SEVERINI GINO (1883-1966)
Membre du groupe futuriste qui occupe une place à part dans la peinture italienne du xxe siècle. Le milieu artistique dans lequel évolue Gino Severini pendant sa jeunesse (1900-1906) était dans une impasse : la peinture des macchiaioli ne peut plus servir de référence pour les jeunes générations, et les premières tentatives impressionnistes ou divisionnistes dégénèrent en un académisme étroit. Severini, insatisfait, cherche ailleurs de nouvelles méthodes de travail. L'œuvre de Seurat semble avoir marqué sa production des années 1903-1906, Une rue de Porta Pinciana au coucher de Soleil (Via di Porta Pinciana al tramonto, 1903, coll. part., Rome), et cette influence se confirme en 1906 lorsque le peintre se rend à Paris où il peut étudier directement la technique du mélange optique et de la division du ton. L'Avenue Trudaine de 1908 (coll. part., Paris) témoigne de cette parfaite assimilation de la technique divisionniste. Quelques mois plus tard l'artiste, qui vit désormais en France, affine sa démarche et frôle l'abstraction tout en préfigurant le futurisme. À Paris, il est l'ami de nombreux artistes, Picasso, Apollinaire, et en 1913 il épousera la fille de Paul Fort.
Un tableau de 1909, La Danseuse obsédante (coll. part., New York), jette les bases de la future recherche de Severini. Les formes humaines sont déconstruites et recomposées selon un rythme qui obéit à des exigences purement plastiques. L'espace créé par l'art de la Renaissance et que Picasso avait déjà mis en question avec Les Demoiselles d'Avignon est définitivement abandonné par l'artiste italien.
Plus tard, Severini signera, en 1910, avec Boccioni, Carrà, Russolo et Balla le Manifeste de la peinture futuriste, acte qui marque son adhésion au mouvement italien. Les tableaux de 1910-1911 appartiennent à la lignée futuriste. Le peintre, à travers une série de lignes de force, tente d'exprimer le dynamisme des masses en mouvement : La Danse du pan-pan au Monico (musée national d'Art moderne de Paris, 1910-1912). Cependant, Severini, profondément influencé par le cubisme, ne limitera pas ses recherches à la représentation du mouvement. Il tentera d'unir la division analytique de l'élément figuratif et l'exploration de possibilités dynamiques inhérentes à ce même élément.
Son œuvre demeure un des témoignages les plus brillants des possibilités de recherches plastiques propres au futurisme.
Vers 1921 le peintre s'éloigne peu à peu du futurisme. Après s'être adonné à un cubisme synthétique proche de celui de Juan Gris, Severini revient à un art classique basé sur la figuration traditionnelle. C'est alors le début d'une longue série de décorations murales, peintures ou mosaïques : en 1922, des fresques au château de Montegufoni près de Florence ; en 1927-1928, la décoration de l'église de La Roche en France ; suivront plusieurs commandes pour d'autres églises en France et en Suisse. En 1953-1954, il exécute le décor de l'Exposition d'agriculture à Rome, puis ceux de plusieurs compagnies d'aviation. Dans le domaine de la mosaïque, il faut citer trois ensembles importants : la palais de Justice de Milan, la poste d'Alessandria (Piémont) et l'Université de Padoue.
L'œuvre de théoricien de Severini mérite d'être mentionnée ; dans une production abondante on retiendra Du cubisme au classicisme, Paris, 1921 ; les essais sur Manet et sur Matisse ; Ragionamenti sulle arti figurative (Milan, 1936) ; Arte indipendente, arte borghese, arte sociale (Rome, 1944), et enfin un dernier ouvrage publié en français à Rome en 1963, Témoignages : 50 ans de réflexion.
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Écrit par
- Charles SALA : professeur d'histoire de l'art à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
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