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PARROT ANDRÉ (1901-1980)

L’intendant Ebih-il, Mari - crédits : De Agostini Picture Library/ Getty images

L’intendant Ebih-il, Mari

Archéologue et conservateur de musée, né le 15 février 1901 à Désandans (Doubs), André Parrot, fils de pasteur luthérien se voulut lui-même d'abord pasteur, mais ses maîtres, Adolphe Lods et, à l'école du Louvre, René Dussaud, puis les dominicains de l'école archéologique de Jérusalem, surent le passionner pour l'archéologie orientale. Dès lors, à partir de 1928, il allait rapidement achever l'apprentissage du métier de fouilleur, pour s'imposer comme collaborateur puis successeur de l'abbé Henri de Genouillac à Tello, le site d'Iraq méridional qui avait apporté la révélation des Sumériens en 1877. Malgré les déprédations causées par les fouilleurs clandestins, il parvint à y faire la découverte inespérée de l'hypogée des princes de Lagash de la fin du IIIe millénaire avant J.-C. Après quoi, en 1933, il reçut mission d'explorer le site de la ville royale de Larsa, mais les circonstances l'obligèrent à y renoncer. La même année, une découverte fortuite allait le conduire en Syrie, sur les bords de l'Euphrate, où en quelques semaines le tell Hariri allait lui révéler son nom antique de Mari. Dès lors, la ville qu'il devait appeler avec justesse une « cité fabuleuse » allait être l'objet de la prédilection du jeune fouilleur, qui venait d'entrer au musée du Louvre où il allait mettre une passion égale à la défense des collections qui lui étaient confiées. Nommé conservateur adjoint en 1937, il donna ses premiers cours à l'école du Louvre : pendant trente ans, il fut un professeur à la fois rigoureux et brillant. Au lendemain de la guerre, il prit en main la direction du département des antiquités orientales du Louvre. En 1951, André Parrot peut reprendre les fouilles de Mari : achever d'explorer l'immense palais du roi Zimrihm, où il avait trouvé avant la guerre des milliers de tablettes cunéiformes du début du IIe millénaire, puis découvrir une série de temples plus anciens où gisaient de très nombreuses statues.

Entre temps, il avait inauguré la collection prestigieuse de L'Univers des formes, dirigée par son ami André Malraux, collection dont il publia les deux premiers volumes, Sumer (1960) et Assur (1961).

En 1963, son élection à l'Institut (Académie des inscriptions et belles-lettres) se trouva coïncider sensiblement avec le trentième anniversaire des fouilles de Mari et avec la découverte inattendue, sous le palais qui avait été exploré autrefois, d'un palais du milieu du IIIe millénaire, qui en recouvrait un autre, encore plus ancien. Dans ce palais « présargonique » il allait trouver l'année suivante, dans une simple jarre, un extraordinaire trésor groupant notamment des statuettes de déesses nues, en argent et en ivoire, d'origine probablement syrienne, un aigle en lapis-lazuli à tête de lion en or, d'origine probablement sumérienne, des sceaux-cylindres à décor mythologique et, enfin, une grande perle en lapis-lazuli, portant le nom du fondateur de la première dynastie d'Ur. Cette dernière pièce révélait les relations d'amitié, nouées vers 2450 avant J.-C., entre le potentat sumérien Mesannipadda et le roi de Mari, Gansud. Plus de trois cents tablettes cunéiformes remontant au IIe millénaire étaient également découvertes. Elles constituaient pour l’essentiel les archives économiques du roi de Mari, Iahdun-Lim.

Mais une mission nouvelle allait freiner les fouilles de Mari. Alors qu’il était déjà inspecteur général des musées, André Parrot reçut en 1968 la lourde charge, créée pour lui, de directeur du musée du Louvre. De ce fait, il accepta de ne consacrer aux fouilles que son mois de vacances administratives ! Mais un âge de la retraite n'avait pas encore été prévu pour les archéologues, aussi put-il retourner à Mari – sitôt dégagé de ses obligations directoriales[...]

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Écrit par

  • : inspecteur général honoraire des Musées de France, ancien conservateur en chef du département des Antiquités orientales du musée du Louvre

Classification

Pour citer cet article

Pierre AMIET. PARROT ANDRÉ (1901-1980) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

L’intendant Ebih-il, Mari - crédits : De Agostini Picture Library/ Getty images

L’intendant Ebih-il, Mari

Autres références

  • MARI, site archéologique

    • Écrit par Pascal BUTTERLIN
    • 4 506 mots
    • 8 médias

    « Si vous êtes dans la capitale du royaume de Mari, c'est une fortune incomparable. » Ces mots fameux adressés par l'orientaliste français René Dussaud à l'archéologue André Parrot en 1933 se sont avérés prophétiques et ont été le prélude à une des plus belles découvertes...

  • PEINTURE MÉSOPOTAMIENNE - (repères chronologiques)

    • Écrit par Jean-Claude MARGUERON
    • 350 mots

    VIIe millénaire avant J.-C. Les plus anciennes peintures murales ayant décoré l'intérieur de maisons ont été découvertes à Chatal Hüyük en Anatolie.

    Vers — 3000 Le côté du podium adossé au mur du temple de tell Uqair est orné de deux léopards peints.

    — 2000 Les...

  • SYRIE, archéologie

    • Écrit par Jean-Claude MARGUERON
    • 9 247 mots
    • 7 médias
    ...fouillés pendant cette période, il faut se porter très à l'est ; à la suite de la découverte fortuite d'une grande statue de facture sumérienne, André Parrot engagea en décembre 1933, à proximité de la frontière irakienne, la fouille de Tell Hariri qui recouvrait les ruines de Mari, célèbre cité...

Voir aussi