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OLMÈQUES

Au xvie siècle, les Aztèques appelaient Olmeca (« ceux du pays du caoutchouc ») les habitants de la zone du golfe du Mexique. Ce nom a été repris dans les années 1940 pour désigner le style artistique original de sculptures découvertes alors dans les États mexicains du Veracruz et du Tabasco. Les fouilles scientifiques entreprises dans ces régions, et ailleurs en Mésoamérique, ont depuis permis de dater les vestiges de style olmèque de 1200 à 500 avant J.-C., et d'observer leur distribution sur un vaste territoire qui s'étend du Michoacán au Costa Rica. On distingue la zone du golfe, où les sites à sculpture monumentale sont concentrés, des autres régions moins homogènes, où les sites sont plus dispersés. Comme on peut s'y attendre, les petits objets, faciles à transporter, ont été distribués sur de très longues distances.

Les Olmèques de la côte du golfe

Il semblerait que cette civilisation se soit développée dans la zone du golfe, où l'on a découvert des traces d'occupation pré-olmèque appartenant à des agriculteurs sédentaires qui connaissaient la poterie. Ils vivaient dans des hameaux ou villages, de préférence au bord des rivières, et cultivaient le maïs, les courges et les haricots. Cette zone au climat chaud et humide, à la végétation tropicale luxuriante, parcourue de nombreux cours d'eau, a favorisé leur établissement. Là, on pouvait obtenir jusqu'à quatre récoltes de maïs par an, et on complétait sa subsistance avec les produits de la cueillette, de la chasse et de la pêche. Si la zone du golfe jouissait d'un potentiel agricole particulièrement élevé, elle était en revanche défavorisée en minéraux et autres matériaux. Sur place, ses habitants ne disposaient pas de basalte pour leurs sculptures, leurs outils ou leurs armes, d'obsidienne pour leurs couteaux et leur petit outillage, de pierre verte et de serpentine pour leurs figurines et leurs bijoux. Cette absence de matériaux a rendu nécessaire la création de réseaux de trocs avec d'autres régions. Cette circulation de biens, entraînant des échanges de personnes et d'idées, a favorisé à la fois le développement de la civilisation olmèque en Veracruz et Tabasco, et son exportation vers d'autres zones. Les Olmèques se procuraient le basalte des montagnes Tuxtla, l'ilménite du Chiapas, la pierre verte (comme le jade) de la vallée du Motagua ; Oaxaca exportait des miroirs en hématite, du mica, de la serpentine et du schiste. À San Lorenzo, l'obsidienne provenait de trois sources : la région de Puebla (Guadalupe Victoria), la vallée de Mexico (Otumba) et les hautes terres du Guatemala (El Chayal).

San Lorenzo, qui connaît son apogée entre 1150 et 900 avant J.-C., est le premier centre civique et religieux de la Mésoamérique. C'est une immense plate-forme artificielle de 7 kilomètres carrés construite à partir de l'aménagement d'une colline naturelle. Les résidences de l'élite et les bâtiments à usage cérémoniel bâtis sur des plates-formes tronconiques en terre occupaient la partie haute du site. Les maisons en adobe (briques crues séchées au soleil) des gens de moindre statut se trouvaient plus bas et des terrasses agricoles étaient aménagées sur les côtés de ce grand plateau. La sculpture comprend environ 80 monuments, rarement isolés, qui constituent des groupes ; on compte dix têtes colossales, des autels, et de nombreuses statues de personnages réels et mythologiques. Un réseau de distribution d'eau, constitué de pierres creusées en U et recouvertes de dalles, constitue une œuvre collective de grande envergure. De même, le transport jusqu'au site de blocs de basalte, pouvant atteindre 40 tonnes, depuis les montagnes Tuxtla, distantes à vol d'oiseau de 60 kilomètres, représentait un effort considérable. À San Lorenzo, on façonnait aussi de petits objets à partir de matériaux importés : perles de collier en ilmenite,[...]

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Classification

Pour citer cet article

Claude-François BAUDEZ. OLMÈQUES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AGUADA FÉNIX, site archéologique

    • Écrit par Éric TALADOIRE
    • 2 830 mots
    • 3 médias
    ...beaucoup de prudence, Inomata et Triadan avancent une occupation dès cette période, antérieure aux occupations documentées sur d’autres sites mayas. Ils soulignent aussi les difficultés soulevées par ce matériel qui diffère de celui qui provient dessites olmèques voisins ou des sites du Chiapas.
  • AZTÈQUES (notions de base)

    • Écrit par Universalis
    • 3 537 mots
    • 13 médias
    La civilisation olmèque, qui s’épanouit au Ier millénaire avant notre ère, développe et diffuse les traits culturels qu’on retrouve par la suite dans les civilisations mésoaméricaines.
  • PRÉCOLOMBIENS - Méso-Amérique

    • Écrit par Rosario ACOSTA NIEVA, Universalis, Brigitte FAUGÈRE, Oruno D. LARA, Éric TALADOIRE
    • 17 212 mots
    • 4 médias
    Par l'ampleur de leurs cités, et la maîtrise de leur art, les Olmèques dominent sans conteste le paysage culturel du Préclassique Moyen (1200-300 avant J.-C.), ce qui leur a valu la dénomination de civilisation mère de la Méso-Amérique. Ils ont, les premiers, édifié de gigantesques pyramides...
  • ZAPOTÈQUES

    • Écrit par Rosario ACOSTA NIEVA
    • 3 313 mots
    • 1 média
    ...Les défunts, accompagnés d'offrandes en céramique, sont inhumés sous les sols des maisons ou dans les cours. À cette époque se tissent des liens avec les Olmèques de la côte du golfe du Mexique, relations attestées par la présence de céramique importée, de minéraux inexistants dans la région, d'aiguillons...

Voir aussi