Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MÉTACOGNITION

Comment les sentiments métacognitifs sont-ils formés ?

Quoique les sujets n'en aient pas conscience, les sentiments noétiques sont eux-mêmes l'expression de multiples heuristiques qui sont construites par le cerveau au fil du temps. Une heuristique est un ensemble d'indices qui porte une information sur la probabilité du succès de l'action à engager (faisable/infaisable), ou déjà effectuée (correcte/incorrecte). Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les indices prédictifs qui sont utilisés pour prédire la réussite cognitive appartiennent non au contenu des représentations (par exemple, à la récupération du sens d'un terme), mais à la rapidité avec laquelle elles sont activées et traitées, c'est-à-dire leur accessibilité, ainsi qu'à la cohérence de la prise de décision. Ces heuristiques déterminent entre autres la facilité (ou la difficulté) perçue d'un problème, la beauté ressentie d'une peinture, la clarté d'un raisonnement, ou la certitude d'avoir bien répondu. D'autres heuristiques exploitent des indices intéroceptifs de l'appareil respiratoire, circulatoire, digestif, ou endocrinien, ainsi que des indices posturaux et faciaux.

La fiabilité des sentiments métacognitifs dépend donc, en dernière instance, de la valeur prédictive des heuristiques inconscientes. Cette valeur prédictive est rendue possible du fait que le cerveau recalibre en permanence son degré de certitude ou d'incertitude ressenti en comparant ses prédictions aux résultats observés. Les études métacognitives ouvrent ainsi de nouvelles pistes pour mieux apprendre à apprendre, et pour calibrer de manière réaliste ses propres sentiments métacognitifs.

— Joëlle PROUST

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Joëlle PROUST. MÉTACOGNITION [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • APPRENTISSAGE, psychologie

    • Écrit par Daniel GAONAC'H, Jean-François LE NY
    • 5 939 mots
    • 2 médias
    – la possibilité de mettre en œuvre des stratégies d’apprentissage spécifiques en fonction des caractéristiques de la situation (on rejoint ainsi le champ très prometteur de la métacognition).
  • APPRENTISSAGE DE LA PRODUCTION ÉCRITE DE TEXTES

    • Écrit par Denis ALAMARGOT, Lucile CHANQUOY
    • 1 916 mots
    ...planification). C’est le début de l’accès à l’expertise, toutefois toujours contrainte par les ressources limitées de la mémoire de travail et l’étendue des connaissances métacognitives sur l’activité. Ultérieurement, la mise en place de stratégies de plus en plus expertes permet d’aboutir à des textes dont...
  • DÉVELOPPEMENT MÉTALINGUISTIQUE, psychologie

    • Écrit par Jean Émile GOMBERT
    • 1 036 mots

    Pour les psycholinguistes cognitivistes, les activités métalinguistiques constituent un sous-domaine de la métacognition qui concerne le langage et son utilisation. Ce sous-domaine comprend les activités de réflexion sur le langage ainsi que les activités de contrôle conscient et de planification...

  • MÉMOIRE CHEZ L'ENFANT

    • Écrit par Francis EUSTACHE
    • 2 454 mots
    ...à apprendre permet d’ajuster ses stratégies de mémorisation et juger plus précisément nos performances de rappel. Ce point souligne l’importance de la métacognition, c’est-à-dire la connaissance dont nous disposons sur nos propres processus cognitifs. Enfin, la consolidation des connaissances et des...
  • Afficher les 8 références

Voir aussi