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PAILLARD JEAN-FRANÇOIS (1928-2013)

Au début des années 1970, le débat avait été très animé. Face à face, Jean-Claude Malgoire, avocat passionné de nouvelles conceptions musicologiques, et Jean-François Paillard, irréductible défenseur de la tradition classique. Le premier chef d’orchestre était porté par la vague baroque qui allait submerger le monde musical et occulter la valeur du second, qui fut pourtant un pionnier. Oubliée l’importance du défricheur de partitions anciennes, ignorée la sobre qualité de ses interprétations, méconnu le succès inégalé d’une abondante discographie.

Jean-François Paillard naît le 12 avril 1928 à Vitry-le-François (Marne). Il fait à Dinan de sérieuses études classiques et scientifiques. Il obtient, en 1950, sa licence ès sciences mathématiques à la Sorbonne. Parallèlement, il travaille l’écriture musicale et découvre la direction d’orchestre avec Edouard Lindenberg à Paris, puis Igor Markevitch au Mozarteum de Salzbourg. En 1951, il remporte, dans la classe de Norbert Dufourcq, au Conservatoire de Paris, un premier prix d’histoire de la musique. Pendant son service militaire, il fonde en 1953 l’Ensemble instrumental Jean-Marie Leclair, qui deviendra, six ans plus tard, l’Orchestre de chambre Jean-François Paillard. Désormais, la vie du jeune chef se confondra, pour l’essentiel – il dirige épisodiquement d’autres ensembles, comme l’English Chamber Orchestra –, avec celle de la formation qu’il a fondée. Douze cordes – le poste de premier violon sera successivement tenu par Huguette Fernandez jusqu’en 1969, puis par Gérard Jarry – et un clavecin vont se faire, sous sa direction, les champions de la musique des xviie et xviiie siècles. Les compositeurs reconnus – Tomaso Albinoni, Antonio Vivaldi, Giuseppe Tartini, Johann Pachelbel, Jean-Sébastien Bach, Georg Friedrich Haendel, Joseph Haydn, Wolfgang Amadeus Mozart – trouvent grâce à lui, sur quelques œuvres phares, un nouveau et vaste public. Avec une grande audace pour l’époque, il s’avance sur des terres infiniment moins fréquentées avec un goût tout particulier pour la musique française. Qui donc, en dehors de lui, se hasardait dans des œuvres signées Jean-Baptiste Lully, Marc Antoine Charpentier, Michel Richard Delalande, André Campra, Jean Gilles, Jean-Joseph Mouret, Jean-Philippe Rameau, Joseph Bodin de Boismortier, Jean-Marie Leclair – dont les douze concertos sont enregistrés en première mondiale –, ou Michel Corrette ?

Dès 1953, Jean-François Paillard connaît le succès avec la publication d’un premier disque. Plus de trois cents albums – pour Erato, label qui naît en 1953 et dont il est le fleuron jusqu’en 1984, puis pour B.M.G., de 1986 à 2002 –, près de neuf millions de microsillons vendus, vingt-neuf grands prix du disque, quatre disques d’or… L’élite des interprètes français participe à l’aventure : Gérard Souzay (baryton), Maurice André (trompette), Lily Laskine (harpe), Jean-Pierre Rampal et Alain Marion (flûte), Marie-Claire Alain (orgue), Paul Tortelier (violoncelle), Jacques Lancelot (clarinette), Robert Veyron-Lacroix (clavecin), Georges Barboteu (cor), Paul Hongne (basson), Pierre Pierlot (hautbois), Anne Queffélec (piano), Jean-Jacques Kantorow (violon), Serge Collot (alto). Jean-François Paillard publie en 1960 un essai, La Musique française classique, qui illustre ses choix esthétiques, à mi-chemin des phrasés romantiques et des rythmes baroques. Rejetant l’usage d’instruments anciens (qui n'étaient alors que de médiocres reproductions), du diapason baroque (plus bas que la référence moderne) et des voix d’enfants malgré la faveur dont ils sont l’objet, il restera, envers et contre tous, fidèle à ses choix. Pendant plus de cinquante ans, il se produit dans le monde entier – on a pu dénombrer près de cinq mille six cents concerts –, étendant son influence jusqu’au Japon et aux États-Unis. Jean-François[...]

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Pierre BRETON. PAILLARD JEAN-FRANÇOIS (1928-2013) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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