SCORSESE MARTIN (1942- )
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- Écrit par Michel CIEUTAT
Une inépuisable création
C’est ce que confirme sa production tout au long des vingt premières années du xxie siècle. Après Gangs of New York, Scorsese continue d’alterner films de genre et œuvres plus personnelles, tout en sachant qu’il pourra compter sur son « fonds de commerce », le film criminel, s’il rencontre un grave échec. Aviator(The Aviator, 2004) est un film à caractère biographique (biopic), genre de nouveau à la mode, qui se penche sur la carrière du producteur et passionné d’aviation, Howard Hughes, entre 1927 et 1947. Le film couvre les aspects les plus connus de la vie du fougueux réalisateur du Banni (The Outlaw, 1943), ses amours avec Katharine Hepburn (assez mal interprétée par Cate Blanchett) ou Ava Gardner (Kate Beckinsale). Le rythme du film est à l’image du dynamisme de son protagoniste, parfaitement interprété par Leonardo DiCaprio. Doté d’un budget conséquent, Aviator ne rapporte que le double de sa mise.
Scorsese va donc assurer son avenir avec un film sur le milieu criminel, cette fois non plus new-yorkais, mais bostonien. Inspiré du thriller hongkongais Infernal Affairsd’Andrew Lau et Alan Mak (2002), Les Infiltrés (The Departed, 2006) montre le jeu du chat et de la souris que pratiquent des policiers infiltrés au sein d’un gang mafieux, dont le parrain (Jack Nicholson) est lié au FBI. La réalisation de Scorsese est comme toujours magistrale et ne laisse pas le moindre répit au spectateur. Le succès rencontré est encore plus phénoménal avec son film suivant, Shutter Island (2010), adapté du best-seller de Dennis Lehane. Scorsese y manipule son public avec maestria, louvoyant entre le suspense policier classique et le flou psychologique propre au jeu de rôle.
Fort de ses deux réussites successives, Martin Scorsese peut de nouveau œuvrer dans un domaine plus personnel.
Hugo Cabret, M. Scorsese
GK Films/ The Kobal Collection /Buitendijk, Jaap /Aurimages
Hugo Cabret (Hugo, 2011) est pour lui une nouvelle occasion de faire partager sa cinéphilie au plus grand nombre. Après ses hommages aux films de genre hollywoodiens – New York, New York,La Couleur de l’argent,Les Nerfs à vif et donc Aviator –, c’est au tour de Georges Méliès, le père du cinéma de fiction, d’être honoré par ses soins dans ce film pertinemment réalisé en 3D, et débordant de poésie. Mais ce regard nimbé de tendresse fébrile ne croise pas celui du public. Scorsese se tourne alors vers une histoire qui ne peut que l’intéresser, puisqu’elle décrit une ascension, suivie d’une chute conduisant à une sorte de rédemption. Celle, réelle, du courtier en bourse Jordan Belfort (brillamment incarné par DiCaprio), qui a fait la une des journaux en 1998 lorsqu’il fut condamné pour délit d’initié et blanchiment d’argent. Le Loup de Wall Street (The Wolf of Wall Street, 2013) est, à ce jour, la plus grande réussite de Scorsese au box-office et son premier film tourné en numérique (à son corps défendant). Fort de ce triomphe, le réalisateur peut alors s’offrir le luxe d’un film éminemment personnel, l’adaptation de Silence, un roman de Shūsaku Endō, écrivain catholique japonais, qu’il rêve de porter à l’écran depuis vingt ans. L’histoire de deux pères jésuites dans le Japon du xviie siècle, confrontés à la nécessité d’abjurer leur foi devant la cruauté des défenseurs du bouddhisme. Silence (2016), malgré la qualité de sa narration, l’excellent jeu d’Adam Driver et son style sobre, sera un gouffre financier.
Un cinéaste américain ne valant désormais que ce que vaut son dernier film, Scorsese revient donc à son image de marque première et met en chantier un vieux projet, l’adaptation des déclarations (très contestées) de Frank Sheeran, tueur à gages de la mafia, qui prétend connaître la vérité sur la disparition en 1975 de Jimmy Hoffa, patron du puissant syndicat des camionneurs. Un projet très coûteux, cofinancé par lui-même (Sikelia Productions) et ses fidèles amis, Robert De Niro (TriBeCa[...]
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Écrit par
- Michel CIEUTAT : enseignant-chercheur retraité de l'université de Strasbourg
Classification
Pour citer cet article
Michel CIEUTAT. SCORSESE MARTIN (1942- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )
Article mis en ligne le et modifié le 07/12/2023
Médias
Dirck Halstead/ Warner Brothers, Inc./ Collection privée/ Encyclopedia Britannica
Taxi Driver, M. Scorsese
Steve Schapiro/ Columbia Pictures/ MoviePix/ Getty Images
Hugo Cabret, M. Scorsese
GK Films/ The Kobal Collection /Buitendijk, Jaap /Aurimages
Autres références
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À TOMBEAU OUVERT (M. Scorsese)
- Écrit par Joël MAGNY
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Il n'échappe à personne que le plan final d'À tombeau ouvert (1999) est une pietà : le héros, Frank Pierce (Nicolas Cage), trouve enfin un moment d'abandon dans les bras de la bien nommée Mary (Suzanna Arquette). On sait le goût de Martin Scorsese et de Paul Schrader (le scénariste...
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CASINO (M. Scorsese)
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La légende demeure tenace, qui veut que le cinéma américain, s'adressant à un vaste public, repose sur des acquis éprouvés et laisse aux autres les risques de l'innovation. Casino dément à l'envi un tel cliché. Rarement narration fut plus éclatée, chronologie plus bousculée, mise en...
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- Écrit par René MARX
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Adapté du roman du journaliste David Grann La Note américaine (Killers of the Flower Moon: The OsageMurders and the Birth of the FBI, 2017), le film Killers of the Flower Moon (2023) de Martin Scorsese retrace l’histoire étrange et sinistre du peuple osage. Dans l’Oklahoma des années 1900, la manne...
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SHUTTER ISLAND (M. Scorsese)
- Écrit par Michel CIEUTAT
- 1 064 mots
Adapté du best-seller de Dennis Lehane (2003), l'opus de Martin ScorseseShutter Island (2009) agace et fascine. Il agace par son style survolté caractéristique non plus de la vive personnalité du cinéaste d'After Hours (1986), mais bien plutôt de l'impérieuse nécessité qui pousse aujourd'hui...
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