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GEORGES DE PODEBRADY (1420-1471) roi de Bohême (1458-1471)

Hussite de tradition, Georges de Podebrady est un nationaliste tchèque. Son arrière-grand-père avait repris l'usage de la langue slave dans sa famille, son père était le bras droit de Jean Žižka, général des troupes hussites contre l'empereur Sigismond, héritier du trône de Bohême. Georges ou Jiri grandit dans le tumulte des guerres hussites, menées par des troupes populaires mais bien entraînées. Il y acquiert une grande renommée comme chef de guerre et comme politique. Il devient très vite le plus important des nobles tchèques, lesquels accèdent à cette époque au pouvoir, en raison de la carence du pouvoir central.

L'empereur Sigismond meurt en 1437 ; son gendre, un Habsbourg, lui succède et disparaît très vite (1439), mais il reste un fils posthume, Ladislas. C'est le nouvel empereur, Frédéric III de Habsbourg, qui en est le tuteur. Il retient l'enfant à sa cour et tente de s'immiscer dans les affaires des royaumes de Hongrie et de Bohême dont hérite Ladislas. Les nobles hongrois lui préfèrent les Jagellon de Pologne et plus tard Jean Hunyadi, alors qu'en Bohême renaît la guerre civile entre catholiques et hussites modérés ou utraquistes. Avec ceux-ci, Georges de Podebrady s'empare de Prague (1448). Il est déclaré régent du royaume en 1452 à la « diète de saint Gall », après sa victoire sur les hussites taborites ou radicaux.

Il obtient de Frédéric III que le jeune roi vienne à Prague s'y faire couronner (1453) et visiter ses États. Quand celui-ci meurt à dix-sept ans (1457), les nobles tchèques, imitant les Hongrois, décident d'élire leur souverain : bien que la famille de Habsbourg ait revendiqué la succession de Ladislas, Georges de Podebrady devient roi de Bohême. A-t-il assassiné Ladislas pour prendre le pouvoir en Bohême et permettre à son gendre Mathias Corvin, le fils de Jean Hunyadi, d'être élu roi de Hongrie ? C'est peu probable, du fait de ses convictions religieuses. Pourtant de nombreuses chansons populaires l'ont raconté dans les pays catholiques voisins, rappelant aussi l'hérésie du roi et de la nation tchèque.

Le roi Georges est resté sa vie durant un fidèle utraquiste, défenseur des compactata de Jihlava (1436), par lesquelles le concile de Bâle avait accordé le libre exercice de leur religion aux Tchèques, catholiques ou utraquistes. Il essaye d'obtenir des papes la reconnaissance de ces textes : en échange, il offre la soumission de la Bohême. Il croit même en 1458, quand Aeneas Sylvius Piccolomini devient pape sous le nom de PieƒII, que c'est chose faite. Il l'apprécie, en effet, et sait que celui-ci l'estime beaucoup. Pourtant, Pie II déclare les hussites hérétiques en 1462 et se refuse à toute concession en matière doctrinale. D'autre part, les moines franciscains, comme Jean de Capistran, encouragent les provinces catholiques du royaume, telles la Silésie ou la ville de Breslau, à résister à l'autorité du régent, puis du roi.

Par des négociations sans cesse reprises entre les princes d'Empire, les Électeurs de Saxe et de Brandebourg, le comte palatin, les Wittelsbach de Bavière, Georges essaie de restaurer la paix. Il en a d'autant plus besoin que les Ottomans se font pressants dans la vallée du Danube (Varna, 1444 ; chute de la Serbie, 1459), et qu'il estime nécessaire la coalition des princes chrétiens pour les empêcher de progresser.

Il ne peut parvenir à réaliser celle-ci, et le pape PaulƒII demande au roi Mathias de Hongrie, avide de conquêtes nouvelles, d'intervenir en Bohême, avec l'empereur et les princes tchèques catholiques (1466-1469), pour y rétablir l'orthodoxie. Mathias attaque en Moravie, mais le roi Georges parvient à l'emporter après avoir été presque réduit à merci. Il meurt en mars 1471. L'archevêque de Prague, Jean Rokycana, le grand théologien hussite qu'il avait défendu[...]

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Écrit par

  • : archiviste-paléographe, conservateur à la Bibliothèque nationale de Tunis

Classification

Pour citer cet article

Anne BEN KHEMIS. GEORGES DE PODEBRADY (1420-1471) roi de Bohême (1458-1471) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne médiévale

    • Écrit par Pierre-Roger GAUSSIN
    • 14 136 mots
    • 7 médias
    ...héritier des titres et des biens de la maison de Luxembourg. Peu de temps après sa mort, le pouvoir effectif passa, en Bohême, à un seigneur tchèque, Georges de Podebrady, qui devint roi (1457-1471) et, en Hongrie, à un seigneur hongrois, Jean Hunyadi, dont le fils, Mathias Corvin, fut roi de 1458 à...
  • LADISLAS V LE POSTHUME (1440 env.-1457) roi de Hongrie (1444-1457) et de Bohême (1453-1457)

    • Écrit par Universalis
    • 378 mots

    Roi de Hongrie (1444-1457) et de Bohême (1453-1457), né le 22 février 1440 à Komárom, en Hongrie (auj. Komarno, Slovaquie), mort le 23 novembre 1457 à Prague, en Bohême (auj. Rép. tchèque).

    Fils unique de l'empereur germanique Albert II de Habsbourg, également roi de Hongrie et de Bohême,...

  • TCHÈQUE RÉPUBLIQUE

    • Écrit par Jaroslav BLAHA, Marie-Elizabeth DUCREUX, Universalis, Marie-Claude MAUREL, Vladimir PESKA
    • 18 252 mots
    • 3 médias
    ...(1437-1439), la minorité de son fils Ladislav le Posthume (1439-1457) permet aux grands barons calixtins d'imposer l'idée de l'électivité de la couronne. Georges de Poděbrady (1458-1471) est élu roi en 1458. Sous le règne de Vladislav Jagellon (1471-1516) et de son fils Louis, tous deux également rois de...

Voir aussi