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RAYSSE MARTIAL (1936- )

Entre photographie et néon

La photographie, que Martial Raysse emprunte à la publicité ou à ses propres clichés, en rendant hommage à la beauté féminine, lui permet d'exploiter la mise à plat de la réalité qu'elle autorise. Ainsi naissent Souviens-toi de Tahiti (1963, Louisiana Museum of Modern Art, Humlebaek) – dans une vision idyllique de bord de mer, l'artiste intègre à la sérigraphie sur toile un parasol et un ballon – ou encore Ciné (1964, Museum moderner Kunst, Stiftung Ludwig, Vienne).

À la même époque Martial Raysse, en artiste prodige qui multiplie les audaces, découvre les possibilités offertes par le néon, dont il dit : « Le néon c'est la couleur vivante, une couleur par-delà la couleur... avec le néon, vous pouvez projeter l'idée de couleur en mouvement, c'est-à-dire un mouvement de la sensibilité sans agitation. » Avec le néon, il souligne les lèvres d'une femme (Peinture à haute tension [portrait d'ElaineSturtevant], 1965), et, dans le domaine de la sculpture l'associe à du plexiglas et du métal pour réaliser Encore un instant de bonheur (1965, Stedelijk Museum, Amsterdam). Au Stedelijk Museum d’Amsterdam, il conçoit l’environnement Raysse Beach (1962), où sont conjointement présentés ses œuvres utilisant le néon comme matière-couleurs, des objets manufacturés et la musique d’un juke-box. Sculpteur encore, il rend un hommage lumineux et vibrant à l'Amérique avec America, America (1964, Musée national d'art moderne, Centre Georges-Pompidou, Paris). Aux États-Unis, il devient très vite une des vedettes de la jeune avant-garde associée au pop art. De ce côté-ci de l'Atlantique, le Stedelijk Museum d'Amsterdam lui consacre une importante rétrospective en 1965, comme deux ans plus tard le musée des Beaux-Arts de Bruxelles. Il n'a pas trente ans. À partir de 1964, Martial Raysse réalise une série d'œuvres où l'image qui lui sert de support n'est plus celle de très jolies jeunes femmes mais celle de certaines grandes œuvres des musées comme le Bain Turc ou La Grande Odalisque d'Ingres (1964, Fait au Japon, Hirshhorn Museum, Washington), dont la peau est devenue d'un vert strident assorti de quelques plumes.

Dès cette époque, l'artiste, s'il inscrit son œuvre dans la modernité, n'en porte pas moins une attention particulière à la grande tradition de la peinture. En 1967, Martial Raysse découvre les nouveaux moyens audiovisuels ainsi que le cinéma, dont il dit : « J'ai donc utilisé les moyens du cinéma pour poursuivre un dialogue que je pratiquais grâce à la peinture... Le cinéma m'a permis de dépasser cet environnement statique pour y incorporer le mouvement, le son... » Il réalise plusieurs courts-métrages (Jésus-Cola, 1966 ; Homero Presto, 1967 ; Camembert Martial extra-doux, 1969) et un film, Le Grand Départ (1972), qui raconte l'histoire du chien Caïn qui abandonne une vie d'expédients pour s'installer dans une communauté paradisiaque.

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Pour citer cet article

Maïten BOUISSET. RAYSSE MARTIAL (1936- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MARTIAL RAYSSE (exposition)

    • Écrit par Didier SEMIN
    • 1 016 mots

    La rétrospective Martial Raysse, 1960-2014 qui s’est tenue, du 14 mai au 22 septembre 2014, au Centre Georges-Pompidou, à Paris, consacrait un artiste français désormais reconnu comme majeur, mais dont la carrière n’a pas été linéaire.

  • NOUVEAU RÉALISME

    • Écrit par Catherine VASSEUR
    • 2 608 mots
    ...rebut et du tableau, tout comme les assemblages de débris d'instruments de musique résultant des Colères d'Arman. Dans un registre plus léché, Martial Raysse conçoit – également à partir de 1960 – des Étalages illustrant son Hygiène de la vision, à partir d'ustensiles, de jouets et...
  • POP ART

    • Écrit par Bertrand ROUGÉ
    • 3 816 mots
    • 3 médias
    ...machines impersonnelles de Konrad Klapheck, les citations kitsch d'Enrico Baj peuvent être assimilés au pop art. Dans la France des années soixante, Martial Raysse et Alain Jacquet créent des œuvres authentiquement pop en employant des couleurs agressives et des citations mêlées des classiques, des...
  • RÉALISME RETOUR AU

    • Écrit par Jean CLAIR
    • 5 157 mots
    • 5 médias
    ...maintes confusions. Pourtant, au sein même de cette dernière, divers indices permettent de voir une évolution analogue à celle des autres pays. Le cas de Martial Raysse est ainsi proche de celui de Jim Dine. Seul artiste français pop à avoir acquis dans les années 1960 une réputation internationale, il subit...

Voir aussi