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ORIENTATION ANIMALE

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Orientation lointaine et navigation

Conditions

Les phénomènes d'orientation lointaine sont liés aux migrations. Celles-ci peuvent être définies comme des comportements collectifs propres à l'espèce ou, plus exactement, comme des instincts liés à la reproduction et à l'hivernage. Du point de vue de la génétique des populations, la migration apparaît comme une des trois possibilités évolutives principales d'un type animal particulier : confrontée avec des variations écologiques extrêmes, elles-mêmes déterminées par les changements climatiques saisonniers, une espèce peut être menacée de disparition. Elle peut toutefois développer des capacités de régulation qui, défendues par la sélection, définiront à long terme les potentialités adaptatives d'une forme sédentaire. Dans ce cas, une ségrégation géographique rigoureuse sera généralement observée. Si de tels mécanismes n'ont pas pu manifester leurs effets, certaines espèces peuvent survivre par le développement de comportements collectifs susceptibles de mener aux mêmes résultats qu'une organisation hautement complexe des régulations sédentaires. C'est dans ces conditions que la migration devient un caractère de l'espace. En résumé, ou bien l'organisme parvient à se fixer dans un type donné de milieu (sédentarité), ou bien il n'y parvient pas et est obligé de changer périodiquement de milieu (migration).

Saumon - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

Saumon

La condition essentielle à l'établissement du caractère migrateur d'une espèce est la capacité de gagner un lieu éloigné de l'habitat actuellement occupé. Ce lieu ne pouvant être repéré directement à partir de la localité de départ, il est indispensable que l'espèce puisse l'atteindre indirectement par un procédé permettant d'estimer les caps et la durée du déplacement. Ces deux exigences couplées définissent tout procédé de navigation. Les exemples d'espèces migratrices sont nombreux. Parmi les poissons, ce sont les anguilles et les saumons qui sont le mieux connus sous ce rapport. Les anguilles vivent en eau douce jusqu'à leur maturité sexuelle. Lorsqu'elles atteignent une longueur de 100 à 150 centimètres, elles migrent vers la mer et vont se reproduire dans la mer des Sargasses (entre 220 et 300 de latitude nord et 480 à 650 de longitude ouest). Les larves, ou leptocéphales, sont entraînées par les courants marins et gagnent les eaux douces. Dans le cas de l'anguille européenne, ce voyage prend deux ans et demi environ. Les jeunes poissons pénètrent dans les fleuves et migrent à leur tour vers la mer à la maturité. Quant au saumon, il naît en eau douce, se développe en mer et revient dans les rivières pour se reproduire. Les distances couvertes par les poissons migrateurs sont considérables. Des saumons marqués en mer ont été retrouvés dans des rivières à 3 000 kilomètres de leur point de départ. Ce sont toutefois les oiseaux migrateurs qui effectuent les voyages les plus longs. Ainsi, les sternes (Sterna macrura) se reproduisent dans l'Arctique et vont hiverner dans l'Antarctique, ce qui représente un déplacement de 20 000 kilomètres environ.

Mécanismes de guidage

Plusieurs hypothèses ont été émises pour tenter d'expliquer l'orientation des animaux migrateurs. G. Ising (1945) et V. C. Wynne-Edwards (1949) furent les premiers à faire remarquer que le seul repère universel de la navigation était le soleil et qu'au cours de leurs déplacements les migrateurs pouvaient, en principe, estimer leurs changements de position en longitude en se référant aux variations des heures de lever et de coucher du soleil. On avait en outre remarqué que la direction initiale prise par les oiseaux migrateurs était plus précise par temps clair que par temps couvert. Kramer (1950) montra que les étourneaux captifs avaient tendance à adopter une orientation[...]

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Écrit par

  • : professeur honoraire à l'université de Louvain, membre de l'Académie royale des sciences et de l'Académie royale de langue et de littérature française de Belgique, membre correspondant du Muséum national d'histoire naturelle de Paris

Classification

Pour citer cet article

Georges THINÈS. ORIENTATION ANIMALE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Force électromotrice d'opposition chez les planaires - crédits : Encyclopædia Universalis France

Force électromotrice d'opposition chez les planaires

Ommatidie et ses huit rhabdomères - crédits : Encyclopædia Universalis France

Ommatidie et ses huit rhabdomères

Saumon - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

Saumon

Autres références

  • DANSE DES ABEILLES

    • Écrit par et
    • 502 mots
    • 1 média

    Le zoologue autrichien Karl von Frisch, Prix Nobel de physiologie ou médecine en 1973, a réalisé des travaux décisifs concernant la communication sociale chez l'abeille. Ainsi, avant les années 1950, il a décodé la danse qu'exécute une abeille butineuse lors de son retour...

  • LANGAGE DES ABEILLES

    • Écrit par
    • 212 mots
    • 1 média

    Depuis des siècles, des danses d'abeilles à l'intérieur de la ruche ont été observées. Mais leur signification reste inconnue jusqu'aux travaux décisifs de Karl von Frisch, publiés dès 1927 : Aus dem Leben der Bienen (La Vie des abeilles). Celui-ci découvre que les...

  • MIGRATIONS ANIMALES

    • Écrit par et
    • 11 698 mots
    • 17 médias
    Les repères olfactifs jouent un rôle important chez les poissons et peut-être chez les mammifères, mais l'orientation des oiseaux et sans doute d'autres animaux met en jeu une véritable navigation d'après des repères astronomiques.
  • PRIMATES

    • Écrit par
    • 22 942 mots
    • 12 médias
    ...verus ; Loireau, 1985). Dans de nombreux cas, chez les Prosimiens nocturnes et diurnes, chez les Platyrhiniens, voire chez le cercopithèque de Brazza, l'imprégnation de l'environnement par des marques odorantes facilite l'orientation spatiale et l'individualisation du domaine vital.