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MÉSOPOTAMIE L'écriture cunéiforme

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La fin de l'écriture cunéiforme

L' alphabet consonantique, inventé au milieu du IIe millénaire, fut utilisé en Canaan et à Ugarit, mais il resta cantonné dans des travaux d'intérêt local. Il ne devint pas un véritable rival de la prestigieuse écriture cunéiforme ; rien n'indique une évolution, même lente, en ce sens. Le reflux vint d'ailleurs. Vers − 1190, toute la région fut bouleversée par des troubles internes et des invasions. Les scribes cunéiformistes, leurs écoles et leur culture partagèrent le destin de leurs employeurs et disparurent avec eux, sauf en Mésopotamie. Une fois sédentarisés, les nouveaux pouvoirs recommencèrent à écrire mais ils empruntèrent l'écriture de leurs voisins immédiats : les Araméens et les Israélites, l'alphabet des Phéniciens qui avait survécu à la tourmente, les Phrygiens, celui des Grecs. Puis l'aramaïsation gagna même la Mésopotamie ; là, langue et alphabet araméens entrèrent en concurrence avec le cunéiforme. Le royaume d'Urartu, en Anatolie orientale, avait certes adopté l'écriture mésopotamienne au moment de sa constitution au viiie siècle ; mais il disparut au siècle suivant, comme, un peu plus tard, l'Assyrie, détruite en 612. Restait alors la Babylonie seule.

Georg Friedrich Grotefend - crédits : AKG-images

Georg Friedrich Grotefend

Au vie siècle, les Perses, maîtres du Proche-Orient, prirent acte de la situation et choisirent comme moyen de communication pour leur empire celui qui l'était déjà dans la pratique : l'alphabet araméen. La Babylonie voyait son écriture perdre, de fait, son statut d'écriture d'État. La région elle-même entrait, en même temps, dans une irrémédiable décadence économique et démographique, ses terres salinisées, les courants internationaux d'échange ne passant plus par elle. À partir du ive siècle, le cunéiforme ne fut plus que l'écriture des vieux sanctuaires et de ceux, de plus en plus rares, qui les fréquentaient. Certes, ces foyers de culture traditionnelle résistèrent encore étonnamment longtemps, puisque la dernière tablette cunéiforme est datée de 75 de notre ère. Puis, eux qui brûlaient depuis trente-trois siècles s'éteignirent.

— Daniel ARNAUD

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (section des sciences religieuses) Paris

Classification

Pour citer cet article

Daniel ARNAUD. MÉSOPOTAMIE - L'écriture cunéiforme [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 05/07/2016

Médias

Écriture sumérienne archaïque - crédits :  Bridgeman Images

Écriture sumérienne archaïque

Écriture cunéiforme : naissance et évolution du signe «vase» - crédits : Encyclopædia Universalis France

Écriture cunéiforme : naissance et évolution du signe «vase»

Tablette cunéiforme, royaume d'Ougarit - crédits : De Agostini

Tablette cunéiforme, royaume d'Ougarit

Autres références

  • AKKAD

    • Écrit par
    • 2 890 mots
    • 3 médias

    Akkad (du sémitique Akkadû, forme à laquelle le scribe préférait Agadé) désigne à la fois une « ville de royauté » du IIIe millénaire avant J.-C. et la partie nord de la Babylonie. Du nom de la cité dérive le terme akkadien, qui sert à qualifier la dynastie royale d'Akkad, la population...

  • ALEXANDRE LE GRAND (356-323 av. J.-C.)

    • Écrit par
    • 6 470 mots
    • 5 médias
    ...était nombreuse et de valeur, manquaient désormais les mercenaires grecs, décimés au cours des précédentes batailles ou perdus dans de vaines aventures. Les deux armées se rencontrèrent en Haute-Mésopotamie, près du village de Gaugamèles, non loin de la ville assyrienne d'Arbèles (Erbil). C'était une vaste...
  • AMORRITES ou AMORRHÉENS

    • Écrit par
    • 728 mots

    Amorrites, ou Amorrhéen, est un nom de peuple que les orientalistes ont tiré du mot akkadien Amourrou, par lequel les Mésopotamiens désignaient la région située à l'ouest de leur pays et aussi ses habitants.

    Comme les Amorrites n'ont pas écrit leur langue, nous ne les connaissons que par...

  • ANTHROPOLOGIE ANARCHISTE

    • Écrit par
    • 4 849 mots
    • 3 médias
    ...processus d’apparition de l’agriculture sédentaire à partir du IXe millénaire avant notre ère, du moins dans l’exemple qu’il a choisi, celui de la Mésopotamie. Lui-même éleveur en sus de ses fonctions universitaires, il décrit le processus de formation d’une nouvelle socialisation, la domus...
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