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NERVEUX (SYSTÈME) Neurogenèse et évolution

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Du S.N.C. des invertébrés à celui des vertébrés

La différence fondamentale entre les systèmes nerveux de ces deux groupes de métazoaires est plus immédiatement sensible à l'observateur si l'on en considère la morphologie générale plutôt que les propriétés fonctionnelles des neurones, voire de l'organisation synaptique. En effet, si comme nous l'avons dit plus haut des différences certaines existent pour celles-ci, elles ne sont pas toujours facilement discernables et réclament des méthodes d'analyse perfectionnées. Il en va tout différemment sur le plan morphologique. Il nous suffit pour mettre cette notion en lumière de nous rappeler que dans une coupe transversale du corps d'un invertébré à symétrie bilatérale, une annélide par exemple, on rencontre en direction dorso-ventrale tout d'abord l'axe vasculaire, puis le tube digestif et enfin le système nerveux axial. Cependant, au niveau de la tête, un amas ganglionnaire pair (les ganglions cérébroïdes ou cerveau) est dorsal à la partie orale du tube digestif ou œsophage et relié par des connectifs encerclant celui-ci à un amas ganglionnaire sous-œsophagien. Chez les vertébrés, la disposition est inverse puisque l'axe cérébro-spinal est dorsal sur toute sa longueur à la fois au tube digestif et à l'axe circulatoire.

Cette différence fondamentale, très difficile à expliquer dans la mesure où l'on admet que les invertébrés sont les ancêtres des vertébrés, a évidemment amené les naturalistes à envisager diverses hypothèses dont certaines, tout en étant relativement anciennes, ont cependant conservé une part d'actualité.

L' embryogenèse des différents groupes de métazoaires fait apparaître une différence structurale fondamentale entre certains d'entre eux. On sait qu'à partir du stade blastula des multiplications et des migrations cellulaires complexes caractérisant la gastrulation vont amener la formation d'une cavité destinée à fournir l'intestin primitif. Cette cavité a tout d'abord la forme d'une gouttière dont les bords, se rapprochant puis se soudant, donneront finalement naissance à un tube. Celui-ci, ouvert à une de ses extrémités (le blastopore) et fermé à l'autre, peut rester tel chez l'adulte, trait caractéristique des groupes les plus primitifs : cœlentérés et plathelminthes dont le tube digestif ne possède en effet qu'une ouverture servant à la fois de bouche et d'anus. À partir des némertiens, un second orifice à l'extrémité opposée du corps apparaît. Ainsi se forme un tube digestif possédant une entrée et une sortie, et tel qu'il se présente dans tous les autres groupes de métazoaires.

Néanmoins, une différence fondamentale va séparer certains groupes des autres. Chez les protostomiens, le blastopore fournira l'ouverture céphalique (bouche) du tube digestif ; c'est le cas des némertes, némathelminthes, rotifères, mollusques, annélides et arthropodes, ainsi que d'autres groupes moins importants. Chez les autres, les deutérostomiens, beaucoup moins nombreux puisqu'ils ne renferment que les échinodermes, les différents prochordés (hémichordés, urochordés, céphalochordés) et les vertébrés, l'ouverture blastoporale donnera au contraire l'anus.

À cette différence essentielle s'en ajouteront d'autres, accentuant le clivage entre protostomiens et deutérostomiens. C'est ainsi que, chez les premiers, le mésoderme sera au moins en partie d'origine ectoblastique, alors qu'il sera plutôt endoblastique chez les seconds. De même, la segmentation de l'œuf en éléments cellulaires sera de type spiral chez les deutérostomes et radiaire chez les protostomes.

Ces distinctions fondamentales et d'apparition embryologique très précoce rendent quasi impossible d'admettre l'hypothèse suivant[...]

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Écrit par

  • : professeur de psychophysiologie à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie

Classification

Pour citer cet article

Paul LAGET. NERVEUX (SYSTÈME) - Neurogenèse et évolution [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 10/02/2009

Médias

Théorie de l'orthogone - crédits : Encyclopædia Universalis France

Théorie de l'orthogone

Méduse : réseau nerveux ectodermique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Méduse : réseau nerveux ectodermique

Neurone unipolaire vrai - crédits : Encyclopædia Universalis France

Neurone unipolaire vrai

Autres références

  • ORGANISATION DISCONTINUE DU TISSU NERVEUX

    • Écrit par
    • 249 mots

    Les éléments qui composent le tissu nerveux sont-ils en continuité ou seulement en contiguïté ? La question oppose, à la fin du xixe siècle, les « réticulistes », partisans d'un tissu nerveux constitué de cellules anastomosées par leurs dendrites et leurs axones en de véritables réseaux...

  • ACARIENS

    • Écrit par et
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    • 2 médias
    La plupart des acariens possèdent un système nerveux très condensé, limité à une masse ganglionnaire – appelée synganglion ou « cerveau » – entourant la partie antérieure du tube digestif. Le synganglion est inclus dans un sinus du système circulatoire recevant l'aorte dorsale. De nombreuses cellules...
  • ACÉTYLCHOLINE

    • Écrit par
    • 1 910 mots
    • 2 médias
    L'ACh existe dans le tissu nerveux essentiellement sous forme inactive liée à une protéine, ce qui la protège contre la destruction enzymatique. Dès sa libération, elle subit une hydrolyse par l'acétylcholinestérase (AChE). Presque simultanément la choline-acétylase assure la néosynthèse d'ACh qui est...
  • ADRÉNALINE

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    • 2 médias
    C'est également sous forme de granules que la noradrénaline est, elle aussi, stockée dans les terminaisons nerveuses. La concentration en catécholamines de ces granules est moins grande que dans les granules de la médullo-surrénale ; le rapport noradrénaline/ATP y est différent (de 12 à 18/1). La libération...
  • AGRESSION (psychologie sociale)

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