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MARI, site archéologique

La royauté et les dieux à Mari

Réputée avoir été la dixième cité à exercer l'hégémonie sur le pays de Sumer et d'Akkad après le Déluge, Mari fut un centre politique et religieux de tout premier plan, siège d'une royauté indépendante au moins pendant la ville II et la ville III.

Mari, miroir de l'évolution de la royauté mésopotamienne

Peinture dite de l'Investiture, Mari, Syrie - crédits : Musée du Louvre/ Studio Racault-M. Minetto

Peinture dite de l'Investiture, Mari, Syrie

On ne sait rien de la situation politique qui prévaut à l'époque de la ville I : c'est une des périodes les plus obscures de l'histoire du Proche-Orient ancien. On connaît mieux la situation au milieu du IIIe millénaire. Entre le monde syro-anatolien avec Ebla et le monde mésopotamien avec la métropole de Kish, Mari (ville II) était le siège d'un puissant État qui jouissait d'une position stratégique privilégiée dans le fragile équilibre multipolaire du Proche-Orient ancien. Cette situation l'exposait aussi aux convoitises de ses voisins qui ambitionnaient de s'imposer en Syrie, notamment Akkad puis Babylone, qui à deux reprises ont détruit la ville en 2300 et 1759 av. J.-C. Les rois de Mari n'ont cessé de rénover et développer le système de défense de la ville et de la portion de la vallée qu'elle contrôlait. Notre connaissance de ces souverains mariotes est très inégale. Grâce aux inscriptions et documents recueillis à Mari et aux textes d'Ebla, on identifie les cinq derniers rois de la ville II, notamment Ishgi-Mari, dont la statue vouée à Ishtar permit d'identifier la ville ; on dispose de la liste des Shakkanakku qui ont gouverné Mari de 2250 à 1810 avant notre ère. On connaît bien les trois derniers souverains amorrites présents dans les archives du palais : Yahdun-Lim, Yasmah-Addu et Zimri-Lim. L'exercice du pouvoir est profondément ancré dans le pacte qui lie dès les origines les souverains aux dieux (celui qu'on désigne dans les inscriptions comme le « Seigneur du pays ») et à des déesses, notamment Ishtar. La peinture dite de « l'investiture » célèbre le pacte entre le roi et la déesse Ishtar, qui lui remet l'anneau et le bâton. Ce pacte est destiné à assurer la prospérité d'un pays irrigué par les déesses aux eaux jaillissantes, qui étaient la condition indispensable, dans un milieu aussi hostile, à la sécurité alimentaire et à l'abondance que célèbre l'iconographie mésopotamienne.

Les rois et les dieux

Au cœur de la cité, se trouvaient les principaux monuments : le palais et le secteur des sanctuaires juxtaposés. Certains temples sont répartis de part et d'autre d'une grande rue qui semble trouver son origine le long d'un des principaux monuments religieux, le Massif rouge. Celui-ci était à l'origine une haute terrasse, pourvue d'un étage en retrait. Prototype des fameuses ziggourats postérieures, elle a été édifiée lors de la construction de la ville II. Elle dominait l'ensemble d'une ville résultant d'un véritable urbanisme maîtrisé. Accolé au Massif rouge se trouvait le sanctuaire majeur de la ville, dédié au « Seigneur du pays », une divinité dont l'identité reste incertaine. Il s'agit peut-être du dieu Dagan, qui était la divinité majeure de l'Euphrate.

Le complexe de la ville II fut détruit par les rois d'Akkad et remplacé par un nouvel ensemble situé à l'ouest du précédent, la vieille terrasse étagée étant pieusement conservée. Le nouveau sanctuaire, dans sa phase finale, était protégé par des lions en bronze et adossé à une vaste plate-forme à laquelle on accédait par une rampe.

On connaît à Mari une dizaine de sanctuaires, mais les textes en mentionnent bien davantage. La ville était un centre religieux majeur, dominé par ses hautes terrasses. Les dépôts de fondation ainsi que les inscriptions votives gravées sur certaines statuettes ont permis d'identifier quelques-unes[...]

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Écrit par

  • : professeur d'archéologie orientale à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, directeur de la mission archéologique française de Mari (Syrie)

Classification

Pour citer cet article

Pascal BUTTERLIN. MARI, site archéologique [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Cité de Mari - crédits : Encyclopædia Universalis France

Cité de Mari

Mari, ville II - crédits : Encyclopædia Universalis France

Mari, ville II

Centre monumental, ville II de Mari - crédits : Encyclopædia Universalis France

Centre monumental, ville II de Mari

Autres références

  • MARI AU MILIEU DU IIIe MILLÉNAIRE - (repères chronologiques)

    • Écrit par Jean-Claude MARGUERON
    • 196 mots

    Vers — 2550 Refondation de Mari après une éclipse de quelque deux siècles : naissance de la Ville II ; construction du temple d'Ishtar, à la périphérie de la cité.

    Vers — 2400-— 2350 ( ?) Première restauration vraisemblable du temple d'Ishtar.

    Vers — 2360 Passage...

  • AMORRITES ou AMORRHÉENS

    • Écrit par Gilbert LAFFORGUE
    • 728 mots

    Amorrites, ou Amorrhéen, est un nom de peuple que les orientalistes ont tiré du mot akkadien Amourrou, par lequel les Mésopotamiens désignaient la région située à l'ouest de leur pays et aussi ses habitants.

    Comme les Amorrites n'ont pas écrit leur langue, nous ne les connaissons que par...

  • CONSTRUCTION DU PREMIER EMPIRE BABYLONIEN - (repères chronologiques)

    • Écrit par Jean-Claude MARGUERON
    • 298 mots

    — 1822 Début du règne de Rim-Sîn, le dernier roi de Larsa qui tenta vainement de reconstruire, au profit de la Mésopotamie méridionale, l'ancien royaume de la IIIe dynastie d'Ur.

    — 1813-— 1776 Samsi-Addu construit le royaume de Haute-Mésopotamie centré sur la plaine du...

  • DAGAN ou DAGON

    • Écrit par Daniel ARNAUD
    • 334 mots
    • 1 média

    D'origine inconnue et resté étranger à la culture sumérienne, le dieu Dagan appartient surtout à la religion des anciens sémites. Son nom, qui pourrait signifier « grain », donne une idée médiocre de son importance : il est en réalité à la Syrie ce qu'est Enlil à la Mésopotamie : la...

  • EBIH-IL

    • Écrit par Jean-Claude MARGUERON
    • 223 mots
    • 1 média

    La statue d'Ebih-il, intendant du royaume mésopotamien de Mari, trouvée dans les ruines du temple d'Ishtar, est une œuvre exceptionnelle datant du milieu du IIIe millénaire (musée du Louvre, Paris). Taillé dans un très bel albâtre, le personnage, haut de 52,5 cm, est assis sur un tabouret...

  • Afficher les 13 références

Voir aussi