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ROUSSILLON JEAN-PAUL (1931-2009)

Metteur en scène et interprète de plus d'une centaine de pièces, Jean-Paul Roussillon, sociétaire honoraire de la Comédie-Française, est décédé le 31 juillet 2009 à Auxerre, à l'âge de soixante-dix-huit ans, au terme d'une vie qui se confond avec le théâtre.

Né à Paris, Jean-Paul Roussillon est le fils d'un chanteur de caf'conc' à Bordeaux devenu souffleur, puis directeur de scène à la Comédie-Française. C'est là qu'il entame un parcours « des plus classiques », comme il le répétait. Il y est engagé comme pensionnaire dès sa sortie en 1950 du Conservatoire national supérieur d'art dramatique, lauréat d'un premier prix de comédie qu'il partage avec Michel Galabru.

Petit, fluet, enjoué, blondinet à l'œil vif et au visage rond, il est d'abord distribué, selon la sacro-sainte règle des « emplois », dans les rôles de valets et de jeunes premiers des comédies de Molière et de Marivaux. Très vite, sa palette s'élargit. Premier homme à interpréter le rôle de Poil de Carotte, jusqu'alors dévolu aux femmes, il excelle dans Feydeau, interprète Dostoïevski, Pirandello, Brecht, Beckett. Il sera un mémorable Estragon dans En attendant Godot, sous la direction de Roger Blin en 1978.

Devenu sociétaire en 1960, Jean-Paul Roussillon se lance deux ans plus tard dans la mise en scène en ressuscitant Le Retour imprévu de Regnard. Mais c'est à la fin des années 1960 qu'il s'impose en se confrontant à Molière. Marqué par le travail de Roger Planchon et sa mise en scène de Georges Dandin, il renouvelle le regard du Français sur son œuvre avec, successivement, ses mises en scène de L'Étourdi (1967), du Médecin malgré lui (1968), et, surtout de L'Avare (1969), qu'il repeint au noir.

Tout en poursuivant son exploration des œuvres de Molière avec Georges Dandin (1971), L'École des femmes (qui révèle Isabelle Adjani en 1972), Les Femmes savantes (1978), Tartuffe (1980), Jean-Paul Roussillon aborde des auteurs aussi divers que Jean-Claude Grumberg (Amorphe d'Ottenburg et Rixe, en 1971, Les Vacances, 1982), Sophocle (Œdipe Roi et Œdipe à Colone, 1972), Racine (Andromaque, 1974), Marivaux (La Commère, Le Jeu de l'Amour et du Hasard, 1976), Tchekhov (Les Trois Sœurs, 1979), Feydeau (La Dame de chez Maxim, 1981). De cette période, il gardera toujours un souvenir reconnaissant. C'est au Français, précisera-t-il, qu'il a appris son métier et en a mesuré les exigences : « réapprendre à marcher, à respirer, à savoir ce que l'on est. Le théâtre n'est pas naturel. C'est plus que du naturel ».

En 1982, cependant, il reprend sa liberté. Son physique s'est épaissi, son jeu s'est approfondi. Silhouette massive et allure bonhomme, visage buriné, il éprouve le besoin de rencontres et de personnages nouveaux. Quittant le Français, le voilà métamorphosé en raciste ordinaire à faire peur dans Y'a bon bamboula, de Tilly (en 1987) ; en paysan sauveur de juifs dans Zone libre de Jean-Claude Grumberg (1990) ; en Breton échoué au fin fond de l'Afrique noire dans Kinkali d'Arnaud Bedouet créé par Philippe Adrien (1997). Il sera également le père bouleversant d'amour et d'impuissance, condamné à abandonner son fils handicapé, dans Avis aux intéressés de Daniel Keene, sous la gouverne de Didier Bezace (2004).

Au cinéma, il est présent dans une cinquantaine de films. Mais, s'il tourne avec Julien Duvivier (Voici le temps des assassins, 1954), Joseph Losey (La Truite, 1980), Patrice Chéreau (Hôtel de France, 1987), Bertrand Tavernier (La Fille de d'Artagnan, 1994), ou Alain Resnais (On connaît la chanson, 1997), ces réalisateurs ne lui offrent que de petits rôles. Pour trouver des personnages à sa juste mesure, il lui faut attendre Jean-Francois Stévenin avec Mischka (2001)[...]

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Écrit par

  • : journaliste, responsable de la rubrique théâtrale à La Croix

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Pour citer cet article

Didier MÉREUZE. ROUSSILLON JEAN-PAUL (1931-2009) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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