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INONDATIONS

Inondations et réchauffement climatique

Le menhir d'Er Lannic, dans le golfe du Morbihan, est riche d'enseignements. Érigé sur la terre sèche vers 4 000 ans avant J.-C., ce monument mégalithique montre aujourd'hui, à marée basse, une base couverte de goémon. On estime ainsi que le niveau de la mer est monté de 6 mètres depuis son érection.

En observant les colonnes du temple de Sérapis à Pouzzoles, à 12 kilomètres au nord-ouest de Naples, on peut remarquer, jusqu'à une hauteur de 3 mètres environ, les traces laissées par des mollusques marins lithophages, témoignant d'une ancienne immersion postérieure à l'époque romaine. Aujourd'hui, la mer est remontée, noyant de nouveau le pied des colonnes.

En 1991, un plongeur, Henri Cosquer, découvre dans une calanque marseillaise une grotte ornée, qui porte son nom depuis, par 40 mètres de profondeur. Les peintures préservées dans la partie supérieure et émergée de la grotte datent de 20 000 ans. À cette époque, au maximum de la dernière glaciation (des pingouins sont dessinés sur les parois), l'entrée de la galerie était située à 60 mètres au-dessous du niveau de la mer actuel.

Ces trois exemples, parmi bien d'autres, illustrent remarquablement une évidence : le niveau de la mer varie. Ces fluctuations peuvent être dues à des phénomènes géologiques (affaissement ou soulèvement du sol) ou à des changements climatiques. Ce sont ces derniers qui préoccupent actuellement.

L'effet de serre est dû à la présence, dans l'atmosphère, de certains gaz (comme le gaz carbonique et le méthane) qui absorbent et renvoient le rayonnement thermique issu de la Terre et réchauffent ainsi celle-ci. L'effet de serre est nécessaire ; sans lui, la température moyenne à la surface du globe serait de – 20 0C. En revanche, une augmentation de la teneur naturelle en gaz à effet de serre (GES) entraîne un réchauffement et donc des changements climatiques. Or les activités humaines sont productrices de ces gaz : les températures ont augmenté plus vite pendant les cent dernières années qu'au cours des dix mille ans précédents. Le niveau moyen des mers a monté d'environ 20 centimètres depuis 1900. Le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (G.I.E.C.) est parvenu à la conclusion dans son quatrième rapport en 2007 que l'on peut craindre une accélération de la montée des eaux avec le réchauffement océanique, soit une vingtaine de centimètres supplémentaires d'ici à 2050, 50 centimètres avant 2100, voire plus si la fonte des glaces continentales s'accélère.

La fonte de l'eau stockée sur la seule calotte glaciaire antarctique provoquerait une élévation du niveau des mers de 70 mètres, l'apport serait de 7 mètres pour le Groenland et de seulement 35 centimètres pour l'ensemble des glaciers de montagne. À court terme, un tel scénario catastrophique n'est pas à craindre. À plus long terme, en revanche, le risque d'une débâcle partielle de la calotte antarctique ne peut être écarté. Le déversement d'énormes icebergs dans les mers australes, comme ceux qui sont observés depuis le début des années 1990, pourrait causer une élévation de plus d’un mètre du niveau des mers, avant leur fonte éventuelle, de quoi recouvrir de nombreuses régions habitées. À ce processus s'ajouterait l'expansion thermique des océans, l'eau plus chaude occupant plus de volume que l'eau froide. De plus, même une montée limitée du niveau moyen de la mer augmente les risques d'inondations lors de surcotes liés aux cyclones ou aux fortes tempêtes.

Les incertitudes des modèles pour ce plus long terme sont trop grandes pour affirmer quoi que ce soit. Mais si les conditions actuelles ne varient guère, il est raisonnable de penser qu'à la fin du [...]

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Écrit par

  • : docteur en sciences de la Terre, concepteur de la collection La Science au présent à la demande et sous la direction d'Encyclopædia Universalis, rédacteur en chef de 1997 à 2015

Classification

Pour citer cet article

Yves GAUTIER. INONDATIONS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Les crues et le lit majeur des rivières - crédits : VMGROUP

Les crues et le lit majeur des rivières

Crue de fleuve à Francfort-sur-le-Main (Allemagne) - crédits : Fabian Sommer/ picture alliance/ Getty Images

Crue de fleuve à Francfort-sur-le-Main (Allemagne)

Les divers types de crues et les inondations dans le Gard en septembre 2002 - crédits : VMGROUP

Les divers types de crues et les inondations dans le Gard en septembre 2002

Autres références

  • INONDATIONS EN FRANCE

    • Écrit par Jean-Pierre CHALON
    • 1 371 mots
    • 2 médias

    Fin mai et début juin 2016, de nombreuses crues et inondations ont affecté une grande partie de l’Europe, provoquant dix-neuf morts et d'importants dégâts matériels en particulier en Allemagne, en France, en Belgique, en Suisse, en Autriche, en Moldavie et en Roumanie. En France, où l’on a enregistré...

  • ACCUMULATIONS (géologie) - Accumulations continentales

    • Écrit par Roger COQUE
    • 5 056 mots
    • 12 médias
    Toute cause susceptible de provoquer un ralentissement du flot entraîne un état de surcharge. Un cas banal est celui du débordement des crues dans le lit d'inondation. Le freinage provoqué par la diminution de la profondeur et le rôle de piège joué par la végétation arborée et buissonnante...
  • BANGLADESH

    • Écrit par Alice BAILLAT, Universalis
    • 8 418 mots
    • 9 médias
    ...la vitalité de ce réseau hydrographique sont source de vie autant que de mort. Si la fertilité des terres du Bangladesh dépend de la crue des fleuves, ses inondations endommagent les infrastructures (routes, bâtiments, réseaux de communication, digues) et fragilisent une population déjà vulnérable....
  • BHOLA (cyclone de)

    • Écrit par Jean-Pierre CHALON
    • 1 250 mots
    • 2 médias
    Au nord du golfe du Bengale, le Bangladesh et le Bengale-Occidental (un État de l’Inde) sont en grande partie occupés par le delta du Gange-Brahmapoutre et se trouvent régulièrement confrontés à d’importantes inondations, conséquences des débordements de ces fleuves, en particulier au moment...
  • CAMBODGE

    • Écrit par Philippe DEVILLERS, Universalis, Manuelle FRANCK, Christian LECHERVY, Solange THIERRY
    • 25 909 mots
    • 24 médias
    ...de plaines rizicoles, d'étendues d'herbes et de forêts en une paillasse brune, piquetée de palmiers à sucre. Lors de la saison des pluies, en revanche, l'inondation recouvre pour partie les meilleures terres. Le cours du Tonlé Sap, qui récupère habituellement le trop-plein des eaux des lacs et se jette...
  • Afficher les 33 références

Voir aussi