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KIRGHIZSTAN

Nom officiel

République kirghize (KG)

    Chef de l'État et du gouvernement

    Président : Sadyr Japarov (depuis le 28 janvier 2021). Président du cabinet des ministres : Akylbek Japarov (par intérim depuis le 12 octobre 2021)

      Capitale

      Bichkek

        Langues officielles

        Kirghize, russe

          Unité monétaire

          Som (KGS)

            Population (estim.) 7 254 000 (2024)
              Superficie 199 945 km²

                Histoire

                On peut remonter le fil de l'histoire kirghize au moins jusqu'au ier siècle avant notre ère. L'aire de peuplement des premiers Kirghizes se situait probablement dans la vallée du haut Ienisseï, en Sibérie centrale, et ils ont pu appartenir à la culture de Tashtyk (ier siècle av. J.-C.-ve siècle apr. J.-C.), mélange de peuples européens et asiatiques. Les sources chinoises et musulmanes des viie-xiie siècles de notre ère décrivent les Kirghizes avec des cheveux roux, un teint clair et des yeux verts (ou bleus). Leur image était celle d'un peuple de la forêt « septentrional » qui utilisait des skis et pratiquait le chamanisme. Au milieu du ixe siècle, les Kirghizes, qui étaient alors sans doute turcophones, dominèrent militairement l'empire ouïgour en Mongolie, mais ne s'y installèrent pas ; ils restèrent avant tout un peuple de la forêt. Selon la géographie persane Hudūd al-'ālam (982), les Kirghizes vivaient à la frontière des « terres inhabitées du Nord » ; le grammairien du xie siècle Mahmud al-Kāshgarī mentionne que leur langue était turque. Du fait de leur habitat reculé, les Kirghizes restèrent à l'écart des principaux événements de l'histoire de l'Asie intérieure, ce qui leur permit de survivre au déferlement mongol qui transforma complètement le paysage politique de cette partie du monde. En 1207, ils se soumirent au fils de Gengis Khan, Jöči. En agissant ainsi, non seulement ils échappèrent à la destruction, mais ils restèrent hors de portée immédiate de l'islam. À la fin duxvie siècle, le chamanisme était toujours florissant chez les Kirghizes.

                Aux xvie et xviie siècles, une grande partie des tribus kirghizes restantes vivaient dans le massif du Tianshan en tant que nomades, divisés en deux ailes (droite et gauche), même si l'avancée russe rencontra des vestiges de la branche kirghize du Ienisseï. En 1703, sous la pression des Djoungars (une tribu de Mongols occidentaux), les Kirghizes du Ienisseï émigrèrent au Semiretchié, mais les affrontements entre les deux peuples se poursuivirent jusqu'à la défaite du chef djoungar Amursana en Chine, en 1757. Au milieu du xviiie siècle, les Kirghizes furent intégrés, au moins en théorie, à l'empire chinois des Qing (Mandchous). Entre 1825 et 1830, ils furent vaincus par Muhammad ‘Ali, khan ouzbek de Kokand ; Pichpek (Bichkek), future capitale des Kirghizes, fut bâtie par ce khanat. Du fait de ces contacts, l'islam fut progressivement adopté par les Kirghizes les plus méridionaux, même s'il n'est resté qu'un vernis apposé sur la culture nationale.

                Entre 1835 et 1858, deux tribus kirghizes du Tianshan, les Sarybagysh et les Bugu, s'engagèrent dans une guerre fratricide au cours de laquelle les deux camps cherchèrent et obtinrent à tour de rôle l'aide des Russes et des Kokandiens. En 1855, les Bugu se soumirent délibérément aux Russes, et c'est à leur demande que ces derniers construisirent le fort d'Aqsou en 1863.

