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MUSÉES DE PROVINCE, France

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En France, depuis la fin des années 1970, les musées connaissent un développement et un renouveau qui n'ont guère de comparable que leur essor dans la seconde moitié du xixe siècle ou celui des maisons de la culture dans les années 1960. Ce mouvement, que l'État a amorcé et soutenu (mais aussi retenu), concerne, au-delà des grands musées nationaux relevant de la tutelle du ministère de la Culture ou d'autres ministères (Enseignement supérieur et Recherche, Justice, Défense, etc.), les innombrables établissements appartenant aux collectivités locales, villes et départements, ainsi que les musées associatifs, voire privés ; il ne touche pas non plus les seuls musées de beaux-arts, mais les musées d'art contemporain, les musées d'archéologie et les « musées de société », expression sous laquelle ont été rassemblés voici quelques années les musées d'ethnologie, les écomusées, les musées du patrimoine industriel, les musées d'histoire, etc.

L'impulsion parisienne

L'État a joué un rôle certain d'incitation, de définition puis d'encadrement de ce mouvement qu'il a aussi largement soutenu en contribuant au financement de très nombreuses opérations de création ou de rénovation (plus de trois cents selon les chiffres publiés par la seule Direction des musées de France qui, à travers l'Inspection générale des musées, contrôle environ mille établissements ; et plus de 2 000 millions de francs accordés par l'État aux chantiers des musées des collectivités et des associations depuis 1981), sans parler de l'aide apportée aux acquisitions et aux campagnes de restauration. La loi de programme du 11 juillet 1978 (1 400 millions de francs sur cinq ans, dont 287 millions pour les musées classés et contrôlés) a amorcé en effet cette évolution en permettant le renouveau ou la création, avec l'aide de l'État, d'établissements tels que le musée du Petit Palais en Avignon (extension), le musée de Préhistoire de Nemours (achevé en 1980), le musée d'Art moderne de Villeneuve-d'Ascq (inauguré en 1983), le musée des Beaux-Arts d'Orléans (inauguré en 1984) et le musée d'Aquitaine à Bordeaux (transfert et extension depuis 1986), etc.

Au début des années 1980, les opérations en cours étaient peu nombreuses, l'intérêt éprouvé par les collectivités locales pour le renouveau de ce secteur étant alors un phénomène assez timide. À dire vrai, le succès remporté par les grands établissements nationaux qui voient le jour à Paris (ouverture du Centre Georges-Pompidou en 1977, puis du musée Picasso (1985) et du musée d'Orsay (1986), enfin extension et rénovation du Louvre de 1989 à 1996) a probablement été le facteur le plus décisif : il a contribué en effet à faire prendre peu à peu conscience aux élus de l'atout que peut représenter pour une ville ou une région, à la fois en termes de prestige mais aussi en termes socioculturels et économiques (tourisme, investissements des entreprises, créations d'emplois, etc.), une institution telle que le musée, dès lors que son image se modernise et que de véritables moyens d'action en direction du public lui sont accordés.

Il apparaît ainsi que le goût bien français pour le bâtiment – qu'il convient toutefois de resituer, s'agissant du renouveau des musées, dans une tendance mondiale présente de Francfort à Los Angeles en passant par Londres et Madrid –, ce goût manifesté par quatre présidents de la République successifs (Georges Pompidou avec le Musée national d'art moderne, Valéry Giscard d'Estaing avec le musée d'Orsay, François Mitterrand avec le Louvre et, plus largement, avec les Grands Travaux dont certains concernaient des musées en région tels que Grenoble, Lyon ou Lille et Jacques Chirac qui a imposé le projet d'un[...]

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Pour citer cet article

Robert DUPIN. MUSÉES DE PROVINCE, France [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • ARCHÉOLOGIE (Archéologie et société) - Aménagement des sites

    • Écrit par et
    • 5 946 mots
    • 3 médias

    La notion de musée de site archéologique suit de peu les réflexions sur le patrimoine monumental, qui aboutissent à la charte de Venise adoptée en mai 1964 pour défendre l'intégrité de tout vestige mobilier ou immobilier conservé in situ.

    Les premières définitions du musée de site archéologique...

  • CAEN

    • Écrit par
    • 996 mots
    • 1 média

    Caen, chef-lieu du Calvados et capitale de la Basse-Normandie jusqu’au 31 décembre 2015, est depuis 2016 le siège du conseil régional de la région Normandie. La ville compte 111 300 habitants et son aire urbaine 403 600 habitants (2012).

    La ville est établie de part et d'autre de l'Orne,...

  • CAMPANA COLLECTION

    • Écrit par
    • 2 232 mots
    • 1 média
    ...4500 vases de la collection Campana exposés au musée Napoléon, seuls 3400 lui furent attribués, les autres étant envoyés dans des villes de province. Étant donné l'abondance de la collection et le fait que bien des catégories d'objets (vases étrusques et grecs, sculptures en terre cuite, urnes cinéraires...
  • CENTRE NATIONAL D'ART & DE CULTURE GEORGES-POMPIDOU

    • Écrit par
    • 2 385 mots
    • 1 média
    ...fondatrice du brassage des publics). Néanmoins, la période qui s'ouvre en 2000 se situe dans le prolongement de deux ambitions originelles du Centre : la présence en région, qui passe par une politique de déconcentration, avec l'implantation d'un Centre Pompidou à Metz en 2010, et le...