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MÉTACOGNITION

La métacognition est l'ensemble des processus, des pratiques et des connaissances permettant à chaque individu de contrôler et d'évaluer ses propres activités cognitives, c'est-à-dire de les réguler. La métamémoire désigne la régulation de sa propre mémoire. Face à une question à laquelle on ne sait pas immédiatement répondre, on peut avoir l'impression soit de connaître la réponse, soit de l'ignorer. Supposons qu'une réponse vienne à l'esprit du sujet. Il peut avoir la certitude que c'est la réponse correcte, ou en être plus ou moins incertain. Les mêmes types d'anticipation de faisabilité d'une activité cognitive, et d'évaluation du résultat se retrouvent dans les autres domaines de la métacognition. Dans la métaperception, le sujet peut prédire s'il parviendra, par exemple, à discriminer une couleur ou une forme. Une fois la tâche acceptée, il lui faudra évaluer la correction de sa réponse perceptive. Dans le métaraisonnement, le sujet effectue le contrôle et le suivi de ses propres inférences. Il lui faut prédire sa capacité à résoudre un certain type de problème, et évaluer si le résultat qu'il obtient est le bon. Comment le sujet réussit-il à en juger ? Pour répondre à cette question, il faut revenir à la définition de la métacognition.

Métacognition procédurale et métacognition conceptuelle (ou réflexive)

On définit souvent la métacognition comme la capacité de réfléchir sur sa propre pensée. Le problème de cette définition est qu'elle est trop étroite. Elle ne s'applique qu'à une faible proportion des processus métacognitifs compris comme autorégulation par l'agent de ses propres états informationnels. Les êtres humains sont capables, dès l’adolescence, de prendre leur pensée pour objet de pensée, c'est-à-dire de catégoriser leur propre activité mentale, comme la perception d'une maison inconnue, ou encore l'effort de se rappeler le nom du voisin. Penser sur sa pensée suppose la maîtrise des concepts de perception, mémoire ou raisonnement, et leur application à des contenus qui varient avec le contexte. Cela implique de former des « métareprésentations », comme « je crois qu'il va sans doute pleuvoir » ou « je ne me souviens plus de ce que j'ai fait hier ». Mais, dans l'état actuel des connaissances, cette capacité paraît être l'apanage des humains, et suppose la maîtrise de ce qu'on appelle une « théorie de l'esprit ». On soutient parfois que les chimpanzés sont capables de métareprésenter leurs propres états perceptifs et ceux de leurs congénères, mais ce point reste controversé. La plupart des non-humains ainsi que les très jeunes enfants ne peuvent pas catégoriser leurs états mentaux. Par conséquent, ils ne peuvent pas « penser à leur pensée » de manière réflexive. Ils sont pourtant parfaitement capables, dès la prime enfance, de contrôler certaines de leurs activités cognitives.

De nombreux travaux expérimentaux montrent que les singes rhésus, les rongeurs et les dauphins, par exemple, peuvent évaluer l'acuité de leur perception ou de leur rappel mémoriel, lorsqu'ils ont à choisir ou décliner une tâche en fonction de leurs possibilités cognitives du moment. Les très jeunes enfants peuvent aussi, dès l'âge de deux ans, c'est-à-dire avant même de pouvoir parler, évaluer pratiquement ce qu'ils savent ou ont besoin d'apprendre de leurs parents. Cette forme « procédurale » de métacognition permet aux agents cognitifs de savoir comment contrôler leur perception, leur mémoire et, chez les jeunes enfants, de découvrir progressivement comment acquérir une information pertinente, sans pour autant juger qu'ils ont les états de pensée correspondants. Trois types de paradigmes expérimentaux sont utilisés pour tester la métacognition procédurale chez les non-humains[...]

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