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NIRVĀṆA ET SAṂSĀRA

Le nirvāṇa dans les autres religions de l'Inde

Le mot nirvāṇa sert aussi parfois à désigner le salut dans la littérature des autres religions de l'Inde, des diverses sectes du jainisme et de l' hindouisme ; cependant il y prend un sens différent puisque celles-ci admettent l'existence d'un principe personnel – « soi », « principe vital » ou autre – qui, étant éternel, subsiste donc dans l'état de délivrance et peut en goûter la béatitude. Ce salut, généralement appelé « délivrance » ( mokṣa), n'a guère de commun avec le nirvāṇa du bouddhisme que sa nature de cessation complète et définitive des renaissances, et ainsi des souffrances qui accompagnent toute existence.

Pour le jainisme, la libération est atteinte quand le « principe vital » (jīva), ayant rejeté toutes les conséquences de ses actes (karman) et toutes ses activités corporelles, se retrouve « isolé » (kevalin), dans sa pureté naturelle, jouissant enfin pleinement, grâce à sa conscience, de la « vue » infinie, de la connaissance infinie, de la béatitude infinie et de la puissance infinie.

Si les diverses écoles du brahmanisme et de l'hindouisme s'accordent pour définir le salut comme la délivrance du monde des transmigrations et de tout ce qu'il implique, souffrance, mal, souillure, ignorance, illusion, retribution des actes, elles diffèrent sur leurs conceptions de cet état. Selon les unes (Sāṃkhya, Yoga), il serait l'« isolement » (kaivalya) du principe personnel dans sa pureté essentielle ; pour d'autres, l'union du « soi » ( ātman) avec le brahman universel, soit que le premier se fonde dans le second, thèse soutenue par les Upaniṣad et par Śaṅkara, soit que l'ātman conserve plus ou moins son individualité (autres écoles du Vedānta). Presque toutes ces écoles affirment que cet état de libération est pure et éternelle béatitude, bien que nombre d'entre elles précisent en même temps qu'il est une inconscience totale, analogue à celle du sommeil profond, par suite de l'arrêt définitif de toute activité mentale. Plusieurs d'entre elles reconnaissent l'existence de « délivrés vivants » (jīvanmukta) comparables aux saints bouddhiques qui ont atteint le premier nirvāṇa mais non pas encore l'« extinction complète ».

— André BAREAU

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Écrit par

  • : professeur au Collège de France, chaire d'étude du bouddhisme

Classification

Pour citer cet article

André BAREAU. NIRVĀṆA ET SAṂSĀRA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BOUDDHISME (Histoire) - Le Buddha

    • Écrit par André BAREAU
    • 4 309 mots
    • 2 médias
    La cessation de la douleur, c'est la cessation de la soif, donc celle des trois racines du mal, convoitise, haine et erreur, leur « extinction » (nirvāṇa) totale, leur complet épuisement. Elle est atteinte ici-bas par les saints bouddhiques du degré le plus élevé, et à plus forte raison par le...
  • BOUDDHISME (Les grandes traditions) - Bouddhisme indien

    • Écrit par Jean FILLIOZAT, Pierre-Sylvain FILLIOZAT
    • 10 641 mots
    • 1 média
    ...présence d'esprit, investigation des choses, énergie, joie, tranquillité, position du psychisme, imperturbabilité. La cessation de la douleur est appelée nirvāṇa, « Extinction ». C'est l'arrêt de toutes les choses régies par la Loi du jeu naturel (dharma), l'arrêt du jeu des cinq ensembles phénoménaux. Il...
  • BRAHMANISME

    • Écrit par Anne-Marie ESNOUL
    • 3 594 mots
    Apparue toute formée aux vie-ve siècles avant notre ère, dans les upaniṣad comme dans le bouddhisme et le jaïnisme, une autre croyance, dont on ne peut préciser l'origine, conditionne la vie religieuse : c'est celle du saṃsāra.
  • EXTINCTION COMPLÈTE DU BOUDDHA

    • Écrit par François CHENET
    • 219 mots

    L'Extinction complète (parinirvāṇa), c'est-à-dire « sans reste de conditionnement », qui scella, pour le Bouddha, l'arrêt de la servitude transmigratoire (saṃsāra) – au terme de 547 existences successives, selon la tradition – et son entrée dans un état de paix éternelle...

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Voir aussi