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ŒCUMÉNISME

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L'évolution du Conseil œcuménique des Églises

Le Conseil œcuménique des Églises (C.O.E.) a subi, pour sa part, le contrecoup du piétinement postconciliaire. Certains de ses responsables avaient été des membres très actifs du Groupe mixte de travail, commission commune au Conseil œcuménique des Églises et à l'Église catholique. En 1971, ce groupe rédigea un document envisageant les modalités concrètes d'une participation de l'Église catholique au Conseil œcuménique. Rome refusa ce texte, suggérant qu'un rapprochement plus étroit à la base était nécessaire avant de franchir une nouvelle étape au sommet. Et, à partir de 1978, le pontificat de Jean-Paul II a prolongé cette ligne attentiste. Si le pape s'est déclaré, à plusieurs reprises, favorable à l'œcuménisme, il entendait surout par là manifester sa volonté de poursuivre le dialogue avec certaines confessions protestantes (anglicanisme et luthéranisme notamment) au détriment du rapprochement entre l'Église catholique et le Conseil œcuménique des Églises. Le compromis, réalisé en 1982, sur le baptême, l'eucharistie et le ministère n'a guère été suivi d'effets car, en fait, les divergences restent fortes et expliquent le refus catholique de reconnaître le ministère pastoral. L'arrivée d'un pastorat féminin a même accentué une divergence. Par ailleurs, on constate un ralentissement dans la création d'Églises protestantes unies. Le C.O.E. en est venu à souhaiter arriver à une « communauté conciliaire » d'Églises locales qui soient étroitement liées les unes aux autres et qui reconnaissent mutuellement la validité de leurs ministères. Cet objectif apparaît plus ou moins lointain suivant les régions et les nations.

Conseil œcuménique des Églises - crédits : Encyclopædia Universalis France

Conseil œcuménique des Églises

De fait, le Conseil œcuménique des Églises reste une association d'Églises non romaines. Certains critiquent son caractère quelque peu bureaucratique.

Dans les années 1970, alors que le rapprochement confessionnel avançait à petits pas, la dimension politico-sociale du témoignage chrétien a pris une importance de plus en plus grande. Ainsi, Foi et constitution, organisme chargé d'étudier les problèmes strictement théologiques, s'est occupé des rapports des Églises et de l'État. Dès la Conférence de Bangkok (déc. 1972-janv. 1973), organisée par Mission et évangélisation, il avait d'ailleurs été indiqué que toute théologie est « contextuelle », c'est-à-dire enracinée dans un contexte culturel et politique qui la marque. L'évolution de la théologie en Occident le montrerait. Les tentatives d'« élaborations théologiques autochtones » des Églises du Tiers Monde ont été ainsi encouragées, même si certains Européens ont craint que cela n'entraîne des risques de syncrétisme.

Une telle optique suscite des oppositions qui sont devenues de plus en plus fortes au fur et à mesure du déclin des utopies politiques de changement de système socio-économique. Les années 1980 et 1990 ont été marquées par une insistance nouvelle sur la piété, voir la liturgie. Le développement du mouvement charismatique n'a pas été étranger à cette évolution, de même naturellement que la fin du communisme en U.R.S.S. et en Europe de l'Est.

De nouvelles préoccupations ethico-sociales étaient d'ailleurs apparues, dès les années 1970 au sein du Conseil œcuménique des Églises : défense de l'environnement et utilisation de l'énergie nucléaire notamment. En juillet 1979, la conférence « Foi, science et avenir » à Boston avait demandé un moratoire de cinq ans pour la construction de toute nouvelle centrale nucléaire). La lutte contre les diverses formes de discrimination que subissent les femmes s'est également développée.

L'ensemble de ces questions a été discuté lors des Assemblées générales de Nairobi (nov.-déc.[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études émérite du groupe Sociétés, religions, laïcités au C.N.R.S.
  • : docteur d'État en théologie, administrateur du musée Calvin de Noyon
  • : professeur des Universités, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Lyon-II-Louis-Lumière

Classification

Pour citer cet article

Jean BAUBÉROT, Georges CASALIS et Étienne FOUILLOUX. ŒCUMÉNISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Média

Conseil œcuménique des Églises - crédits : Encyclopædia Universalis France

Conseil œcuménique des Églises

Autres références

  • ANGLICANISME

    • Écrit par
    • 4 370 mots
    • 2 médias
    La conférence de Lambeth de 1920 a lancé aux autres confessions chrétiennes un « Appel en faveur de l'unité ». Affirmant leur double parenté catholique et protestante, les évêques anglicans réunis présentaient la communion anglicane comme un pont entre les Églises traditionnelles et les confessions issues...
  • ATHÉNAGORAS Ier (1886-1972) patriarche de Constantinople (1949-1972)

    • Écrit par
    • 594 mots
    • 1 média

    Le patriarche Athénagoras a joué un rôle déterminant dans l'évolution contemporaine de l'Église orthodoxe et du Mouvement œcuménique.

    Né dans l'Épire encore ottomane, il étudia à la faculté patriarcale de Halki puis devint secrétaire de l'évêque de Monastir, en Macédoine, pendant...

  • BENOÎT XVI JOSEPH RATZINGER (1927-2022) pape (2005-2013)

    • Écrit par et
    • 2 491 mots
    • 1 média
    Benoît XVI a tenu à poursuivre le dialogue interreligieux. Conscient de ce que les réformes fécondes s'opèrent selon le rythme lent de l'évolution des mouvements religieux, et non selon les exigences d'un monde pressé de voir dans l'immédiat des résultats spectaculaires, il a continué patiemment de chercher...
  • BIBLE - L'étude de la Bible

    • Écrit par
    • 6 436 mots
    ...conditionnée et commercialisée d'abord en deux volumes : le Nouveau Testament en 1973, l'Ancien Testament en 1975. Artisans de cette œuvre exceptionnelle, les biblistes chrétiens, catholiques, protestants et orthodoxes réunis, tinrent ainsi, répondant à l'appel du concile Vatican II, à rendre ostensible l'œcuménisme...
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