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KEW JARDINS BOTANIQUES DE

Le xviiie siècle voit se multiplier les initiatives royales en faveur des jardins botaniques : à Saint-Pétersbourg, Pierre le Grand installe un jardin botanique au centre de l'Académie impériale des sciences et, à Paris, Louis XV favorise, grâce à l'action de Buffon, l'essor et le rayonnement du Jardin du roi. Ce sont également des membres de la famille royale d'Angleterre qui, en 1759-1760, sont à l'origine de la création, au sud-ouest de Londres, des Jardins de Kew : la princesse de Galles Augusta et le troisième comte de Bute (considéré par Linné comme l'un des meilleurs botanistes de Grande-Bretagne). Le roi George III utilise ces jardins comme une démonstration de sa puissance : sans souci du coût, des plantes sont récoltées partout dans le monde et envoyées à Kew. Comme les envois par les voyageurs ne suffisent pas, des jardiniers sont formés puis dépêchés dans le monde entier pour compléter les collections aux frais de la couronne : Francis Masson se rend en Afrique du Sud (1789), James Smith et George Austin en Nouvelle-Galles du Sud (1789), William Kerr en Chine (1803), etc. Les grandes expéditions, comme celles de James Cook, permettent aussi de rapporter de nouveaux spécimens.

Au cours du xixe siècle, sous l'action d'une famille de prestigieux botanistes, les Hooker, les Jardins vont non seulement s'agrandir considérablement (ils passent de 30 à 109 hectares), mais aussi se doter de moyens de recherches propres, notamment par la création d'un immense herbier (il compte aujourd'hui 7 millions de spécimens). Dès lors, le rôle des Jardins de Kew est renforcé pour tout ce qui concerne l'exploitation des ressources floristiques des colonies, leur inventaire et la création des jardins exotiques expérimentaux, ceux-ci participant activement aux essais de plantations de caoutchouc, de thé, de café ou de quinquina. Leur notoriété est telle que les jardins d'essai, créés dans les colonies françaises durant la IIIe République, suivent le modèle élaboré par les responsables des Jardins de Kew.

Employant environ sept cents personnes, dotés d'un budget annuel de 56 millions de livres et attirant presque deux millions de visiteurs chaque année, les Jardins botaniques royaux de Kew sont aujourd'hui inscrits au patrimoine mondial de l'U.N.E.S.C.O.

— Valérie CHANSIGAUD

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Écrit par

  • : docteur en sciences de l'environnement, historienne des sciences et de l'environnement, chercheuse associée au laboratoire SPHERE, CNRS, UMR 7219, université de Paris-VII-Denis-Diderot

Classification

Pour citer cet article

Valérie CHANSIGAUD. KEW JARDINS BOTANIQUES DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CHAMBERS sir WILLIAM (1723-1796)

    • Écrit par Monique MOSSER
    • 712 mots
    • 1 média

    Théoricien, dessinateur de jardins, intime du roi George III, le fondateur de l'Académie, l'architecte anglais sir William Chambers fut investi des plus hautes charges. De longues études dans les grands centres artistiques de l'Europe des Lumières et de lointains voyages lui donnèrent une culture...

  • JARDINS BOTANIQUES

    • Écrit par Gérard AYMONIN
    • 3 442 mots
    • 1 média
    Les jardins de Kew, près de Londres, possèdent une très importante collection d'arbres et arbustes, issus d'un ensemble fondé en 1759. Mais une très riche plantation fut autrefois constituée en France : au milieu du xvie siècle, près du Mans ; R. du Bellay et le voyageur scientifique...

Voir aussi