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KENYA

Nom officiel

République du Kenya (KE)

    Chef de l'État et du gouvernement

    William Ruto (depuis le 13 septembre 2022)

      Capitale

      Nairobi

        Langues officielles

        Anglais, swahili

          Unité monétaire

          Shilling du Kenya (KES)

            Population (estim.) 51 563 000 (2024)
              Superficie 582 646 km²

                Le Kenya depuis l'indépendance

                La vie politique kenyane se caractérise par une grande stabilité. Contrairement aux pays voisins, le Kenya a évité les guerres civiles et les successions à la tête de l'État se sont déroulées pacifiquement. De plus, ses dirigeants ont toujours opté pour un capitalisme plus ou moins régulé par un État fort, ce qui a occasionné des périodes de prospérité économique. Ce relatif succès tient d'abord aux initiatives du premier président du Kenya, Jomo Kenyatta.

                Le contrat social institué par Jomo Kenyatta (1963-1978)

                Fort de son aura de héros de l'indépendance, Jomo Kenyatta réussit à imposer un régime politique doté d'une forte légitimité, qui se perpétue après son décès en 1978, mais sous des formes de plus en plus dévoyées. Il invente une forme de présidentialisme s'appuyant sur une bureaucratie préfectorale jouissant de pouvoirs étendus et organisant un système clientéliste de redistribution. Il s'agit d'une formule de compromis basée sur des alliances entre élites permettant une transition en douceur après la terrible guerre Mau-Mau des années 1950 qui a profondément divisé le pays.

                La gestion du pluralisme en dehors des partis politiques

                Comme les autres pays africains, le Kenya adopte rapidement après l'indépendance un régime à parti unique. Mais cette formule ne repose pas sur l'hégémonie d'une seule ethnie ou d'une élite unique. Cet autoritarisme encourage l'intégration nationale et organise un pluralisme compétitif qui se structure largement en dehors des partis politiques.

                Cette marginalisation des partis a commencé dès 1964 par l'absorption de la Kenya African Democratic Union (KADU) au sein de la Kenya African National Union (KANU). Le 12 décembre 1963, le Kenya a accédé à l'indépendance à l'issue des conférences de Lancaster House qui ont abouti à la Constitution dite « Majimbo » instituant une forme de fédéralisme inacceptable pour Kenyatta. En effet, les leaders des petites ethnies regroupés dans la KADU ont négocié avec les Britanniques une forte autonomie des régions censée sauvegarder leur survie politique contre la KANU, le principal parti nationaliste, perçu comme une entente entre les élites kikuyu, luo, kamba et gusii, qui représentent quatre des six plus importantes ethnies du pays. Les élections de 1961, comme celles de 1963, ont octroyé une large majorité à la KANU L'équipe dirigeante a eu ainsi les moyens d'inviter la minorité à partager les fruits de l'indépendance. Les principaux leaders de la KADU ont intégré progressivement la KANU « dans l'intérêt de l'unité nationale » et, en 1967, Daniel arap Moi, le très majimboiste chef des Kalenjin, est même élevé au rang de vice-président. Cette entente est d'autant plus facile que ces élites n'ont guère de désaccords idéologiques avec les sommets de l'État.

                Pour autant, au sein de la KANU, certains leaders souhaitent une évolution moins conservatrice du régime. L'option socialiste les séduit et ils demandent un partage plus équitable des terres, sujet sensible s'il en est dans un pays d'agriculteurs. Après l'indépendance, la plupart des fermes appartenant à des colons ont été accaparées par l'élite politico-administrative. Les petits paysans se sont rassemblés au sein de compagnies d'achat de biens fonciers, mais ces structures, souvent minées par la corruption, ont rarement eu accès aux meilleures terres. Dans ces conditions, la « faction Odinga » (du nom du leader luo – une ethnie importante de l'ouest du pays – qui la dirige) de la KANU peut séduire un large public. Mais elle se heurte à de graves difficultés (persécutions de la part des sommets de l'État) et elle quitte en mars 1966 le parti unique pour fonder la Kenya People's Union (KPU). En moins de trois années, le pouvoir démantèle progressivement cette[...]

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                Écrit par

                • : professeur de géographie à l'université de Bordeaux-III-Michel-de-Montaigne
                • : directeur de recherche, Fondation nationale des sciences politiques (C.E.R.I.)
                • : maître ès géographie
                • : maître de conférences en sciences politiques, université de Pau et des pays de l'Adour
                • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

                Classification

                Pour citer cet article

                Bernard CALAS, Universalis, Denis Constant MARTIN, Marie-Christine MARTIN et Hervé MAUPEU. KENYA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

                Médias

                Kenya : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

                Kenya : carte physique

                Kenya : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

                Kenya : drapeau

                Vallée du Rift, Kenya - crédits : 

The Image Bank/ Getty Images

                Vallée du Rift, Kenya

                Autres références

                • KENYA, chronologie contemporaine

                  • Écrit par Universalis
                • AFRIQUE (Histoire) - Les décolonisations

                  • Écrit par Marc MICHEL
                  • 12 424 mots
                  • 24 médias
                  Dans tous les autres territoires de l'Afrique de l'Est, la « question blanche » rendit les changements difficiles et douloureux. En 1952, le Kenya fut le théâtre d'une des plus importantes révoltes africaines contre la présence coloniale, connue sous le nom de révolte des Mau-Mau. Elle éclata chez...
                • AFRIQUE NOIRE (Culture et société) - Littératures

                  • Écrit par Jean DERIVE, Jean-Louis JOUBERT, Michel LABAN
                  • 16 566 mots
                  • 2 médias
                  À l'est du continent, la littérature de caractère ethnographique ou folklorique est représentéeau Kenya par John Mbiti, Grace Ogot ou Rebecca Njau, très sensible à la présence des forces surnaturelles. La longue guerre de libération du Kenya, conduite par les Mau-Mau, est célébrée par Godwin Wachira...
                • AUSTRALOPITHECUS ANAMENSIS

                  • Écrit par Brigitte SENUT
                  • 756 mots
                  Au cours de prospections menées pour le laboratoire de zoologie comparée de l’université Harvard, Bryan Patterson découvrait, en 1965, au sud-ouest du lac Turkana, sur le site de Kanapoi (Kenya), un fragment d’humérus d’un hominidé. Ce dernier était trouvé sous une coulée de basalte en surface...
                • AVORTEMENT

                  • Écrit par Universalis, Thomas HOCHMANN, Muriel ROUYER, Odette THIBAULT
                  • 6 833 mots
                  • 2 médias
                  ...Afrique, la Constitution somalienne l’interdit dans son article 15, sauf en cas de nécessité, en particulier pour sauver la vie de la femme ; celle du Kenya la prohibe sauf si la santé ou la vie de la femme est en danger, ainsi que dans les cas prévus par la loi. En France, la Constitution a été révisée...
                • Afficher les 27 références

                Voir aussi