FRAZER JAMES GEORGE (1854-1941)
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L'époque est venue de donner à l'œuvre de James George Frazer sa juste place. La gloire qui fut la sienne de son vivant précéda un discrédit excessif partagé par les anthropologues des générations suivantes. Si, en effet, les théories sur lesquelles Frazer s'appuie, en particulier l'évolutionnisme, ne sont plus recevables, il faut reconnaître à son œuvre un premier mérite : c'est d'avoir donné à l'anthropologie, qui était une discipline encore jeune, statut et notoriété. Le Rameau d'or révéla à une audience de non-spécialistes l'univers étrange et captivant des mythes, des rites et des croyances, écartés, voire refoulés, par la culture occidentale imbue de rationalisme. L'apport de Frazer ne se réduit pas à cet avènement. Il introduit un certain nombre d'outils conceptuels dont la récurrence dans maintes cultures avalise l'utilité : le roi divin, le dieu qui meurt, le transfert du mal, entre ciel et terre. Mais c'est probablement la double notion de magie homéopathique et contagieuse, fondée sur l'association des idées, respectivement par similitude et par contagion, qui constitue l'apport le plus important de Frazer à l'ensemble des sciences humaines. Le linguiste Roman Jakobson a retrouvé le même type d'opposition dans le langage et, en général, dans tous les processus symboliques (métaphore et métonymie). Il propose de l'étendre également aux lois de la formation du rêve découvertes par Freud (déplacement et condensation, d'une part, identification et symbolisme, de l'autre). C'est dire l'intérêt de ces deux notions, que n'ont pas ignorées des chercheurs aussi différents que Ludwig Wittgenstein ou René Thom.
De Platon à l'anthropologie sociale
James George Frazer naquit le 1er janvier 1854 à Glasgow. Sa famille, aussi bien paternelle que maternelle, était de souche écossaise et appartenait à la bourgeoisie aisée. Son père était animé d'une foi religieuse prof [...]
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Écrit par :
- Nicole BELMONT : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
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ANTHROPOLOGIE
Dans le chapitre « La construction de l'ethnologie » : […] Les introductions classiques assignent à la naissance de l'ethnologie des dates différentes ; certaines la font remonter à Hérodote, d'autres à Rousseau ou à Morgan. La référence à Hérodote s'explique par l'intérêt qu'il porta à la description des autres peuples, considérés toutefois comme des barbares ; la référence à Rousseau ne repose pas tant sur son mythe du bon sauvage que sur sa façon de […] Lire la suite
COUVADE
Rochefort, un observateur français des indigènes caraïbes des Antilles, baptisa « couvade », au xvii e siècle, un ensemble de rites accomplis par le mari pendant la grossesse, l'accouchement de l'épouse et la période post-natale. « Au même temps que la femme est délivrée, note Rochefort, le mari se met au lit, pour s'y plaindre et faire l'accouchée [...]. On lui fait faire diète dix ou douze jour […] Lire la suite
ETHNOCENTRISME
Dans le chapitre « Réductionnisme scientifique » : […] Par-delà les tentatives de répudiation ou d'assimilation, il existe un ethnocentrisme plus subtil qui, sous les formes du discours scientifique, soumet les donnés culturels autres aux catégories d'intellection produites dans la culture du locuteur. Dans ses Remarques sur « Le Rameau d'or » , Wittgenstein dénonce l'ethnocentrisme de Frazer : l'ethnologue britannique se proposait dans son ouvrage […] Lire la suite
FEU SYMBOLISME DU
Dans le chapitre « Éros et le feu » : […] Le symbolisme érotique est donné par toutes les images et métaphores qui font coïncider le feu et l'acte sexuel, la passion amoureuse ou simplement l'amour et l'affectivité. C'est la signification la plus vulgarisée, spécialement par l'iconographie et la littérature de l'Occident chrétien. Cependant, déjà dans la tradition gréco-latine, Éros-Cupidon, le dieu de l'Amour, est représenté très souve […] Lire la suite
INITIATION
Dans le chapitre « L'interprétation sociologique » : […] Les sociologues, pour leur part, ont d'abord mis en lumière les diverses fonctions de l'initiation tribale : faire passer les jeunes garçons de la domination féminine à l'autorité masculine, les intégrer au clan ou à la tribu (B. Laubscher) ; assurer le contrôle de la société organisée et la perpétuation des valeurs éthiques d'une génération à une autre (É. Durkheim) ; constituer, dans les société […] Lire la suite
MAGIE
Dans le chapitre « Théorie intellectualiste » : […] C'est à partir de la constatation de la magie directe ou naturelle que Frazer a développé sa théorie. Il distingue deux principes, qui correspondent à certaines lois de l'association des idées : le principe de similitude, qui veut que le semblable appelle le semblable, d'où le magicien conclut qu'il peut produire tout effet désiré par sa simple imitation (magie homéopathique ou imitative) ; le se […] Lire la suite
POLYGAMIE
Dans le chapitre « Un abus de langage » : […] L'erreur de Morgan est d'avoir pensé que la terminologie de la parenté exprime l'état réel des relations sexuelles et que le terme de père s'identifie à celui de procréateur. Comme le dit Robert H. Lowie, « la théorie selon laquelle tous les pères sont des procréateurs potentiels entraîne la conséquence parallèle que les mères, dont chaque Hawaiien possède une bonne douzaine, l'ont toutes conçu e […] Lire la suite
RITUEL
Dans le chapitre « L'approche fonctionnaliste » : […] Le rituel fait classiquement référence à des séquences d'actes ordonnés et prescrits, répétitifs, « expressifs et dramatiques », à des comportements standardisés qui, à première vue, ne peuvent être expliqués en termes de rationalité (de fins et de moyens) et qui semblent donc s'appuyer sur des représentations symboliques, c'est-à-dire, au sens de R. Needham, des représentations qui « tiennent lie […] Lire la suite
ROI DIVIN, anthropologie
Dans le chapitre « L'usage du modèle et ses principes » : […] On peut se demander si le choix de Richards est fondé, ne serait-ce qu'en raison de la nature des sollicitations religieuses qui visent le bien-être de la population. L'existence, chez les souverains, d'une double source de pouvoirs, l'une constituée par la détention de forces personnelles ou de moyens magiques, l'autre par un recours aux ancêtres et aux dieux, pose un problème : quelle part chacu […] Lire la suite
SACRIFICE
Dans le chapitre « Les théories sur l'origine et l'évolution du sacrifice » : […] E. B. Tylor voit dans le sacrifice un don intéressé aux esprits : do ut des. Lorsque la croyance aux dieux succéda à celle des esprits, le don intéressé fit place à l'hommage sans espoir de retour. Plus tard enfin, au lieu de choses matérielles, on fit offrande à Dieu de ses sentiments : le sacrifice devint renoncement. Certes, dans le sacrifice, on donne et en même temps on reçoit, remarque G. […] Lire la suite
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Pour citer l’article
Nicole BELMONT, « FRAZER JAMES GEORGE - (1854-1941) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 06 mars 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/james-george-frazer/