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GROENLAND

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Les transformations récentes

Depuis les années 1960, le visage du Groenland s'est considérablement transformé : ces modifications tiennent à des facteurs proprement internes, mais l'ouverture progressive sur le monde d'une société qui, jusqu'alors, avait vécu dans un certain isolement, n'a pas été sans provoquer, en dépit (ou à cause) de l'œuvre remarquable accomplie par la puissance tutélaire, l'apparition d'un « malaise groenlandais » dont les manifestations les plus tangibles ont été les ravages de l'alcoolisme, la flambée des maladies vénériennes, le développement d'une littérature en langue vernaculaire ou la tentative de certains jeunes de résoudre leur problème d'identité par un retour aux valeurs esquimaudes non exempt de xénophobie ou de rejet de la civilisation européenne.

Cela dit, les deux phénomènes qui ont contribué fondamentalement à cette rapide métamorphose du Groenland sont l'explosion démographique et l'évolution des activités économiques.

La population a augmenté à un rythme soutenu jusque dans les années 1990, en raison d'un taux de natalité élevé (22,6 p. 1 000 en 1990), d'un taux de mortalité faible (8,4 p. 1 000) et d'une diminution spectaculaire de la mortalité infantile. La population du Groenland est ainsi passée d'environ 6 000 habitants en 1800 à 9 000 en 1850, 12 000 en 1900, 20 000 en 1950 et 55 385 en 1991. Depuis lors, le chiffre a peu varié, mais on enregistre toutefois une faible tendance à la baisse depuis 2010.

Les Danois représentent à peu près 11 p. 100 de la population. La densité hors inlandsis est de 0,16 habitant au kilomètre carré et la population se concentre à 75 p. 100 dans les petites agglomérations du littoral occidental, dont la plus importante, Nuuk, la capitale, ne comptait en 2013 que 16 500 habitants.

Il a fallu faire face aux conséquences de cette situation, c'est ce à quoi s'est employée la Grönlands Tekniske Organisation, organisme dépendant du ministère du Groenland et chargé de l'aménagement et de l'équipement du territoire, l'un des problèmes, et non des moindres, étant de fournir du travail aux nouvelles générations.

Pendant longtemps, en effet, les Groenlandais avaient subsisté de la chasse au phoque qui leur permettait de subvenir à la quasi-totalité de leurs besoins. Sous l'impulsion de la Kongelige Grönlandske Handel (K.G.H.), institution qui, depuis 1776, avait le monopole de l'approvisionnement et de l'exploitation des ressources de la colonie avant de passer en 1950 sous le contrôle du ministère du Groenland, ils développèrent, à partir de 1920, la pêche à la morue et puis, à partir de 1945, la pêche à la crevette, qui, relayée par celle des crustacés, du flétan et la congélation de filets de poisson, occupe désormais une place prépondérante et représente à peu de chose près l'unique ressource du pays (93 p. 100 de ses exportations en 2005). Le poids des prises atteint environ 200 000 tonnes dans les années 2010. La flotte groenlandaise comprend environ 450 bateaux de pêche, tous tonnages confondus.

Au crédit de la K.G.H., dont les activités s'exercent aussi dans les domaines des transports, de la poste et du commerce de détail, il faut ajouter le développement de l'élevage du mouton dans le sud de l'île et une tentative pour acclimater le renne dans la région de Nuuk.

Le Groenland possède d’importantes ressources minières. On y trouve des mines de fer au nord de Nuuk, du molybdène dans le nord-est de l’île, de l’uranium au sud, de l’or, des diamants, du charbon, du plomb, du zinc, de l’argent, du platine ou du nickel, etc. Leur exploitation, malheureusement, se heurte à des conditions topographiques et climatiques extrêmement défavorables et l'on peut dire que le territoire a plus promis[...]

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne, docteur d'État, docteur honoris causa de l'université d'Aalborg (Danemark)
  • : agrégé d'histoire, docteur ès lettres, professeur d'histoire moderne à l'université Pierre-Mendès-France, Grenoble
  • : maître de recherche au C.N.R.S.
  • : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Marc AUCHET, Jean Maurice BIZIÈRE, Jean CORBEL et Encyclopædia Universalis. GROENLAND [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le

Médias

Groenland [Danemark] : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Groenland [Danemark] : carte physique

Groenland, X<sup>e</sup>-XVII<sup>e</sup> siècle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Groenland, Xe-XVIIe siècle

Fridtjof Nansen - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Fridtjof Nansen

Autres références

  • DÉCOUVERTE DU GROENLAND

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