                Les tribus kirghizes entrèrent ainsi dans l'histoire contemporaine divisées, harcelées à la fois par les Russes et les Kokandiens. Les révoltes périodiques des Kirghizes méridionaux contre le khanat de Kokand au milieu du xixe siècle ne reçurent aucun soutien des Russes. En revanche, l'immigration russe sur leurs territoires, plus que la guerre, devint une menace réelle pour l'existence même des Kirghizes. Des paysans russes misérables fuyant la servitude et la famine s'approprièrent leurs pâturages d'hiver, les forçant à se réfugier dans les montagnes. Les colons russes leur enseignèrent bien quelques nouvelles techniques agricoles, mais dans l'ensemble leur impact fut tout simplement désastreux. En 1916, le mécontentement kirghize se manifesta brusquement par une grave rébellion ; celle-ci rencontra une répression brutale et durable, qui[...]

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                Écrit par

                • : anthropologue, chercheur à l'Institut français d'études sur l'Asie centrale
                • : professeur émérite d'études ouraliennes et altaïques, professeur d'histoire à l'université d'Indiana, Bloomington
                • : docteur en géographie, chargé de recherche au C.N.R.S., membre de l'U.M.R. 7528 Monde iranien et indien (C.N.R.S., Sorbonne nouvelle, EPHE, INALCO)
                • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

                Classification

                Pour citer cet article

                Universalis, Arnaud RUFFIER, Denis SINOR et Julien THOREZ. KIRGHIZSTAN [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

                Médias

                Kirghizstan : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

                Kirghizstan : carte physique

                Kirghizstan : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

                Kirghizstan : drapeau

                Les Tianshan, au Kirghizstan - crédits : Martin Zwick/ REDA&CO/ Universal Images Group/ Getty Images

                Les Tianshan, au Kirghizstan

                Autres références

                • KIRGHIZSTAN, chronologie contemporaine

                  • Écrit par Universalis
                • BICHKEK, anc. FROUNZE

                  • Écrit par Julien THOREZ
                  • 488 mots
                  • 2 médias

                  Bichkek, dénommée Frounze de 1926 à 1990, est la capitale du Kirghizstan, pays d'Asie centrale indépendant depuis 1991. Implantée sur le piémont septentrional du Tianshan (chaîne de l'Alatau kirghize) entre 700 et 900 mètres, dans l'oasis drainée par le Tchou, la ville est...

                • CEI (Communauté des États indépendants)

                  • Écrit par Marie LAVIGNE
                  • 3 693 mots
                  • 4 médias
                  – Les « partenaires loyaux ». Ce sont le Kazakhstan et le Kirghizstan. Ces deux pays ont établi en 1996 avec la Russie et la Biélorussie une « Union des quatre », complétée d'une union douanière à laquelle le Tadjikistan s'est associé en 1998. En octobre 2000 a été créée une « Union économique...
                • FERGANA

                  • Écrit par Pierre CARRIÈRE
                  • 404 mots

                  La dépression intramontagnarde de Fergana occupe 22 000 kilomètres carrés, dont 17 000 appartiennent à l'Ouzbékistan, le reste étant partagé de manière à peu près égale entre le Tadjikistan et le Kirghizstan. Dominée de tous côtés par de très hautes montagnes atteignant 4 000...

                • ISLAM (Histoire) - Le monde musulman contemporain

                  • Écrit par Françoise AUBIN, Olivier CARRÉ, Nathalie CLAYER, Universalis, Andrée FEILLARD, Marc GABORIEAU, Altan GOKALP, Denys LOMBARD, Robert MANTRAN, Alexandre POPOVIC, Catherine POUJOL, Jean-Louis TRIAUD
                  • 31 426 mots
                  • 12 médias
                  ...républiques socialistes soviétiques (RSS) ou fédérées, attribuées à des « nations » ( Azerbaïdjan, Kazakhstan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan, Kirghizstan), avaient par définition des frontières soit communes avec un pays étranger, soit maritimes. À un degré inférieur, sept républiques « autonomes...
                • Afficher les 9 références

                Voir aussi